Entre deux frontières : passage interdit

Photo par Maciej Moskwa pour Political Critique. Utilisée avec permission.

Photo de Maciej Moskwa pour Political Critique. Reproduite avec son autorisation.

Cet article écrit par Nina Boichenko de Political Critique a été traduit par Victoria Roberts et  publié sur Transitions Online le 8 octobre 2021. Il est republié ici dans le cadre d’un partenariat de partage de contenu ; il a été édité pour être conforme au style de Global Voices.

La zone entre les frontières polonaise et biélorusse est devenue un point de chute pour les réfugiés depuis août 2021. La Pologne refuse de les laisser passer et s’évertue à les renvoyer en Biélorussie où les gardes-frontières ne veulent pas non plus les laisser revenir.

En septembre, Nina Boichenko s’est rendue dans le petit village d'Usnarz Gorny, à la frontière biélorusse, avant qu’il soit impossible de s’y rendre. Là-bas, trente-deux personnes originaires d’Afghanistan sont bloquées dans ce no man’s land, au milieu des bois. C’est l’histoire de ces individus et de la bataille que se livrent organisations des droits humains et gardes-frontières pour décider de leur destin.

« Ça ne rigole pas »

« Voici les téléphones satellites, vous devez les donner le plus vite possible », m’explique la propriétaire de l’appartement en désignant le paquet.

Nous sommes dans une pièce exiguë pleine à craquer d’affaires en tout genre. Un chat s’est trouvé une place sur un pull-over gris qui traîne par terre. Un autre se frotte contre ma jambe. La propriétaire prépare à la va-vite un sac de voyage tout en m’expliquant ce qui doit être donné et à qui. C’est la seconde maison à Varsovie chez qui nous nous rendons pour récupérer des affaires avant de rejoindre la frontière.

« Tenez, c’est prêt. Le plus important, c’est les téléphones – ce qui compte, c’est pouvoir être en contact avec eux ! Bon voyage et faites attention – ça ne rigole pas là-bas », nous avertit la propriétaire en refermant la porte à notre départ.

J’ouvre le coffre et je range les deux sacs à dos remplis de vêtements chauds et de téléphones satellites. Nous aurions dû partir quelques heures plus tôt mais avons été retardés suite à la demande des bénévoles de récupérer des affaires en chemin.

Il ne sera pas facile de donner les téléphones satellites : les gens dans la forêt sont encerclés par des gardes-frontières qui n’autorisent pas même les défenseurs des droits humains à les voir.

Nous nous mettons en route et rejoignons l’autoroute vingt minutes plus tard. Nous sommes cinq répartis dans deux véhicules ; il y a quatre heures de route entre Varsovie et la frontière biélorusse.

Contrôle aux frontières

Nous arrivons à Usnarz Gorny, dans la forêt près de là où ces trente-deux personnes ont échoué. La nuit tombe. Il ne nous reste plus que 10 kilomètres à parcourir. Une patrouille frontalière débouche en sens inverse et enclenche immédiatement sa sirène, nous signalant de nous arrêter. Nous nous garons. Après avoir vérifié nos documents, les gardes-frontière cherchent à connaître l’objet de notre visite et pourquoi nous voyageons dans des véhicules aussi grands (nos minibus pouvant accueillir de nombreux passagers).

« Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Vous roulez à bord de gros véhicules, on va vous surveiller de près. On s’est bien compris ?, déclare le garde en me regardant droit dans les yeux.
— Nous faisons juste notre travail, je réponds.
— Nous aussi, on fait notre travail », réplique le jeune homme tout en notant le numéro de nos plaques d’immatriculation, nos renseignements personnels et le kilométrage effectué.

Nous reprenons la route. Quelques minutes plus tard, nous arrivons au village. Nous nous arrêtons au niveau d’un magasin et une autre patrouille débarque. La même scène se répète.

Le garde-frontière nous pose la même question :
« Pourquoi avez-vous besoin de véhicules aussi grands ?
— C’est tout ce qu’on a.
— C’est dangereux ici. Vous feriez mieux de repartir, dit-il tout en notant nos renseignements.
— Ne vous faites pas de souci pour nous », je réponds poliment.

Je sors du minibus. Le petit village ne dispose de presque aucun éclairage public – il n’y a que la forêt tout autour. L’atmosphère est tendue. Encore récemment, seule une voiture passait par jour, mais désormais les patrouilles, les médias, les militants des droits humains sont partout et les habitants terrifiés.

Biélorussie

En réponse aux sanctions imposées par l’UE en Biélorussie en août, Minsk a déclenché une crise migratoire [en] entre les frontières polonaise, lituanienne et lettone.

Le plan est relativement simple. Minsk encourage ceux et celles qui veulent fuir leur pays à se réfugier en Biélorussie. De là, ils peuvent passer la frontière pour rejoindre la Pologne et être dans l’Union Européenne. En offrant son propre territoire comme zone de transit, le gouvernement biélorusse a créé un problème pour l’UE, mais une manne financière pour lui car même s’il est facile d’obtenir un visa pour la Biélorussie, ce dernier coûte cher.

Des groupes d’intérêt sur la version arabe de Facebook fournissent des informations pour s'y rendre. Les publications indiquent les prix et un numéro de téléphone à contacter. À leur arrivée à l’aéroport de Minsk, les personnes sont transportées à la frontière qu’elles doivent ensuite traverser seules. Certaines s'y rendent par leurs propres moyens. Le prix demandé varie de 100 $ à plusieurs milliers.

Pologne

Du côté polonais, les autorités mènent une politique illicite consistant à les repousser et s’obstinent à qualifier ces réfugiés de guerre de « migrants illégaux ».

Conformément à ces mesures anti-immigration, les patrouilles frontalières obligent les migrants et les réfugiés à retourner dans le pays qu’ils viennent de quitter. Cette politique est en violation directe avec les droits humains et la Convention de Genève.

Si un individu passe la frontière sans visa, il est en effet considéré comme un migrant clandestin. Cependant, si cette personne fait une demande d’asile, elle n’a pas besoin de visa. Dans ce cas, les services d’immigration sont dans l’obligation d’accepter sa demande et peuvent entamer des procédures de vérification. Tant que les autorités n’ont pas décidé d’accorder ou refuser le statut de réfugié, la Pologne doit fournir un logement temporaire, des vivres et de l’eau en vertu du droit international.

Pourtant, la position officielle des autorités polonaises est qu’il n’y a pas de réfugiés en Pologne. Seulement des tentatives illégales de traverser la frontière effectuées par des individus en possession d’un visa biélorusse et que le président Alyaksandr Lukashenka refuse de laisser revenir.

Par conséquent, les gardes-frontière polonais ne font qu’appréhender des réfugiés dans les villages et la forêt proches de la zone de démarcation et les refoulent en Biélorussie après avoir détruit leur téléphone afin de les empêcher de communiquer ou de filmer ce qu’il se passe.

Ils abandonnent les gens au milieu des bois ou près des gardes biélorusses qui les refoulent à leur tour. Et ainsi de suite, dans un cercle sans fin.

Militants et migrants

En parallèle, les organisations de défense des droits humains surveillent aussi la zone frontalière et essaient d’intercepter toute personne sortant de la forêt avant les gardes-frontière. Quand elles y parviennent, elles notent rapidement leurs informations personnelles ainsi que les circonstances de leur présence et échangent leur numéro de téléphone. Elles leur remettent aussi une procuration permettant au réfugié d’avoir le statut de client de l'organisation, ce qui signifie qu’il peut obtenir l’aide d’un avocat pour défendre ses droits. En théorie. Dans les faits, les gardes-frontière polonais ne permettent pas aux avocats d’entrer en contact avec leurs clients, détruisent les procurations et renvoient les réfugiés dans la forêt.

Organisations et militants communiquent à l’aide de mégaphones avec les personnes qui campent entre les frontières et s’efforcent de n’utiliser que des questions fermées. Parfois ils arrivent à communiquer, mais souvent les gardes-frontière perturbent les échanges en allumant leur moteur pour que plus personne ne puisse s'entendre.

Ce sont principalement des Afghans, des Irakiens, des Syriens et des Congolais qui essaient de rejoindre la Pologne – mais aussi des Somaliens, des Yéménites, des Égyptiens, des Camerounais et des Tadjiks – tous victimes de l’arnaque du président Lukashenka et de la haine des autorités polonaises à l’encontre des migrants.

En arrivant à la frontière (après avoir déboursé de grosses sommes), ces personnes ignoraient qu’elles servaient les intérêts de Lukashenka. Elles n’ont pas de vêtement chaud, pas de médicament, pas de nourriture. Elles n’ont aucun contact avec leurs proches et personne vers qui se tourner.

Elles boivent l’eau des ruisseaux marécageux qui coulent alentours et mangent ce qu’ils trouvent, des pommes ou du maïs.

« Les gens sont devenus leurs jouets »

Un groupe de jeunes traîne devant une supérette. Une enceinte est posée sur les marches et diffuse du rap alors qu’ils rient ensemble. Ce sont sans doute les rares personnes ici qui semblent détendues.

J’achète de l’eau et retourne à la voiture.

Deux journalistes débouchent du coin de la rue, échangeant bruyamment sur la situation actuelle à la frontière. L’un d’eux manque de rentrer dans une femme mais parvient à l’éviter de justesse.

Je m’approche d’elle et lui dis :
« Il y a trop de gens ici ces temps-ci, c’est bizarre, non ?
— Il y a beaucoup de monde. Je n’avais pas vu autant de personnes depuis des années, me répond-elle. La nuit, des hélicoptères font des rondes, éclairant les rues. C’est inquiétant de voir ces projecteurs.
— Effrayant ?
— Oui, c’est effrayant de voir qu’ils jouent avec les gens. Je ne sais pas qui a raison, je ne le saurai jamais. Je sais juste que les personnes dans la forêt sont leurs jouets, et ça, c’est inhumain. »

Une autre patrouille nous dépasse et ralentit. La femme semble sur ses gardes mais continue de parler :
« L’autre jour, j’ai entendu un coup de feu dans la forêt et mes jambes se sont dérobées. Je ne supporte plus cette tension. Est-ce qu’il est possible de résoudre ce conflit sans cruauté ?
— Peut-être.
— Mais ils vont le résoudre ?
— Je ne pense pas.
— Comment est-ce que cela va finir ?, murmure la jeune femme tristement. Quelle va être l’issue ? »

S’en laver les mains

Fin août, la Pologne a annoncé qu’elle aiderait volontiers la Biélorussie et fournirait aux réfugiés dans les bois tout ce dont ils ont besoin (en insistant sur le fait qu’il n’y a pas de réfugiés dans la forêt polonaise). Varsovie a affrété un camion chargé de tentes, de couvertures et de produits d’hygiène personnelle et a demandé au gouvernement de Minsk d’accepter leur aide. Le camion a atteint la frontière et attendu d’avoir la permission de traverser – pendant ce temps, les gardes-frontière polonais repoussaient les réfugiés vers la Biélorussie tandis que les Biélorusses les refoulaient dans l’autre sens.

Nous nous rapprochons de la frontière pour chercher le camion humanitaire. Après avoir longé pendant cinq minutes les files de voitures, nous le trouvons.

Le chauffeur flâne à côté du véhicule et a l’air de s’ennuyer. J’essaie d’entamer la conversation, mais il se précipite dans sa cabine en refermant vivement la portière derrière lui.

La Pologne sait pertinemment que la Biélorussie n’acceptera pas son aide. Mais l’important n’est pas d’aider, mais de faire un geste.

« En tant qu’être humain »

Il se fait tard et nous décidons de passer la nuit chez un habitant que nous connaissons. Nous décrétons que si l’un de nos véhicules se fait arrêter, l’autre continuera en essayant de ne pas attirer les gardes-frontière chez notre contact.

L’obscurité règne autour de nous. Nous roulons sur la route du village derrière la voiture de notre ami. Nous avançons lentement pour ne pas percuter d’animaux sauvages. Il y a beaucoup de chevreuils par ici. Une minute plus tard, les gardes-frontières déboulent à nos trousses. Ils enclenchent leur sirène et signalent que nous devons nous arrêter. Mes amis parviennent à s’échapper et nous nous garons.

Il y a quatre gardes-frontières. Deux d’entre eux portent un équipement complet : gilet pare-balles, masques et fusils d’assaut. L’un d’eux, qui ne porte pas de masque, est très jeune, la vingtaine. Un autre garde, plus âgé, nous demande nos documents que nous lui remettons.

« Où est le deuxième véhicule ? Il y en avait deux, demande le garde-frontière.
— Il a continué.
— Où allait-il ?
— Nous ne savons pas, nous les suivions.
— Pouvez-vous les appeler et leur demander où ils vont ?
— Impossible, nous n’avons pas de réseau. »

Le garde-frontière prend nos documents et rejoint son véhicule tandis que les deux autres, armés d’automatiques, restent au bord de la route. Nous entendons celui avec qui nous avons parlé transmettre nos renseignements par téléphone. Son correspondant n’arrive pas à l’entendre. Il n’y a vraiment pas de réseau ici, ou alors seulement du réseau biélorusse.

Il revient finalement avec nos documents.

« Je peux vous poser une question ?, je demande.
— Bien sûr.
— Qu’est-ce que vous pensez de tout cela ?
— C’est difficile.
— Difficile en tant qu’être humain ou pour votre travail ?
— En tant qu’être humain, répond le garde-frontière. Les conditions de travail aussi », ajoute-t-il après quelques secondes.

« Je ne sais pas quoi dire »

Après avoir pris congé des gardes-frontière, nous nous garons devant la maison de notre contact. Il n’y a aucun éclairage nulle part, la seule source de lumière provient de la maison qui est en pleine forêt. Le ciel est couvert et l’atmosphère humide. Tout est silencieux.

Un homme nous ouvre la porte. Il a un regard mélancolique dans un visage bienveillant. Dans l’entrée de sa chaleureuse maison, un chien blanc me lèche la main.

« J’ai emménagé ici il y a quelques années, parce que c’était calme et paisible. » nous explique notre hôte. « Il y a à peine une semaine, les gardes-frontière s’arrêtaient prendre le thé ici parce qu’ils s’ennuyaient. C’était des gens biens. Et à présent ils cognent contre la fenêtre de ma voiture avec leur fusil pour contrôler mes documents », continue-t-il tout en nous servant le dîner.

« Ils nous ont contrôlé quatre fois sur les dix derniers kilomètres. La dernière patrouille était plutôt sympathique. »

« Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ils exécutent ces ordres nazis. » En colère, l’homme pose un plat de pâtes sur la table. « Pourquoi forcent-ils des gens épuisés à grimper par-dessus des barbelés ? Pourquoi ne refusent-ils pas ? Après tout, ils ne seront pas poursuivis en justice s’ils refusent. La politique anti-immigration viole la Constitution. Ce qu’ils font est illégal. Ils ont prêté serment à la Constitution, pas aux autorités ! Pourquoi les hommes s’accrochent-ils à ce point à leur confort ? Pourquoi un salaire est-il plus important que la vie d’un individu ? Où s’arrête la frontière de l’humanité ?
— Je ne sais pas quoi vous dire.
— Moi non plus », répond notre hôte tout bas, en fixant le mur.

Le camp

Sept heures du matin. Le temps est légèrement brumeux et nos pieds sont déjà trempés par la rosée. Il fait froid.

Le camp des défenseurs des droits humains est devant nous : quatre tentes et une dizaine de véhicules.

Juste à côté, les gardes-frontière se tiennent en ligne et contrôlent l’accès à un groupe de réfugiés. Il y a encore quelques jours seulement, il aurait été possible d’approcher ce groupe, mais désormais les militants sont tenus à l’écart afin qu’aucune des personnes dans la forêt ne puisse être vue.

Photo par Maciej Moskwa pour Political Critique. Utilisée avec permission.

Photo par Maciej Moskwa pour Political Critique. Reproduite avec son autorisation.

Une membre d'une organisation de défense sort de sa tente, une tasse et un thermos fumant à la main.
« Nous avons des choses pour vous, je lui dis.
— Merci. Je vais les prendre maintenant.
— Comment ça se passe ici ?
— Il fait froid. Dans les bois ils sont tous malades. Beaucoup ont mal au ventre, sans doute à cause de l’eau. Il y a des marécages par ici. »

Les jours suivants, la militante, membre de l’organisation de défense polonaise des droits humains Bread & Salt, me raconte comment elle a trouvé une femme enceinte qui avait passé deux semaines dans les bois, ou un diabétique qui était tombé dans le coma – mais les gardes-frontière ont refusé de lui appeler une ambulance.

« Les gens nous ont montré les hématomes qu’ils ont parce qu’on les a frappés, ils nous ont dit qu’on avait lâché un chien sur eux. Mais quand ils ont dit aux Biélorusses qu’ils ne voulaient pas aller en Pologne et qu’ils voulaient partir, les gardes ont commencé à tirer à leurs pieds pour les forcer à y retourner », ajoute-t-elle.

À présent, nous longeons la frontière en voiture. Derrière le passage, la Pologne a déjà érigé une barrière de barbelés d’un mètre de haut. En août, l’Ukraine a donné à la Lituanie 38 tonnes de fil barbelés dans le cadre de l’aide humanitaire.

Je m’arrête à un endroit où la barrière est un peu tordue. Je regarde attentivement les lames acérées des barbelés pour voir si je peux trouver des traces de sang. Peu de temps après, des photos de jambes blessées ont commencé à tourner sur Internet. Et une semaine plus tard, les gardes-frontière biélorusses ont publié la première vidéo du corps mutilé d’une biche qui s’était empalée sur les barbelés.

Départs et arrivées

La route qui nous ramène à Varsovie est vide. Quelques jours plus tard, le gouvernement polonais déclarera l’état d’urgence [fr] et les militants, les médias et les organisations devront quitter la zone frontalière. Tout le monde devra partir précipitamment et avoir vidé les lieux avant minuit. Et la foule des militants se pressera pour partir tandis que policiers et soldats afflueront pour prendre leur place, les deux embouteillages se croisant.

Le jour même où l’état d’urgence sera déclaré, une manifestation éclatera à Varsovie. La population se rassemblera autour de la Diète – la chambre basse du parlement – en signe de solidarité avec les migrants et les réfugiés, tandis qu’un groupe de militants montera un camp et entamera une grève de la faim. Les policiers seront plus nombreux que les manifestants.

Les organisations uniront leurs forces en créant un groupe de surveillance unique pour continuer de filmer ce qu’il se passe à la frontière, dans les zones qui ne sont pas soumises à l’état d’urgence. Les militants se rendront dans les villages avoisinants pour expliquer aux habitants comment ils peuvent aider les réfugiés sans enfreindre la loi.

Ce n’est désormais plus qu’une question de chance

L’état d’urgence est toujours en vigueur dans la région autour d'Usnarz Gorny. Il ne reste aucun témoin. Tout le monde est parti. Seules subsistent des actions individuelles : des gens tombent parfois sur des gardes-frontière charitables qui acceptent de les laisser filmer ce qu’il s'y passe. Tantôt ils arrivent à traverser ou à obtenir de l’eau, tantôt on tire à leurs pieds. Désormais, tout n’est plus qu’une question de chance.

La nuit du 18 septembre, la température est tombée à 3 degrés Celsius, et, le lendemain, les services frontaliers polonais ont signalé les premiers morts : trois hommes originaires d’Irak.

Le même jour, les services frontaliers biélorusses ont découvert le corps d’une femme. Au niveau du poste frontière polonais, non loin de là où le corps a été signalé, les traces évidentes d’un corps qui aurait été traîné entre Pologne en Biélorussie sont visibles.

Le compte rendu de l’incident indique : « Entourant le corps, il y avait trois enfants, âgés de sept à quinze ans, ainsi qu’un homme et une vieille femme. Ils ont déclaré qu’on les avait obligés à marcher jusqu’à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, sous la menace d’une arme. »

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.