Une adolescente turque défie les stéréotypes du milieu sportif

Capture d'écran YouTube video d'un entretien avec Merve Akpinar à Ankara.

À Şanlıurfa, province du sud-est de la Turquie, une jeune handballeuse défie les stéréotypes et encourage les filles de son village et partout dans le pays à pratiquer des activités sportives. Dans un entretien avec la télévision locale de la capitale Ankara, Merve Akpinar, treize ans a déclaré [tur] : « Ils me laissaient à l'écart, quand j'ai commencé, ils disaient que je n'avais pas le droit de porter des shorts, ni de jouer avec les garçons parce que je suis une fille. Mais je leur ai demandé, pourquoi je ne peux pas jouer comme tout le monde ? Alors je me suis promis de changer la vie des filles de mon village. » Cette interview s'est rapidement propagée, entraînant le soutien de personnalités médiatiques et de clubs sportifs sur les réseaux sociaux.

L'adolescente a raconté aux journalistes avoir découvert le handball pendant sa cinquième année d'école. Elle a dû surmonter une forte pression sociale en sortant ainsi du cadre de ce qui est jugé approprié pour les filles, mais elle n'a pas abandonné pour autant son ambition de faire partie de l'équipe et de jouer. Le témoignage de Merve Akpinar est d'un intérêt primordial dans un pays où le combat féministe pour l'égalité [fr] est toujours un sujet brûlant [en]. Le milieu sportif n'est pas épargné par le problème des inégalités : une récente étude [en] montre que « le harcèlement sexuel, l'écart salarial, le manque de moyens engagés, une mauvaise représentation médiatique et l'influence familiale » figurent parmi les principaux freins à la pratique sportive des femmes turques.

Merve Akpinar, issue d'une fratrie de sept enfants, fait partie de l'équipe de handball depuis sa sixième année. Dans une interview [tur] pour Demiroren News Agency, elle déclare parler au nom de nombreuses autres jeunes filles du pays. « Je ne suis pas juste Merve. Je suis aussi la voix de Fatma, qui récolte du coton dans la région de Çukurova. Je suis la voix de Şemsi de Harran. Je suis l'espoir des filles. Je veux parler pour toutes les filles turques. Je pense que je peux changer les esprits. Beaucoup ont réussi à le faire. Si Dieu le veut, moi aussi, j'y arriverai. Je n'imaginais pas que ce que j'ai dit en interview attirerait autant d'attention. Si les filles le veulent, elles peuvent être encore meilleures que les garçons. »

Parmi ses fans, l'autrice Elif Şafak, ainsi que plusieurs clubs de football trucs lui ont témoigné de leur soutien sur les réseaux :

En Turquie, une adolescente de 13 ans explique, en larmes, qu'elle a été dénigrée & discriminée parce qu'elle est une fille, & qu'elle est déterminée à changer cette injustice. Tant de respect, profond, pour son talent, son courage, sa détermination. Bravo.

Tu es l'espoir de toutes les filles de Turquie. Nous sommes avec toi, et toutes les filles que tu inspires !

Avec ton courage et ton ambition, tu continues à être un espoir pour toutes les filles. Nous sommes aves toi.

Le club de football de Galatasaray s'est joint au chœur des soutiens, en twittant : « Tu nous rappelles une fois de plus que la magie de la vie, c'est l'espoir. Tu as galvanisé toutes les filles, Merve. Le courage, la détermination, la force et la conviction dont toi et toutes les autres filles faites preuve rend le sport encore plus beau. »

Inspiré par la détermination de Merve, le maire d'Ankara, Mansur Yavaş, a déclaré sur Twitter qu'il aidera à mettre en place le club de la jeunesse et des sports de Şanlıurfa, Enfants du Soleil, et ce, pour les enfants des deux sexes :

Inspiré par la détermination et le succès de Merve, nous nous apprêtons à mettre en place à Şanlıurfa le club de la jeunesse et des sports Enfants du Soleil, en jumelage avec EGO Sports Club. Nous pensons que la force et la conviction de Merve Akpinar sera une voix pour les toutes les femmes et un espoir pour leur avenir.

Dilek Kaya İmamoğlu, l'épouse du maire d'Istanbul, a félicité la jeune fille sur Twitter : « Même après s'être entendu dire qu'elle ne pouvait pas porter de shorts, qu'elle ne pouvait pas jouer et qu'elle n'y arriverait pas, Merve poursuit son rêve et a un message pour nous : “Je changerai la vie des filles dans mon village.” Très chères filles, je suis sûre que vous inspirerez des centaines, des milliers d'autres filles. C'est une chance de vous avoir. »

Aujourd'hui, la collégienne souhaiterait que son école ait une nouvelle salle de handball pour pouvoir s'entraîner avec son équipe. Interrogés par Demiroren News Agency (DNA), Ali et Emine Akpinar, ses parents, disent avoir toujours soutenu leur fille dans ses ambitions sportives. Dans un entretien avec les journalistes, son père déclare [tur] que l'interview de sa fille va changer l'avenir de toutes les jeunes filles. « Tout le monde devrait soutenir ses filles et leur donner une éducation. Je suis fermier, je n'ai jamais regardé un match de handball. C'est ma fille Merve qui m'a appris que ça se joue avec les mains. Tout le monde devrait avoir confiance en ses filles. Pourquoi ne pourraient-elles pas jouer au ballon comme les garçons ? »

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