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Au Japon, un ours brun enragé arpente les rues de Sapporo

Catégories: Asie de l'Est, Japon, Environnement, Média et journalisme, Médias citoyens

Ours bruns de l’Oussouri (aussi appelés ours bruns Ezo, ou encore grizzlis noirs) dans le parc aux ours de Noboribetsu, sur l’île japonaise d’Hokkaido. Ils n’appartiennent pas à la même sous-espèce que le grizzli et ne sont pas responsables des attaques du 17 juin 2021. Photo prise par brian [1], tirée de Flickr. Licence d’image : CC BY-SA 2.0 [2]

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en japonais, ndt.]

Le vendredi 18 juin, un ours brun a traversé un quartier de Sapporo, la plus grande ville d’Hokkaido. Il s’est introduit dans une base militaire, puis dans un aéroport, et a malmené quatre passants avant d’être abattu par des chasseurs locaux. L’incident illustre le nombre croissant d’interactions entre les ours et les humains au Japon.

Cet ours brun de l'Oussuri [3] [fr] est apparu aux informations nationales lorsque son errance à travers les quartiers nord et est de Sapporo [4] [fr], ville de deux millions d’habitants située au centre de la plus septentrionale des quatre principales îles constituant l’archipel japonais, a été filmé et diffusé en direct [5] à la télévision et sur internet.

(Certains médias ont ajouté un avertissement [6] lors de la diffusion sur YouTube, car des séquences montrent le plantigrade déchaîné attaquant des personnes.)

On nage en plein délire : un ours sauvage se balade en liberté à Sapporo et on a même des images le montrant en train de pénétrer de force dans une base militaire des forces japonaises d’autodéfense.

Un officier des Forces d’autodéfense (FJA) et un piéton souffrant d’une côte cassée se comptent parmi les quatre victimes [10]. Les deux attaques ont été filmées.

Après avoir traversé un quartier de banlieue et une base militaire, l’ours a rôdé [11] sur les pistes d’un petit aéroport local avant d’être abattu par des chasseurs [12]locaux [12] qui avaient été alertés. Plus tôt dans la journée, il avait été aperçu [13] devant un grand magasin de la ville.

Ce plantigrade ne constituait qu’une étrangeté parmi d’autres : un homme nu, un ninja, et un homme brandissant un couteau ont tous été signalés ce jour-là sur l’île d’Hokkaido.

~ Aujourd’hui à Hokkaido ~
Dès 3 heures du matin : un ours est signalé dans un lotissement de Higashi-ku (arrondissement de l’est).

10h00 – Un homme complètement nu (mais masqué) est repéré à Kita-ku (arrondissement du nord).

11h00 – Un homme brandissant un couteau est signalé à Shiroishi-ku (autre arrondissement de l’est).

Heure inconnue – Un ninja est aperçu sur le toit d’un immeuble.

IMPORTANT ! À Tomakoma (petite ville située à 70 km au sud de Sapporo), il y a environ une heure : véhicule signalé pour conduite dangereuse.

Le Japon abrite deux espèces d’ours, l’ours noir d’Asie (Ursus thibetanus) et l’ours brun de l'Oussouri (Ursus arctos lasiotus) ; ce dernier ne se trouve qu’à Hokkaido, une île à la population clairsemée, montagneuse et couverte de forêts, à laquelle ils sont depuis bien longtemps associés. Ils ont d'ailleurs donné naissance à l’une des légendes locales les plus effrayantes et horribles [16] [en] de l’île, et sont devenus l’une des attractions touristiques les plus étranges [17] [en] du Japon.

Ces animaux ne sont pas encore [18] [en] sur la liste des espèces en voie de disparition ; on en compterait entre 6500 et 10 000 [19] [fr] à Hokkaido. Les mâles peuvent atteindre une taille de 2m30 pour 500 kg [3] [fr]. Les ours sont omnivores et opportunistes ; des conflits avec les humains éclatent souvent autour des poubelles et dans les contrées autrefois sauvages où l’homme est désormais implanté.

Ces dernières années, les attaques d’ours seraient en augmentation [20] [en] au Japon, en partie à cause de l’exode rural inter-régional et du changement climatique. Ce dernier bouleversant l’écologie, les ours s’aventurent dans de nouvelles régions à la recherche de nourriture. En outre, la population japonaise est vieillissante, ce qui entraîne un déclin démographique [21] [en], notamment dans les zones rurales comme Hokkaido. Les plantigrades ayant moins l’habitude de l’homme, ils sont devenus moins craintifs et moins hostiles dans les zones où il s’est implanté.

Les signalements d’ours à travers le Japon avaient atteint en automne 2020 un nombre record en cinq ans [22] [en]. La diminution de l’activité humaine extérieure en raison de la pandémie de COVID-19 leur aurait permis d’accroître leur territoire. En 2019, 157 personnes à travers le Japon ont été attaquées et 6285 animaux ont été capturés, ce qui constitue un record sur ces dix dernières années.

Certains habitants d’Hokkaido ont appris à vivre avec les ours de l'Oussouri. À Shiretoko [23] [en], péninsule à la nature quasi-sauvage située sur la côte nord-est d’Hokkaido, ces animaux ont acquis une célébrité nationale [24] pour avoir présenté leurs petits aux pêcheurs locaux.

En 2017, une chaîne de télévision de Sapporo a diffusé un documentaire en deux parties portant sur les contacts étroits entre humains et ours dans cette région. La première partie est consultable ci-dessous ; la suite [25], en japonais, se trouve sur YouTube.