Le tourisme peut-il coexister harmonieusement avec la préservation de l'environnement ?

Puerto Villamil, Isla Isabela (Albemarle), the Galápagos Islands, Ecuador

Puerto Villamil, Isla Isabela (Albemarle), les îles Galápagos, Equatteur – Avec l'aimable autorisation de l'utilisateur Flicker, Elias Rovielo (CC BY-NC-SA 2.0)

Envie de voyager de manière respectueuse pour l'environnement en Amazonie, en Alaska ou dans la région Ouest de Kimberley en Australie ? Des organisations réputées telles que National Geographic et WWF (World Wildlife Fund) offrent beaucoup d'options de voyage séduisantes comme l'Antarctique.

Dans sa publicité, National Geographic promeut son option de voyage « durable »:

…le contact avec des animaux sauvages, associé à des expériences pratiques sur la conservation fourniront aux voyageurs des informations et une inspiration pour continuer à protéger le monde et ses créatures longtemps après leur retour chez eux.

Beaucoup de gens voient l'écotourisme de manière bénéfique, l'associant à la protection de l'environnement, à l'environnement et à la préservation de la faune menacée. Lorsque vous effectuez une recherche Internet sur l'écotourisme, des images envieuses abondent : bain-de-soleil sur une plage sauvage et isolée, plongée en apnée dans des récifs coralliens majestueux, randonnée dans des montagnes sauvages et écartées… les touristes s'immergent dans des cultures locales.

Il y a eu de nombreuses tentatives afin de définir le terme. Par exemple, le Département de l'Environnement et des Sciences du Queensland en Australie (Queensland's Department of Environment and Science) qui est le gardien des parcs nationaux et des forêts de l'État a donné une explication détaillée :

L'écotourisme englobe les activités liées à la nature qui permettent aux visiteurs d'apprécier et de comprendre les valeurs naturelles et culturelles. Il s'agit d'expériences gérées de manière à garantir leur durabilité écologique, économique et sociale. Ces activités contribuent au bien-être, à la conservation des zones naturelles et des communautés locales.

De même, Wikipédia affirme :

L'écotourisme est un mode de tourisme qui consiste à voyager de manière responsable (par l'utilisation de moyens de transport durables et/ou propres) dans des zones naturelles, à préserver l'environnement et à améliorer le bien-être des populations locales.

Les programmes responsables d'écotourisme intègrent des voyages qui limitent l'impact négatif du tourisme conventionnel sur l'environnement et améliorent l’intégrité culturelle des populations locales.

L'écotourisme implique souvent un voyage onéreux en petit groupe, et comprend un hébergement avec des repas de grande qualité. Visiter des régions reculées de la planète se place en tête sur la liste des choses à faire avant de mourir.

L'idée d'un voyage durable et respectueux du milieu naturel est séduisante. On protège ce qu'on aime, notamment en termes économiques. Le PBR (Population Reference Bureau) affirme que :

Dans le meilleur des cas, l'écotourisme est un mode de voyage responsable vers des zones naturelles. Il préserve l'intégrité de l'écosystème et produit des avantages économiques pour les communautés locales, ce qui peut encourager la conservation. Au carrefour de la population et de l'environnement, l'écotourisme est un moyen créatif d'allier les objectifs de conservation écologique et de développement économique.

Pourtant ces genres de voyages ont souvent des inconvénients potentiels : ils peuvent être à l'origine de pollution et d'autres dommages environnementaux. Ils entraînent souvent une forte empreinte carbone due aux transports aériens, maritimes et autres. Ils peuvent créer des perturbations sociales et culturelles au sein des communautés locales.

Voici quels sont les lieux d'expérimentation de l'écotourisme.

Les îles Galápagos

Le Projet de Découverte de Galápagos (The Discovering Galapagos Project) a amené du matériel pédagogique sur les îles pour les élèves. Il examine l'impact du tourisme :

Les quelques bons côtés sont que les touristes apportent de l'argent aux îles, source non négligeable de revenus pour de nombreux Galapagueños. Cependant il y a aussi un côté néfaste. Comme de nombreux touristes visitent l'île, cela nécessite d'importants espaces d'accueils, ce qui signifie que de gros complexes hôteliers pourraient être construits, mettant en péril la faune et la flore alentour.

Une étude intitulée « Repenser et réinitialiser » (Rethink and reset) basée sur le tourisme dans les îles Galápagos, stipule que les points de vue des parties prenantes sur la durabilité du développement touristique ont récemment été publiés dans les Annals of Tourism Reasearch Empirical Insights. Elle a soulevé un certain nombre de questions préoccupantes :

L'une des principales conclusions de l'étude est que les parties prenantes partagent l'option selon laquelle la croissance illimitée d'un tourisme est contre-productive en raison de ses impacts sociaux et environnementaux. La lutte contre les effets du surpeuplement dans les Galápagos (comme dans d'autres îles tropicales), peut impliquer des stratégies de décroissance ou une transition vers un tourisme lent. Ceci fournirait un mécanisme d'augmentation des revenus et une augmentation d'avantages en terme d'emploi dans le tourisme, mais aussi diminuerait l'impact par habitant sur les ressources de l'île.

Pour qu'une destination touristique concorde avec le tourisme durable, les préoccupations sociales et écologiques doivent être prise en compte. Si le tourisme est pensé comme un catalyseur de développement durable, alors le niveau de vie et le bien-être des résidents locaux doivent être pris en considération, même si les priorités de conservation sont prises en considération.

Le Machu Picchu

La ville Inca du Machu Picchu au Pérou attire d'immenses foules chaque année. De nombreuses personnes empruntent le chemin Inca mythique des pour s'y rendre. La communauté en ligne CATALYST est « une source de contenu sur les voyages et l'action sociale pour les militants et les voyageurs ayant une conscience globale ». Elle a prévenu en mai 2022 :

Le manque d'infrastructures pour soutenir ces chiffres entraîne un impact encore plus important. Il y a seulement une salle de bain à l'entrée et les déchets humains sont un gros problème. Le village le plus proche comme Aguas Calientes s'est résigné à pomper les déchets dans la rivière Urubamba. L'augmentation des ordures, notamment des bouteilles d'eau en plastique sur le Chemin Inca contribue également à la prolifération de décharges sauvages.

Le terme écotourisme est aujourd'hui abusif. Il a été détourné de son objectif initial pour englober tout voyage lié à la nature et, pour beaucoup, il est synonyme de durable.

Le mont Kilimanjaro

Le tourisme abusif au mont Kilimandjaro en Tanzanie, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO a également suscité des critiques :

Le gouvernement tanzanien a suscité un tollé ces dernières années après avoir annoncé son intention de construire un système de téléphérique sur le versant sud du Kilimandjaro, afin d'augmenter le nombre de touristes et de permettre à ceux qui ne peuvent pas l'escalader d'y accéder. Les groupes d'expédition, les porteurs qui aident les alpinistes et les experts climatiques ont déclaré que le projet mettrait en danger l'écosystème délicat de la montagne et nuirait à l'économie locale.

Pour et contre

Il y a de nombreux sites Internet qui défendent les aspects positifs de l'écotourisme et du voyage durable. Softback Travel, qui se présente comme « une approche minimaliste du plein air », estime que les avantages sont les suivants :

  • un développement rural basé sur la protection de l'environnement et la création d'emplois;
  • l'éducation, la sensibilisation aux espèces animales en voie d'extinction et au changement climatique;
  • l'amélioration de la qualité de vie des populations locales;
  • la compréhension et la sensibilité à l'égard des autres cultures.

Les certifications environnementales

Le Conseil mondial du tourisme durable (Global Sustainable Tourism Council ou GSTC) est l'une des organisations qui fournit des conseils sur les avantages environnementaux potentiels de l'écotourisme. Elle vise à « développer des normes mondiales pour le tourisme durable et à créer des outils permettant de vérifier les affirmations légitimes des entreprises durables tout en luttant contre les fausses affirmations, parfois connues sous le nom de greenwashing ». Son travail est expliqué dans cette vidéo:

Cependant, beaucoup de commentateurs rejettent l'idée d'écotourisme, estimant qu'elle est auto-contradictoire. L'architecte et ingénieur Smith Mordak a fait valoir à l’Architectural Review que :

L'écotourisme est un oxymore (apparemment auto-contradictoire). Essayer de remédier à la dégradation de l'environnement par le tourisme, c'est comme essayer de réparer un œil au beurre noir avec un crochet. C'est une mascarade totale, mais aussi une étude de cas utile. L'écotourisme est une illustration du phénomène plus large à laquelle est confrontée l'action climatique : les intérêts du développement économique sont trop souvent diamétralement opposés aux intérêts environnementaux.

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