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Les Bangladais participent à la frénésie de la Coupe du monde de football 2022, mais cette année, c'est un peu plus compliqué.

Catégories: Asie du Sud, Bangladesh, Qatar, Développement, Droits humains, Gouvernance, Médias citoyens, Migrations & immigrés, Relations internationales, Santé, Sport
World Cup Graffiti on the wall painted by the locals at KM Das lane in Swami Bagh, Old Dhaka. Screenshot from the Facebook video from Dainik Bangla. Fair use. [1]

Graffiti de la Coupe du monde sur le mur peint par les habitants de KM Das lane à Swami Bagh, dans le vieux Dhaka. Capture d'écran de la vidéo Facebook [1] de Dainik Bangla. Utilisée avec permission.

L’édition de la Coupe du monde FIFA 2022 [2] l’événement sportif le plus regardé dans le monde a commencé au Qatar en novembre 2020. Tout comme les autres nations prises par la fièvre footballistique, le Bangladesh a également rejoint la frénésie [3], comme il le fait tous les 4 ans.

Les fans dressent des drapeaux des pays participants sur les toits, des graffitis [4] de joueurs de football se trouvent sur les murs, les maisons sont également peintes aux couleurs des drapeaux brésiliens et argentins, afficher des bandes de drapeaux d'équipes populaires sur des kilomètres de long et acheter en masse [5] des maillots de différentes équipes. Il y a également de fortes chances [6] que le maillot des supporters de votre équipe préférée, [7]ou son maillot officiel [8] ait été fabriqué au Bangladesh.

L’événement de cette année au Qatar a été plein de controverses d’abord avec les accusations de corruption [9] dans la sélection du Qatar comme hôte de la coupe du monde, et le décès de plus de 6 500 travailleurs migrants entre 2010 et janvier 2021. Étant l’une des nations les plus riches au monde, le Qatar a une population d’environ 2.9 millions [10] d’habitants dont plus de 70% ou 2 millions sont des travailleurs migrants qui ont émigré pour travailler dans différents secteurs. Autour d’un million de travailleurs migrants travaillent dans le secteur de la construction, et environ 100 000 d’entre [10] eux étaient employés dans le bâtiment de l’infrastructure abritant cette coupe du monde, comprenant les stades, les villages sportifs et les routes. D’après les statistiques [11] publiées par The Guardian, parmi les travailleurs migrants qui ont perdu la vie, 1018 venaient du Bangladesh.

Le Qatar a nié les allégations de corruption [12] et celles selon lesquelles  les statistiques [13] de décès des travailleurs migrants sont liées à la coupe du monde, déclarant que le nombre mentionné représente dans l’ensemble des décès d’étrangers sur la période en question. La FIFA a déclaré [14] que seulement 3 personnes sont mortes sur le chantier de construction de l’infrastructure de la Coupe du Monde, mais une vérification des faits par la Deutsche Welle révèle [15] que le nombre actuel devrait être autour de 40, comme les nombres faisant référence aux fatalités liées à la Coupe du monde 2022 varient dépendant de si la cause des décès pourrait être mise en lien avec le travail réalisé  l’infrastructure de cette coupe.

Pourquoi les fans de foot résidant au Bangladesh sont si attachés au Brésil et à l’Argentine ?

Les Bangladais supportent en général un large éventail d’équipes, en particulier celles qui ont gagné les les précédentes éditions de coupe du monde. A en juger par les drapeaux [17] présentés par les supporters, il cependant est clair que le Brésil et l’Argentine se voient vouer un culte par des supporters, et il y a également eu des rapports de litiges entre les fans pour cause d'allégeances différentes.

Le Bangladesh se situe dans les dernières places du classement mondial de la FIFA [19] (192e) et n'a pas connu de succès récent dans le domaine du football. En l'absence d'une équipe locale pour la supporter durant la coupe du monde, ils trouvent leur soutien dans leurs équipes internationales favorites qu’ils supportent.

Ils supportent traditionnellement les équipes du Brésil (1er) et de l’Argentine ( 3e) et il y a de nombreux débats sur le pourquoi c’est ainsi. Cette vidéo de 2018 sur Youtube de Plaantik [20] explore les possibles raisons pour comprendre pourquoi les Bangladais sont plus enclins à supporter le Brésil et l’Argentine que les autres équipes.

Selon cette vidéo, en 1982, la Tv de l’état du Bangladesh a commencé à télédiffuser des matches de la coupe du monde en direct, et la Tv en couleur a commencé à devenir populaire. Dans les années 70 et 80, les enfants ont appris sur Pelé [21] et le Brésil via leurs livres scolaires et ont suivi avec enthousiasme la vedette argentine Maradona [22] et les succès de son équipe. Un suivi passionné de fans s’est développé pour les deux équipes les décennies qui suivirent.

Célébrer la Coupe du monde, à la manière du Bangladesh

L'une des marques de fabrique des supporters de football bangladais est de hisser les drapeaux des nations du football sur les toits. Rafid Ishtiaque, étudiant au département d'économie de l'université de Dhaka, a tweeté :

Les supporters de différentes équipes s'affrontent [32] souvent pour voir lequel d'entre eux peut fabriquer le plus grand drapeau. Le journaliste Saif Hasnat a tweeté :

Longest German flag (5.5. kms long) made by a Bangladeshi farmer as a tribute to the success of the German team. Screenshot from the YouTube video by Somoy News. Fair use. [35]

Le plus long drapeau allemand (5,5 km de long) fabriqué par un agriculteur bangladais en hommage au succès de l'équipe allemande. Capture d'écran de la vidéo YouTube de Somoy TV [35]. Utilisée avec permission.

Correspondant sportif pour un site d'information en ligne Shafayet Islam Niloy a tweeté [36]:

Niloy a également tweeté des photos de fans dans les rues avec des rassemblements pour leurs équipes favorites :

L'utilisateur de Twitter Fahmaan rapporte [47] qu'un Rickshaw a été peint aux couleurs de l'Argentine.

Les graffitis colorés sur les rues et les murs constituent un autre élément marquant. L'utilisateur de Twitter Md. Arafat Islam met en évidence [53] un graffiti du vieux Dhaka:

Pendant chaque #FIFAWorldCup [37], L'ancienne Dhaka du Bangladesh s'enflamme pour le football. ⚽

Localisation: Kaltabazar, #Dhaka [54], #Bangladesh [24] 🇧🇩#FIFAWorldCupQatar2022 [26] pic.twitter.com/PtCJwLGlG4 [55]

— Md. Arafat Islam (@ArafatIslam2004) 16 novembre 2022 [56]

L'ingénieur  Nayeem Hasan a tweeté [57]:

L'utilisateur de Twitter Foysal partage [60]:

Le journaliste Shafayet Islam Niloy a tweeté [65]:

Ce qui est intéressant, c'est que les joueurs de ces équipes n'avaient aucune idée du Bangladesh ou de ces fans occultes. Mais à l'ère des réseaux sociaux, certains efforts sont remarqués. Par exemple, le compte Twitter de Argentin Soccer News a partagé plusieurs articles sur le Bangladesh.

Souvenons nous de la contribution des travailleurs migrants pour la coupe du monde

Bien que le Qatar ait revendiqué que les autorités ont reformé les droits du travail, l’ONG Human rights watch déclare [74] que ces dernières étaient mises en place principalement après 2018, quand la construction liée à la coupe du monde était pratiquement terminée, et que de nombreux travailleurs qui ont aidé à construire les infrastructures de la coupe du monde n’ont pas profité [75] de ces réformes et des mesures de compensations.

Le journaliste Shafiqul alam, le chef du Bureau Dhaka de l’AFP, a visité des Bangladais qui ont travaillé sur la construction des stades du Qatar. Il a raconté à nouveau l'histoire d’un travailleur : Atiar, sur Facebook [77]:

Atiar est l’un des milliers de travailleurs qui ont construit le stade mais qui n’étaient pas payés proportionnellement à leur travail. Atiar ne veut pas que vous regardiez les matches, pour lui ces stades ont été construits avec le sang des travailleurs migrants. « Regarder les matches serait une trahison envers notre propre sang.Toute pierre et chaque brique du stade est tachetée de notre sang et de notre sueur. Et pourtant, nombreux d’entre nous n’étaient pas payés un seul rial. Nous avons travaillé sous un soleil brûlant à  55 degrés Celsius. Nous n’avons pas mangé pendant des jours. Nous avons passé des nuits sur les plages. Pourtant, les autorités n'ont pas découvert qui parmi nous était payé pour travailler. Lorsque nous avons organisé des manifestations, elles ont envoyé la police pour s'en prendre aux organisateurs. »