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Les pays africains lusophones condamnent les attaques contre la démocratie au Brésil

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Amérique latine, Angola, Brésil, Cap Vert, Mozambique, Élections, Manifestations, Médias citoyens, Politique
Imagem: Giovana Fleck/Global Voices

Partageant la même langue, les pays lusophones se sont mobilisés en faveur du président élu au Brésil et ont condamné les attaques contre le processus électoral et les trois pouvoirs du pays. Image : Giovana Fleck/Global Voices

La récente prise d'assaut de la place des Trois Pouvoirs au Brésil pour protester contre le transfert pacifique du pouvoir a non seulement suscité la condamnation de nombreux dirigeants d'Afrique lusophone, mais a également déclenché un débat sur les défis démocratiques de ces pays.

Le 8 janvier 2023 restera à jamais marqué [1] comme un jour tristement célèbre pour la démocratie brésilienne. L’attaque [2] contre les trois pouvoirs (judiciaire, exécutif et législatif) a été menée par des partisans de l'ancien Président Jair Bolsonaro, qui, parce qu'ils n'acceptaient pas les résultats des élections de 2022, ont décidé d'envahir les institutions qui garantissent le fonctionnement démocratique du pays.

Du côté des pays africains lusophones, l'événement a suscité des réactions diverses de la part des responsables politiques et des citoyens ordinaires. La plupart des commentaires condamnaient cet acte antidémocratique, comme l’a souligné [3] le Président angolais, João Lourenço, dans une déclaration officielle publiée par la présidence angolaise :

Consideramos estas manifestações lamentáveis e reveladoras de um elevado grau de intolerância não compatível com as regras do jogo democrático.

Nous trouvons ces manifestations regrettables et révélatrices d'un haut degré d'intolérance non compatible avec les règles du jeu démocratique.

La même solidarité est venue d'un autre pays frère du Brésil, en l'occurrence le Cap-Vert, qui par l'intermédiaire de son Président a déclaré [4] :

Condeno veementemente os atos violentos antidemocráticos e manifesto a minha solidariedade e apoio ao Presidente Lula da Silva e às autoridades legítimas da República Federativa do Brasil.

Je condamne fermement les actes de violence antidémocratiques et exprime ma solidarité et mon soutien au Président Lula da Silva et aux autorités légitimes de la République fédérale du Brésil.

Depuis le Mozambique, le Président Filipe Nyusi a commenté en condamnant les actes anti-démocratiques. Il a également souligné la nécessité pour le pays de revenir à la normale dès que possible :

Em nome do Povo, do Governo da República de Moçambique e no meu próprio, gostaria de exprimir a nossa total solidariedade para com o Povo irmão do Brasil, formulando votos sinceros de que o momento tempestuoso seja rapidamente superado, permitindo que o país prossiga firmemente com a sua agenda de desenvolvimento e convivência harmoniosa interna e no concerto das nações.
Saudamos as medidas enérgicas do Governo de Vossa Excelência, visando pôr cobro a este atentado à ordem democrática e depositamos inteira fé no vigor e consistência das instituições democráticas do Brasil, bem como na perseverança do seu Povo para que a democracia emerja vencedora perante este desafio.

Au nom du Peuple, du Gouvernement de la République du Mozambique et en mon nom propre, je voudrais exprimer notre totale solidarité avec le peuple frère du Brésil, exprimant le souhait sincère que le moment orageux soit rapidement surmonté, permettant au pays de poursuivre résolument son programme de développement et de coexistence harmonieuse tant à l'intérieur qu'au sein du concert des nations.

Nous saluons les mesures énergiques prises par le gouvernement de votre Excellence pour mettre fin à cette atteinte à l'ordre démocratique et nous avons pleinement confiance dans la vigueur et la cohérence des institutions démocratiques brésiliennes et dans la persévérance de son peuple, afin que la démocratie sorte victorieuse face à ce défi.

Cependant, les réactions aux paroles du Président mozambicain ont pris une autre ampleur, les internautes, notamment sur Facebook, s'interrogeant [5] sur la situation actuelle au Mozambique. Júlio Mutisse, membre politique du parti au pouvoir, le Frelimo, a déclaré :

E aqui Camarada Presidente não se indigna pela violação dos princípios democráticos quando só a FRELIMO se pode manifestar porque todos demais são negados (mesmo com todos sinais de manifestação pacífica e por causas entendíveis [sic]).
S. Excia tem que ser garante da Democracia aqui e defende-la a todo o custo. É para mim contraproducente quando se indigna com fenómenos longínquos atentados [contra] a democracia e se cala aqui. Afinal é nosso Presidente e garante da Constituição, ou não?

Et ici, le camarade président n'est pas indigné par la violation des principes démocratiques alors que seul le FRELIMO peut manifester parce alors qu'à tous les autres cela est nié (même avec tous les signes de manifestation pacifique et pour des causes compréhensibles [sic]).

Votre Excellence doit être le garant de la démocratie ici et la défendre coûte que coûte. C'est contre-productif pour moi quand vous vous indignez de phénomènes lointains qui sont des attaques [contre] la démocratie et que vous vous taisez ici. Après tout, vous êtes notre Président et garant de la Constitution, n'est-ce pas ?

Le Mozambique a été confronté ces dernières années à une augmentation significative des cas de violence [6] et de terrorisme [7]. L'augmentation des discours de haine et des attaques contre les opposants sont quelques-uns des facteurs soulignés par les experts comme causes de l'affaiblissement de la démocratie mozambicaine, de sorte que certaines personnes ont attiré [8] l'attention sur le fait que les événements au Brésil adviendront un jour au Mozambique également. L'un des utilisateurs a déclaré sur Facebook :
Parabéns, Senhor Presidente, falou bonito! Porquê não usa essa retórica nos seus discursos a nação moçambicana. Senhor Presidente, existe um provérbio que diz” Se a barba do vizinho estiver a arder mergulha a sua”. Eu sugiro que o senhor faça isso” se hoje é Brasil, da próxima pode ser Moçambique, e o senhor não está tomando cautela para evitar!

Félicitations, Monsieur le Président, vous avez magnifiquement parlé ! Pourquoi n'utilisez-vous pas cette rhétorique dans vos discours à la nation mozambicaine ? Monsieur le Président, il y a un proverbe qui dit : « Si la barbe de ton voisin est en feu, trempe la tienne dedans. Je vous suggère de le faire, si aujourd'hui c'est le Brésil, la prochaine fois ce pourrait être le Mozambique, et vous ne prenez pas de précautions pour l'éviter !

De ce débat, certains internautes ont affirmé que le problème actuel au Brésil est l'injustice :
O povo brasileiro quer uma resposta. Um Presidente que governa na injustiça não governa um povo, governa os bens. Deus vive e sempre viverá.

Le peuple brésilien veut une réponse. Un Président qui gouverne dans l'injustice ne gouverne pas un peuple, il gouverne des biens. Dieu vit et vivra toujours.

La Guinée Bissau a également condamné les actes antidémocratiques au Brésil au plus haut niveau. Le Président Umaro Sissoco Umbalo a déclaré :

Au niveau des églises ou des confessions religieuses évangéliques des pays africains lusophones, il n'y a pas de communiqué officiel condamnant les attentats au Brésil, bien que des églises comme Universal comptent des milliers d'adhérents [11] en Angola et au Mozambique.