Les manifestations se multiplient en Iran après la mort de Mahsa Amini

 

Les étudiant·es de l’université Amir Kabir protestent contre le port du voile et la République islamique. Septembre 2022. Image de Darafsh – Own work, CC BY-SA 4.0.

Les manifestations se sont multipliées en Iran après la mort de Mahsa Amini (Zhina) Amini, une jeune femme de 22 ans qui a été arrêtée par la police des mœurs du pays pour avoir porté le voile de manière inappropriée. Mahsa avait 22 ans.

Les Iraniennes ont enlevé leur voile pour montrer leur désobéissance civile en réponse à la mort d’Amini ; certaines les ont brûlés en public ; d’autres se sont rasé la tête ou coupé les cheveux et ont publié des selfies sur les réseaux sociaux.

Alors qu'iels subissent la même tyrannie et luttent pour la liberté et la justice, les Iranien·nes vivant dans diverses régions assistent à des scènes sans précédent qui transcendent les différences entre les sexes et les appartenances ethniques.

Depuis la prise de contrôle islamiste du Gouvernement iranien en 1979, les lois discriminatoires contre les femmes se sont de plus en plus répandues dans le pays. Leur vie a été considérablement touchée de diverses façons, et en particulier au niveau du marché du travail et de la façon dont elles devraient s’habiller. Par exemple, les femmes iraniennes sont obligées de porter le voile en permanence. Et beaucoup de femmes iraniennes ont exprimé leur rejet et leur désobéissance à la République islamique malgré la punition promise à tous ceux et celles qui auront fait le choix de se rebeller. 

Mahsa Amini, une Kurde originaire de Saqqez dans la province du Kurdistan, est décédée le vendredi 16 septembre 2022 dans un hôpital de Téhéran après avoir passé trois jours dans le coma. Selon les témoins, elle aurait été agressée dans le fourgon de police qui l’a transportée au centre de détention.

La police a nié l’allégation et a déclaré que la jeune femme avait eu une « crise cardiaque soudaine ». La famille de Mahsa Amini a rejeté cette réclamation. L’ONU a demandé d'ouvrir une enquête sur la mort de Mahsa Amini.

Samedi dernier, des manifestations ont éclaté dans tout le pays. Elles ont commencé dans les villes provinciales du Kurdistan et se sont répandues à Téhéran, Shiraz et Ispahan ainsi que dans les villes du nord comme Rasht et Sari, Mashad et Bandar Abbas.

« Mort au dictateur », « Femme, vie et liberté » et « Mort à Khamenei » figuraient parmi les slogans que les manifestant·es iranien·nes chantaient.

Selon des rapports fondés sur des déclarations de l’État iranien, les forces de sécurité de la province du Kurdistan ont tué au moins 9 personnes et blessé des centaines d’autres. Toutefois, les organisations de défense des droits humains affirment que ce nombre est beaucoup plus élevé.

Plusieurs vidéos montrent des violents affrontements entre les manifestant·es et les forces de sécurité. Dans la vidéo ci-dessous, vous pourrez voir des manifestant·es en train d'agresser des agents de sécurité :

Mercredi dernier était le quatrième jour de manifestations. Un groupe de hackers anonymes a affirmé avoir lancé des cyberattaques contre les deux principaux sites du Gouvernement iranien ainsi qu’un certain nombre de sites de médias, et ce, en soutien aux manifestations.

Les Iraniennes ne sont pas à la recherche d'un sauveur

Azadeh Pourzand, chercheuse de renom en droits humains et directrice de la Fondation Siamak Pourzand, a déclaré à Global Voices :

Iranian women are not waiting for a savior and are bravely waging their own fights in light of what is happening in Afghanistan and other parts of the world.

It is time for the world to cease supporting governments like the Islamic Republic of Iran under the guise of promoting “moderate Islam” and by mistakenly interpreting the ideas of cultural relativism to Iran

It is impossible for any political or religious system to be stable or long-lasting. No oppressive regime can exist indefinitely because, in the end, the people's struggle for freedom will be revealed, and justice will triumph.

Les Iraniennes ne sont pas à la recherche d'un sauveur. Elles se battent courageusement au vu de ce qui se passe en Afghanistan et autres coins de monde.

Il est grand temps que le monde cesse de soutenir des gouvernements comme la République islamique d’Iran sous prétexte de promouvoir « l’islam modéré » et en interprétant à tort les idées du relativisme culturel en Iran.

Il est impossible qu’un système politique ou religieux soit stable ou durable. Aucun régime oppressif ne peut exister indéfiniment parce que, à la fin, la lutte du peuple pour la liberté sera révélée, et la justice triomphera.

Plusieurs vidéos montrent des Iraniennes défiant l’État iranien, et ce sans aucune crainte. Dans la vidéo ci-dessous, vous pourrez voir une femme qui affronte les forces de sécurité :

Taimoor Aliassi, le directeur exécutif et cofondateur de l’Association du Kurdistan pour les droits humains (KMMK-G), a déclaré à Global Voices :

Women are subjected to severe repression throughout contemporary Iranian history.  Mahsa or Zhina represents the protestors’ slogan: “Woman, Life, Freedom.”

Mahsa represents the century-long fight for women's emancipation waged by Kurdish and Iranian women. Especially in the last 44 years.

It is also a representation of the fight against Islamic doctrine, which has its philosophical roots in the treatment of women.

Les femmes ont été soumises à une répression sévère tout au long de l’histoire iranienne contemporaine. Mahsa ou Zhina représente le slogan des manifestant·es : « Femme, Vie, Liberté. »

Mahsa représente la lutte centenaire en faveur de l’émancipation des femmes menée par les femmes kurdes et iraniennes, en particulier au cours des 44 dernières années.

Elle est également une représentation de la lutte contre la doctrine islamique, qui a ses racines philosophiques à l'égard des femmes.

Art et protestation

Plusieurs artistes ont créé des œuvres pour montrer leur soutien au peuple iranien.

Alireza Dervish est un dessinateur et artiste basé en Allemagne. Utilisée avec permission.

Le caricaturiste Assad Binakhahi, qui est également basé en Allemagne. Utilisée avec permission.

Contribution de l’illustratrice Shadi :

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