Méfiance et changements constitutionnels marquent l'annonce des élections en Angola

Les élections de 2022 auront lieu en août mais suscitent déjà le débat parmi les Angolais

João Lourenço, président de l'Angola. Image : Wikimedia Commons CC BY-SA 2.0

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L'Angola se prépare à élire son prochain président en août 2022, au milieu de nombreuses controverses sur la loi électorale prévue. Le vainqueur de 2017, l’actuel président João Lourenço, devrait viser sa propre succession.

Les prochaines élections devraient marquer un moment de transition et de consolidation, étant donné que João Lourenço est devenu président après trente ans de règne de José Eduardo dos Santos, l'un des présidents resté le plus longtemps en poste au monde.

Ce dernier était connu pour son administration dure et autoritaire, marquée par des violations des droits humains et des restrictions à la liberté d'expression et à la liberté de la presse. Beaucoup de citoyens ont vu comme emblématique de son régime en général une affaire pénale de 2016, où les forces de police ont arrêté un groupe de militants et les ont détenus sous des accusations discutables. L'incident est connu [fr] comme l'affaire 15 + 2, faisant référence à la détention avant le procès de 15 des 17 militants arrêtés.

Les élections de 2022 auront lieu en août mais suscitent déjà le débat en Angola. La méfiance règne parmi les électeurs quant à la manière dont le processus a été géré, et aucun consensus concernant les récents amendements constitutionnels n'a été trouvé.

Les modifications apportées à la constitution de 2010 stipulent que les étrangers pourront voter aux prochaines élections, comme le rapporte le Jornal de Negócios.

En outre, les lois ont ouvert la voie aux élections locales et établi une période spécifique pour les élections générales. Enfin, la Banque nationale d'Angola n'est plus soumise à une surveillance partisane.

…esta revisão fica definida, entre outros mecanismos constitucionais, a fiscalização política do executivo pela Assembleia Nacional, e a universalização do direito de voto aos cidadãos angolanos residentes no exterior do país.

[…] Cette révision définit, entre autres mécanismes constitutionnels, le contrôle politique de l'exécutif par l'Assemblée nationale, et l'universalisation du droit de vote pour les citoyens angolais résidant hors du pays.

Mais, le 2 septembre, les partis d'opposition ont demandé au président João Lourenço de rejeter la ratification de cette loi et de la renvoyer à l'Assemblée nationale. Des représentants des groupes parlementaires de l'UNITA, de la CASA-CE, du PRS et du Bloco Democrático, ainsi que des parlementaires indépendants, l'ont qualifiée de « loi de fraude électorale et de corruption ».

Quelques jours avant la récente approbation, João Lourenço avait déjà garanti que les élections auraient lieu, afin de dissiper les soupçons d'une quelconque annulation.

Des partis d'opposition ont affirmé que les autorités avaient tenté de les intimider, de même que les militants qui protestaient pour la transparence des élections, comme dans ce cas signalé le 30 août :

Jovens manifestantes em Luanda queixam-se de terem sido impedidos pela polícia nacional de se concentrarem hoje defronte à Assembleia Nacional (parlamento), onde pretendiam “exigir justiça e transparência” na discussão das leis de alteração ao pacote eleitoral.

À Luanda, de jeunes manifestants se sont plaints d'avoir été empêchés par la police de se rassembler devant l'Assemblée nationale, où ils entendaient « exiger justice et transparence » dans le débat sur la modification de la législation électorale.

Dans une interview accordée à la Deutsche Welle, les jeunes militants se sont plaints des actions de la police ce jour-là :

A polícia está mais uma vez a interditar a nossa marcha, pretendemos chegar até ao portão sul da Assembleia Nacional para podermos efetivar a realização da nossa manifestação que visa exigir aos nossos deputados que votem uma lei justa que possa garantir eleições transparente no nosso país.

La police a une fois de plus bloqué notre marche, nous avons l'intention d'atteindre la porte sud de l'Assemblée nationale afin de pouvoir manifester et appeler nos députés à voter pour une loi équitable qui puisse garantir des élections transparentes dans notre pays.

En termes de stratégie, les partis d'opposition tentent de coopérer afin de présenter un front uni contre les élections de 2022, comme le rapporte VOA :

O maior partido da oposição, a UNITA, está neste momento a finalizar a formação de uma Frente Patriótica, com o Bloco Democrático e o projecto Pra-Já Servir Angola visando chegar às eleições de 2022 com um bloco unido face ao MPLA.

Le principal parti d'opposition, l'UNITA, finalise actuellement la formation d'un Front patriotique en compagnie du Bloco Democrático et du projet Pra-Já Servir Angola, dans le but de se présenter aux élections de 2022 avec un bloc uni contre le MPLA.

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