La guerre en Ukraine affecte les travailleurs migrants azerbaïdjanais

On peut voir des statues d'hommes en bronze, visage fermé. Ils portent tous des chapeaux et sont en file indienne.

Image de Javier Vinals. Autorisation d'utilisation libre sous la licence Unsplash.

[Sauf indication contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.]

Cet article a initialement a été publié sur Chaikhana Media. Une version révisée est publiée ci-dessous dans le cadre d'un accord de partage de contenu avec Global Voices. 

Des générations de travailleurs migrants azerbaïdjanais se sont tournées vers l'Occident pour trouver du travail et gagner plus d'argent pour subvenir aux besoins de leur famille.

Mais aujourd'hui, des millions d'Azerbaïdjanais travaillant en Russie et en Ukraine se retrouvent obligés de choisir entre leur travail et leur sécurité alors que la guerre en Ukraine continue de perturber l'économie des deux côtés du conflit.

Elvin Magsudov, 33 ans, a fait le choix de la sécurité en quittant l'Ukraine pour la Moldavie après l'invasion injustifiée de l'Ukraine par la Russie. Mais contrairement à sa vie en Ukraine, le coût de la vie en Moldavie est plus élevé et les salaires sont plus bas. Il a déclaré que :

My working conditions and living expenses in Ukraine were very good compared to Moldova. The difference in salary I make in Moldova is significantly lower while the cost of living is twice what it was in Ukraine.

Mes conditions de travail et mes dépenses de tous les jours en Ukraine étaient très bonnes contrairement à la Moldavie. Mon salaire en Moldavie est significativement plus bas, tandis que le coût de la vie est deux fois plus élevé qu'en Ukraine.

Malgré les défis du déménagement en Moldavie, Elvin n'a pas prévu de retourner en Azerbaïdjan, où il est également difficile de trouver un travail bien payé, surtout quand sa famille compte sur l'argent qu'il leur envoie.

L'économiste Natif Jafarli estime que bon nombre des quelques deux millions d'Azerbaïdjanais qui travaillaient en Russie, et 500 000 en Ukraine, avant le début de la guerre, sont susceptibles d'y rester malgré les défis et les dangers créés par le conflit. D'autant que leurs familles restées dans leur pays d'origine ressentent déjà l'impact des sanctions imposées à la Russie et la sécurité de l'emploi.

« La main d'oeuvre, le pouvoir d'achat et les revenus ont chuté. Il y a des obstacles aux paiements,» a déclaré Jafarli lors d'une interview avec Chaikhana Media, ajoutant qu’à cause des sanctions, les Azerbaïdjanais de Russie ne peuvent désormais plus utiliser les services de virements internationaux pour envoyer de l'argent chez eux. 

En avril, l'économiste Gubad Ibadoglu a confié à Voice of America que 60 % des paiements versés aux Azerbaïdjanais au cours des neuf premiers mois de l'année 2021 provenaient de Russie, ajoutant « qu'une forte baisse des transferts est attendue cette année.»

À Bilajary, une banlieue de Baku, la capitale azerbaïdjanaise, Yegana Mamishova, 42 ans, et ses deux enfants, ressentent déjà l'impact. Yagana travaille en tant que professeur dans une école maternelle, mais son salaire lui permet à peine de subvenir aux besoins de sa famille. De ce fait, sa famille compte sur le salaire de son mari, Hafiz Mamishov, 48 ans, ancien soldat, qui leur envoie de l'argent depuis la Russie. Hafiz a quitté l'Azerbaïdjan pour la Russie, car il n'arrivait pas à trouver de travail dans son pays d'origine après avoir quitté l'armée.

My husband currently works in the construction industry in Russia. He has been working in Russia for the last 5 years and has been sending us money, but that is no longer possible.

Mon mari travaille actuellement dans le secteur du bâtiment en Russie. Cela va faire 5 ans qu'il travaille en Russie et qu'il nous envoie de l'argent, mais bientôt, ce ne sera plus possible.

Désormais, ils doivent se serrer la ceinture pour vivre avec les 400 AZN (environ 245 euros) que Yegana touche par mois.

D'après les données de la Banque mondiale [fr], le chômage en Azerbaïdjan était de 6,6 % en 2021. Cette année, d'après des statistiques, il est juste en dessous des 6 %.

Cependant, les travailleurs migrants comme Aliheydar Azimzade, 24 ans, indiquent qu'il est dur de trouver du travail.

Diplômé de l'université en Ukraine en 2015, Aliheydar est resté là-bas, a acheté une maison, et a fondé sa société. Il s'est écoulé une semaine après le début de l'invasion pour qu'il décide de déménager en Azerbaïdjan. Cependant, le déménagement n'a pas été facile. Voici ce qu'il a confié à Chaikhana Media :

Although I am currently looking, I still cannot find a job. The biggest problem is unemployment. I plan to return to Ukraine if the war ends because my work and my house remain there.

Bien que je sois actuellement à la recherche de l'emploi, je n'en ai toujours pas trouvé un. Le plus gros problème reste le chômage. J'ai l'intention de retourner en Ukraine si la guerre prend fin car j'ai toujours ma maison et mon entreprise là-bas.

Asaf Mishiyev, 29 ans, a également eu du mal à reconstruire sa vie en Azerbaïdjan après être rentré de Russie cinq jours après le début de la guerre.

Musicien de formation, Asaf a passé la majorité de ces 11 dernières années à vivre et travailler à Moscou. Il a déjà essayé une fois auparavant de revenir à Baku, mais il a fini par retourner en Russie car il était mieux payé et trouvait plus d'opportunités de poursuivre une carrière dans la musique là-bas.

There were more opportunities [in Russia], both in terms of income and music. I can give you a simple example that it is difficult to find musical instruments in Azerbaijan. Also, if Azerbaijan satisfied me, I would stay in my own country. In terms of work, this is a bit difficult.

Il y avait plus d'opportunités [en Russie], à la fois en termes de salaire et de musique. Par exemple, il est difficile de trouver des instruments de musique en Azerbaïdjan. De plus, s'il y avait ce que je recherchais en Azerbaïdjan, je resterais dans mon pays. Malheureusement, en matière de travail, c'est compliqué.

Asaf est rentré en Azerbaïdjan en 2017 et a ouvert un café pour les jeunes, où ils peuvent écouter de la musique jouée en direct et regarder des films. Malheureusement, son entreprise n'a tenu que deux ans. « J'ai fait le choix de fermer mon café et de retourner en Russie pour le travail. Tout le monde doit travailler pour survivre, c'est la raison pour laquelle j'ai choisi la Russie,» a-t-il déclaré à Chaikhana Media.

Aujourd'hui, Asaf donne des cours de guitare et de chant pour vivre.

Pour Sevdiyar Hadiyev, 57 ans, le choix est simple : une fois la guerre terminée, il souhaite retourner vivre à Kharkov en Ukraine, où il a vécu pendant 30 ans.

Originaire du village de Lerik en Azerbaïdjan, Sevdiyar n'a pas pu trouver de travail dans son pays depuis son retour en septembre. Après avoir vécu très longtemps en Ukraine, il s'est retrouvé coincé dans son village d'origine après la guerre.

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