Vagues d'oppositions à l'exploitation minière en eaux profondes

Des écologistes et des activistes opposés à l'exploitation minière en eaux profondes ont participé à la #BlueMarch de Lisbonne. Photo Twitter de The Deep Sea Conservation Coalition

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.]

Des dirigeants du monde entier, des scientifiques, des défenseurs de l'environnement et des organisations de la société civile ont exprimé leur opposition à l'exploitation minière des grands fonds marins lors de la Conférence des Nations unies sur les Océans qui s'est tenue du 27 juin au 1er juillet à Lisbonne.

L'exploitation minière en eaux profondes consiste à creuser le sol des océans afin d'y prélever des minéraux rares tels que le manganèse, le cobalt, le cuivre et le nickel, qu'on utilise fréquemment pour les batteries, notamment celles des véhicules électriques. L'Autorité internationale des Fonds marins (AIFM), un organisme de l'ONU, prépare actuellement des réglementations dont pourrait se servir l'industrie minière en 2023. À ce jour, l'État insulaire de Nauru, dans le Pacifique, manifeste son intérêt à autoriser l'exploitation minière sur son territoire.

Mais les habitants du Pacifique sont aussi parmi ceux qui se sont toujours vivement opposés à ces extractions en eaux profondes en faisant référence à l'héritage colonial destructeur des tests nucléaires menés dans la région.

À la Conférence des Nations unies sur les Océans, les dirigeants des Palaos et des Fidji ont mené le lancement [fr] de l'Alliance des pays pour un moratoire sur l’exploitation minière des océans. Le Président paluan Surangel Whipps, Jr. a déclaré lors de l'événement :

We all have to make sacrifices and come together as nations to achieve the greater good for our planet and our people. We know that deep-sea mining compromises the integrity of our ocean habitat that supports marine biodiversity and contributes to mitigating the impacts of climate change.

Nous devons tous faire des sacrifices et nous unir en tant que nations pour le plus grand bien de notre planète et de nos peuples. Nous savons que l'exploitation minière en eaux profondes met en péril l'intégrité des milieux océaniques qui abritent une biodiversité marine et contribuent à atténuer les impacts du changement climatique.

La résistance à l’‘#exploitation minière en eaux profondes prend une grande ampleur à la #UNOC22 ! Hier, @Surangeljr a appelé à une Alliance des pays pour suspendre l‘#exploitation minière en eaux profondes, aujourd'hui la MPE française @marietouss1 a lancé un Appel parlementaire international pour un Moratoire https://t.co/zlNf1WyljN pic.twitter.com/03wjjpbaNP

— DSCC (@DeepSeaConserve) 28 juin 2022

Le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama a ajouté :

If allowed to go ahead, mining will irreversibly destroy ancient deep sea habits and impact those who rely on the ocean for their livelihood.

Si nous l'autorisons, l'exploitation minière détruira de façon irréversible les habitats ancestraux des profondeurs et aura un impact sur ceux qui dépendent de l'océan pour leur subsistance.

Les Fidji ont rejoint l'Alliance pour un moratoire sur l‘#exploitation minière en eaux profondes, car nous refusons de détruire ce que nous ne comprenons pas.

Nous ne pourrons pas remplacer les potentielles découvertes que l'exploitation minière des fonds marins réduirait en poussière –– nous devons privilégier la connaissance et #défendre les profondeurs.

— Frank Bainimarama (@FijiPM) 27 juin 2022

Le gouvernement fidjien a prévenu que l'exploitation minière en eaux profondes mettra « davantage en péril » la vie des gens « qui souffrent déjà des catastrophes provoquées par le changement climatique. »

Lors d'un événement indépendant de la conférence, le Président français Emmanuel Macron s'est également déclaré opposé [fr] à l'exploitation minière en haute mer, bien que la France ait un contrat d'exploration avec l'AIFM. L'émissaire américain pour le climat a réclamé plus de recherches [fr] sur l'impact de l'exploitation minière des fonds marins. Dans une lettre remise début juin à la Réunion des États parties à la Convention des Nations unies sur le Droit de la Mer, le Chili a appelé à un moratoire de 15 ans sur l'adoption d'une réglementation qui autoriserait l'exploitation minière en eaux profondes.

Arlo Hemphill, le responsable de la campagne Océans de Greepeace, a constaté l'opposition croissante à l'exploitation minière des fonds marins :

The wall of silence is finally being shattered as countries begin to speak out against the destructive deep-sea mining industry, which would put the health of the ocean on which we all depend and the lives and livelihoods of billions of people living in coastal communities at risk.

Le mur du silence se brise enfin à mesure que les pays commencent à s'exprimer contre cette industrie destructrice de l'exploitation minière des profondeurs qui mettrait en danger la santé de l'océan dont nous dépendons tous ainsi que la vie et les moyens de subsistance de milliards de personnes qui vivent dans des communautés côtières.

En attendant, 146 parlementaires ont signé la Déclaration parlementaire mondiale pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins. Cette déclaration offre une solution alternative [fr] pour les États qui envisageaient l'exploitation minière en eaux profondes afin d'extraire des minéraux nécessaires à la transition vers une prétendue « économie verte » :

Rather than launching a vast new extractive industry, States should be investing in new technologies and systems that reduce the demand for raw minerals through reuse, recycling and innovative design. The green transition must not come at the expense of biodiversity and our planet’s biggest natural carbon sink.

Plutôt que de développer une nouvelle industrie extractive vaste, les États devraient investir dans de nouvelles technologies et de nouveaux systèmes qui réduiraient la demande de minéraux bruts par la réutilisation, le recyclage et une conception innovante. La transition verte ne doit pas se faire au détriment de la biodiversité et de la plus grande source de carbone naturel de notre planète.

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