Un cours de danse orientale dans une salle de gym pour femmes au Koweït fait scandale et provoque l'intervention du gouvernement

 

Plusieurs législateurs de l'Assemblée National du Koweït ont fait pression sur le gouvernement pour qu'il ferme la salle de fitness pour femmes. Photo du domaine public.

Cet article a été publié sur Raseef22, un média arabe indépendant le 13 août 2021. Une version révisée est en cours de publication dans le cadre d'un accord de contenu.

Le Ministère du Commerce et des Industries Koweïtiennes s'est empressé de fermer une salle de sport et de suspendre toutes les activités pour une durée indéterminée. Cette décision fait suite à une crise provoquée par des cours de danse orientale proposés par la salle de fitness, contre lesquels la population et les parlementaires ont manifesté.

Lors de déclaration exclusives à la chaîne américaine Al-Hurra, le manager de l'établissement a confirmé que le ministère l'avait officiellement informé de la clôture de son établissement le 9 août et que lui – et le reste de son équipe – faisaient l'objet d'une enquête. Le Ministère du Commerce et des Industries a en effet fermé la salle de sport un jour avant la date prévue, le 8 août sans même avertir le propriétaire.

La population d'Al-Jahar demande l'interdiction des cours de danse orientale dans les salles de sport pour femmes de la zone d'Al-Jahra. Ils désapprouvent cette activité qui est incompatible avec la société Koweïtienne, plus spécifiquement Al-Jahra.

À l'origine de cette crise, une salle de sport pour femmes « Viva Fit » située au nord de la zone d'Al-Jahra, berceau de nombreuses tribus conservatrices, a diffusé une publicité pour un cours de danse du ventre uniquement réservé aux femmes du 8 au 24 août pour un montant de 78 dinar koweïtiens (environ 219 EUR).

L'annonce a provoqué l'indignation générale, incitant plusieurs députés de l'Assemblée Nationale kowétïenne à prendre la parole au sujet de la nature de ces cours. Ils ont déclaré, qu'ils portaient atteinte aux valeurs koweïtiennes. Ces prises de parole ont forcé les autorités à annoncer la fermeture de la salle de sport et à ouvrir une enquête.

Les sources de médias koweïtiens ont déclaré que le Département de Contrôle Commercial du Ministère de Commerce  s'assurerait de la poursuite des procédures de fermeture.

Refus et défense

Derrière la décision de fermer l'établissement se cache la pression exercée par un certain nombre de parlementaires, dont le représentant Fayez Ghannam Al-Jumhour, qui a annoncé sur son compte Twitter :

J'ai appelé le Ministère du Commerce et des Industries, le Dr Abdullah Al-Salman, pour l'informer  de cette violation de la loi et de nos valeurs. Il m'a assuré qu'il intenterait les procédures judiciaires nécessaires contre le propriétaire pour éviter que de telles publicités soient de nouveau diffusées. Il a ajouté « Nous étions, nous sommes et – si Dieu le veut – nous continuerons à être un obstacle de taille face à ceux qui souhaitent détourner la société koweïtienne de sa religion, ses coutumes et traditions.

Pour leur part, de nombreux koweïtiens considèrent au contraire ces cours comme tout à fait « banals » et présents dans d'innombrables salles de sport du pays.

L'écrivaine et actrice koweïtienne May al-Eidan a tweeté en défense de la danse du ventre :

Franchement n'y a t-il pas de problèmes plus importants dans le pays que de clôturer un établissement qui propose des cours de danse orientale ? Quel est le problème ? Peut-être qu'elle a envie d'apprendre à danser pour faire plaisir à son mari, pour s'amuser avec ses amies à un mariage ou pour une autre occasion. Ce n'est pas parce qu'une femme apprend à danser qu'elle souhaite aller en boîte de nuit ou rendre visite à d'autres hommes.

Un autre opposant koweïtien à cette décision a écrit :

Une salle de sport de femmes…
Réservée uniquement aux femmes…
Comme toutes les autres salles de fitness au Koweït, proposant différents  cours y compris la danse orientale…
Quel est le problème ? Toutes les salles de sport pour femmes programment ces types d'activités, danse du ventre, zumba, hip hop etc… Pourquoi une telle discrimination ?

Selon les tweets de nombreuses koweïtiennes et certains médias locaux, les salles de fitness proposant des cours danse orientale  dans leur programme minceur et fitness ne se comptent plus. Cependant, ils doivent demander une dérogation pour pouvoir organiser ce types de cours.

Le directeur de la salle de fitness a expliqué au Journal koweïtien en ligne Jaridatkum que le cours au centre de toutes les controverses était censé être encadré et enseigné par des entraîneuses de fitness et être suivi exclusivement par des femmes.

Cet incident intervient peu après qu'un autre membre de la population apatrides du pays, également connus sous le nom de bédouines, a mis fin a ses jours. C'est le dernier en date d'une longue série qui reflète les décennies de frustration ressentie par les bédouines au regard de leur statut légal, situation aggravée par l'inactivité des responsables politiques.

Au sujet de ce drame, une internaute a tweeté :

Je suis surprise par la société civile koweïtienne. Ils sont outrés par des cours de danse dans un établissement réservé aux femmes mais pas par un musulman décidant de mettre fin à ses jours. #Priorité_aux_Bédouins.

Le Koweït abrite la seule assemblée librement élue du Golfe Arabe et possède le système politique le plus démocratique de la région.

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