Bangladesh : le conflit homme-éléphant susceptible de causer l'extinction des éléphants

Asian Elephant in Inani Coxs Bazar

Éléphant d'Asie à Inani, Cox's Bazar. Image fournie par Syedabbas321 via Wikipedia, sous licence CC BY-SA 4.0.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages web en anglais.]

Les éléphants sauvages d'Asie peuplent le Bangladesh depuis plus de mille ans, mais leur population décline en raison d'un conflit de plus en plus important entre l'homme et l'éléphant dans le pays. Environ trois dizaines d'éléphants résidents et migrants ont été massacrés dans différentes régions du Bangladesh depuis janvier 2020, sept pour le seul mois de novembre 2021.

Le journaliste environnemental, Rafiqul Montu, a tweeté :

Sept éléphants ont trouvé la mort au Bangladesh au cours des deux dernières semaines. Les experts de la faune sauvage estiment que si la mortalité des éléphants se poursuit ainsi, cet animal en voie de disparition pourrait s'éteindre très rapidement au Bangladesh.
– Rafiqul Montu (@ri_montu) 20 novembre 2021

La population des éléphants sauvages est tombée à moins de 300, leur habitat se resserrant sous l'effet de la multiplication des implantations humaines dans les forêts et les collines.

La destruction de leur habitat entraîne leur extinction

En effet, selon la liste rouge des espèces menacées (Red List of Threatened Species) de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN, International Union for Conservation of Nature), l'éléphant est devenu une espèce en danger critique d'extinction au Bangladesh. Il y a seulement un siècle, ils étaient largement présents [pdf] dans les différentes forêts du Bangladesh. Durant la période coloniale britannique, les éléphants étaient capturés pour être dressés avant d'être envoyés au service des Zamindars ou pour rejoindre les troupes. Aujourd'hui, on recense des dizaines d'éléphants en captivité, principalement exploités dans l'industrie du bois, pour transporter le bois et pour certains être utilisés dans des cirques.

Le Bangladesh compte trois types d'éléphants : les éléphants captifs, les éléphants résidents et les éléphants de passage. Les éléphants dits migrateurs se concentrent dans les forêts proches des frontières indiennes, à Sherpur, Netrokona, Kurigram, Sylhet, Moulvibazar, et des frontières du Myanmar, dans les régions de Bandarban et Cox's Bazar.

Le Bangladesh fait partie des pays les plus densément peuplés du monde. L'augmentation des habitations a empiété sur les forêts et les collines, entraînant une diminution de l'espace disponible pour les animaux sauvages, notamment les éléphants.

Shahriar Shakir évoque [bn] dans un reportage vidéo disponible sur le portail en ligne bangla NewsBangla24.com :

শেরপুরের সীমান্তবর্তী গারো পাহাড় একসময় বিরাট এলাকাজুড়ে বিস্তৃত ছিল। ধীরে ধীরে তা সংকুচিত হয়ে এসেছে। পাহাড়ে আদিবাসীদের বসবাস থাকলেও নানা জায়গা থেকে মানুষ পাহাড় কেটে বসতবাড়ি গড়ে তুলছেন। বর্তমানে বন বিভাগের শত শত একর জমি দখলের কবলে।

একাধিক প্রজাতির হাতির দল বাংলাদেশ ও ভারতের পাহাড়ি এলাকায় বিচরণ করে। কিন্তু বাংলাদেশ অংশে হাতির আবাসস্থল মানুষের দখলে থাকায় নিরাপদে থাকতে পারছে না হাতি। স্থানীয় লোকজন হাতিকে নানাভাবে বিরক্ত করছেন। এতে নিরাপত্তাহীনতায় ভুগছে হাতি।

Les collines Garo situées dans le district de Sherpur, en bordure de l'Inde, étaient jadis très vastes. Peu à peu, elles se sont réduites à mesure que des personnes extérieures s'y sont installées, en plus des populations autochtones locales. Ces intrus rasent les collines et construisent des maisons. Actuellement, des centaines d'hectares de terres relevant du département des forêts sont occupés illégalement par ces individus.

Plusieurs espèces d'éléphants parcourent les régions montagneuses et migrent entre les frontières du Bangladesh et de l'Inde. Malheureusement, l'habitat des éléphants au Bangladesh se réduit suite à l'augmentation des implantations humaines. Les occupants harcèlent les éléphants et leurs espaces de différentes manières, les plongeant dans l'insécurité.

Parallèlement, les campements de réfugiés Rohingyas après 2016 ont gravement déstabilisé les deux principaux corridors empruntés par les éléphants à Bandarban et Cox's Bazar, aux frontières avec le Myanmar, les exposant ainsi à un réel danger.

Le conflit homme-éléphant

La présence de l'homme dans les espaces initialement habités par les éléphants a intensifié le conflit homme-éléphant dans le pays. Les éléphants cherchent de la nourriture tandis que les hommes veulent protéger leurs cultures et leurs maisons.

Les éléphants descendent [bn] jusqu'aux zones d'habitat humain en raison de la crise alimentaire dans les collines. Ils endommagent les cultures agricoles et les habitations. Les populations sont parfois terrifiées par les déplacements des éléphants.

Chaque année, plusieurs personnes sont tuées au Bangladesh lors d'attaques de troupeaux d'éléphants. Les mouvements des éléphants sauvages à proximité des habitats humains génèrent de la peur au sein de la population locale. Plus d'une dizaine d'éléphants meurent également chaque année du fait d'une intervention humaine : ils sont abattus, électrocutés [bn] ou chassés.

Le 6 novembre 2021, un troupeau de 18 éléphants sauvages a fait irruption dans des zones d'habitat humain dans le sud de Mithachari, quartier de Cox's Bazar, et cinq personnes, parmi lesquelles des agents forestiers, ont été blessées [bn] alors qu'elles les chassaient vers les forêts. Dans le district de Sherpur, au nord du Bangladesh, les villageois passent des nuits blanches [bn] pour protéger leurs vies et leurs biens. Ils éloignent les éléphants en battant des tambours, en faisant exploser des pétards et en allumant des torches, mais ces moyens ne suffisent pas à dissuader les éléphants affamés des collines de venir la nuit.

Plus tôt, en novembre 2021, sept éléphants au total ont été assassinés [bn] au Bangladesh, cinq d'entre eux ont été électrocutés et un a été abattu. Le journaliste Mostafa Yousuf a tweeté :

Bonjour, les amoureux de la faune sauvage et des animaux.
Aujourd'hui, un autre éléphanteau a été massacré à Cox's Bazar, dans le sud du pays. Je suis traumatisé et fatigué de constater la disparition de ce gentil géant. Le département des forêts et le gouvernement sont devenus des observateurs.
– Mostafa Yousuf (@mostafayousuf6) 21 novembre 2021

Plusieurs protestations ont été organisées à travers le pays pour réclamer l'arrêt des massacres. « Save the Nature of Bangladesh » (Sauvez la Nature du Bangladesh), a tweeté :

Une partie du rassemblement de protestation organisé par « Save The Nature Of Bangladesh » dans les locaux de Sreevardi Upazila situé dans le district de Sherpur pour dénoncer l'abattage brutal de 6 éléphants sauvages au Bangladesh en une semaine.
– Save The Nature Of Bangladesh (@SaveTheNatureBD) 16 novembre 2021

Le 21 novembre 2021, la Haute Cour du Bangladesh a ordonné aux autorités concernées de prendre des mesures rapides visant à mettre fin au massacre des éléphants. La cour a donné suite à la requête déposée par trois défenseurs de la faune sauvage visant à mettre fin au massacre des éléphants à Cox's bazar, Chittagong, Sherpur et dans d'autres régions du pays.

Mi Thu, utilisateur de Facebook a commenté [bn] :

বন্যপ্রাণীরা কখনও মানুষের জায়গা দখল করেনা। মানুষ বন্যপ্রাণীর জায়গা দখল করে তাদের হত্যা করে। মানুষ পৃথিবীতে সবচেয়ে অসভ্য জীব।

Les animaux ne conquièrent jamais les habitats des humains. Les humains envahissent les habitats des animaux et les tuent. Les humains sont les créatures les plus barbares de la planète.

Mostofa Firoz, professeur à l'université Jahangir Nagar et membre du groupe des experts des éléphants d'Asie, a déclaré dans une interview au Daily Kaler Kontho [bn] que les lois en vigueur dans le pays sont adaptées à la sauvegarde des éléphants. Cependant, il est essentiel de faire appliquer ces lois.

হাতি রক্ষায় আমাদের যে আইন আছে তা কিন্তু যথেষ্ট। কেউ হাতির আঘাতে মারা গেলে রাষ্ট্র তিন লাখ টাকা অর্থ সহায়তা দেয়। কেউ হাতি হত্যা করলে সর্বোচ্চ যাবজ্জীবন কারাদণ্ডের বিধান রয়েছে। এটি খুবই ভালো আইন।

Les lois en vigueur pour protéger les éléphants sont satisfaisantes. Si quelqu'un succombe à une attaque d'éléphants, l'État fournit une aide financière de 300 000 takas bangladais (3 490 dollars). Il y a même une disposition prévoyant une peine maximale de prison à vie pour le meurtre d'un éléphant. Ce sont de solides lois.

D'après Mostofa Firoz, il faut cesser l’empiétement de l'homme sur l'habitat des éléphants et les agressions systématiques. En outre, il faut redoubler d'efforts pour sensibiliser les gens. Il a également suggéré la création d'équipes spéciales de volontaires composées d'agents forestiers et de résidents locaux chargés de maintenir le calme au sein de la population des villages concernés et de veiller à ce que le déplacement des éléphants ne soit pas interrompu.

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