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Qui sont les athlètes africains en compétition aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022 ?

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Afrique Sub-Saharienne, Médias citoyens, Jeux Olympiques Londres, When athletics are political: The other side of Beijing 2022
"Air" by ChrisMRichards is licensed under CC BY-NC-ND 2.0

“Air” [1] par ChrisMRichards [2] sous licence CC BY-NC-ND 2.0 [3]

Alors que les Jeux olympiques (JO) d'hiver de 2022 ont débuté à Pékin, en Chine, le 4 février, des athlètes du monde entier y ont afflué pour participer à l'événement, l'Afrique ne faisant pas exception. Bien que la majorité des États du continent africain aient peu ou pas de neige, créant un environnement difficile pour l'entraînement olympique d'hiver, les athlètes africains relèvent le défi. Jusqu'à présent, aucun athlète africain n'a remporté de médaille aux JO d'hiver. Cette année est-elle l'occasion pour l'Afrique de changer la donne ?

Seuls cinq pays africains seront présents à Pékin cette année, une baisse par rapport aux huit pays qui ont participé aux Jeux de Pyeongchang en Corée du Sud en 2018. Contrairement à la programmation de 2018, l'Afrique du Sud, le Togo et le Kenya ne seront pas représentés faute de temps pour la qualification et par manque de fonds.

Voici les cinq pays africains et les athlètes hissant leurs drapeaux aux jeux cette année :

Madagascar 

Cette nation insulaire envoie Mathieu Neumuller [4] tandis que Mialitiana Clerc [5] revient pour ses deuxièmes JO d'hiver après ses débuts en 2018 à Pyeongchang, en Corée. Chacun d'eux participera aux épreuves de ski alpin. Clerc [6] est la seule skieuse du continent pour les Jeux de cette année après le forfait de la Kényane Sabrina Samider [7]. Clerc a déclaré [5] aux organisateurs olympiques qu'elle espère « inspirer les Africains », ajoutant :

J'essaie d'être la première femme [africaine] à monter sur le podium de la Coupe du monde et à ramener une médaille d'or aux JO. Je veux être l'un des meilleurs skieurs du monde du ski alpin. Et aux JO de Pékin, je veux être dans le top 40.

Clerc est née à Antananarivo, la capitale malgache, et a grandi en France. Elle a commencé à skier à l'âge de trois ans dans sa région natale de Haute-Savoie, sur les Alpes françaises. Grâce à son amour pour le sport et son courage, elle s'est qualifiée pour les Jeux de Pyeongchang 2018 à l'âge de 16 ans. Elle a également participé à d'autres compétitions de ski en Amérique du Sud et en Europe au cours des quatre dernières années. Son succès a servi de motivation à son compatriote, Mathieu Neumuller. Celui-ci est né à Madagascar, mais a également grandi en France.

L'Érythrée 

Shannon Abeda [8] participera à l'épreuve de ski alpin représentant l'Érythrée. Shannon revient pour ses deuxièmes JO après avoir subi [9] le racisme, la xénophobie et une vague d'abus en ligne lors de ses derniers matchs. Il avait démissionné et n'a cherché [10] à se qualifier qu'à la fin de 2021. Il dit qu'il espère inspirer la prochaine génération de skieurs érythréens. Il souhaite également s'éloigner du ski et commencer à participer à des compétitions de bobsleigh. Il a publié une vidéo intitulée « Dear Shannon » [11] sur Instagram à propos de son parcours avec pour but de se motiver à prendre part aux Jeux et à surmonter les abus auxquels il a été confronté en grandissant au Canada. La vidéo parle de sortir de sa zone de confort et de son choix de retourner aux JO une fois de plus. Il a attribué son choix à son système de soutien et à ceux qui l'entouraient.

Le Maroc 

Le Maroc sera représenté par Sami Lamhamedi [12], un skieur pour les épreuves masculines de ski alpin et de slalom. Il cherche à améliorer ses précédentes performances aux championnats du monde. Son père est marocain et sa mère est canadienne. Mais il a choisi de concourir pour le pays de son père. Il a remporté [13]l'or aux JO de la jeunesse d'hiver de 2012 à Innsbruck, en Autriche, et a ensuite représenté le Maroc aux JO d'hiver de 2014 à Sotchi, en Russie. Il espère améliorer ses apparitions seniors aux JO d'hiver de Pékin.

Le Nigeria 

Le Nigérian Samuel Ikpefan Uduigowme [14] participera à l'épreuve de ski de fond. Il est le premier skieur de fond nigérian et le seul représentant africain à ne pas participer à la compétition de ski alpin. Il a activé son changement de double nationalité française à la nigériane en 2016 et a été contraint de se rendre à Abuja, au Nigeria, pour convaincre la Fédération de ski de ses capacités. Il aide déjà à combler le fossé avec d'autres skieurs nigérians à l'étranger qui souhaitent représenter leur pays d'origine. Il espère attirer plus de skieurs nigérians aux JO de 2026 à Milan et Cortina.

Il a traversé un processus rigoureux de qualification pour les JO de 2021, car les autorités nigérianes l'ont fait venir au pays pour démontrer ses compétences en utilisant des skis à roulettes. Il s'est entraîné dans les Alpes françaises, où il a grandi. Il a également participé à la Coupe du monde en Suède en 2021 pour confirmer sa place, où il a fait ses débuts en ski de fond.

Ghana

Le Ghanéen Carlos Maeder [15] est le skieur alpin le plus âgé des Jeux et seulement le troisième skieur ghanéen. Ayant été adopté et élevé en Europe, il a cherché à représenter son pays de naissance.

Donner le bon exemple et montrer aux jeunes de Suisse et du Ghana qu'on peut tout faire avec la volonté et les efforts nécessaires, il n'y a pas de montagne assez haute !

À l'aide de son blog [17], il explique que bien qu'il ait été donné en adoption par sa mère, il est resté connecté à sa culture et à ses racines ghanéennes. Ancien footballeur, il a ravivé son intérêt pour le ski en 2017 et s'est qualifié pour les JO de 2018 bien qu'il n'ait pas concouru. Il a décidé d'y faire honneur en prenant part aux Jeux de cette année.

Sabrina du Kenya n'est pas  parvenue à obtenir de financement

La seule représentante du Kenya, Sabrina Samider [7], une skieuse qui aurait concouru en ski alpin pour ses deuxièmes JO consécutifs, n'a pas pu obtenir de financement [18] du Comité national olympique du Kenya (CNO-K). C'est une triste tournure des événements, car en 2018, le CNO-K l'avait financée et l'avait même accompagnée. Aucune explication n'a été donnée quant à la raison pour laquelle le CNO-K n'a pas pu obtenir son financement cette année.

L'histoire de l'Afrique aux JO d'hiver

Il y a six décennies, lors des Jeux de Squaw Valley en Californie en 1960, l'Afrique du Sud avait été le premier État africain [19] à représenter l'Afrique aux Jeux d'hiver. Un quart des athlètes africains étaient des patineurs artistiques, dont Marcelle Matthews, qui était la plus jeune participante aux Jeux à 11 ans. Elle a été rejointe par Patricia Eastwood, 12 ans, Marion ‘Penny’ Sage, 16 ans, et Gwyn Jones, 20 ans.

C'était la dernière fois que l'Afrique du Sud assistait aux JO d'hiver pour les 34 années successives, après avoir été initialement interdite de participation en 1964 en raison du refus [20] de la fédération nationale olympique de condamner l'apartheid. Finalement, le Comité international olympique (CIO) a expulsé les athlètes sud-africains pour protester contre l'apartheid et les politiques nationales de discrimination raciale. Depuis lors, 15 pays ont représenté l'Afrique aux JO d'hiver, soit environ 28 % des 54 pays du continent. 

Contrairement aux JO précédents où des équipes ont participé à l'épreuve de bobsleigh, cette année, tous les participants africains concourent dans des épreuves individuelles.

Ces participants font face à des défis uniques avec des opportunités de préparation limitées. La majorité [21] des skieurs ont des liens étroits avec des pays enneigés de l'hémisphère nord, comme la France, la Suisse et l'Allemagne. De nombreux Olympiens sont soit nés de parents d'origine africaine et européenne, soit adoptés par des familles européennes. D'autres ont quitté le continent pour des opportunités d'études ou de carrière et se faire former.

Ces défis représentent un facteur de motivation pour plusieurs skieurs. Pour les athlètes, ces JO sont l'occasion d'inspiration et d'encouragement des futures générations d'olympiens africains. 


 

Pour plus d'informations sur ce sujet, consultez notre dossier spécial Quand le sport est politique : l'envers de Pékin 2022 [22]