Images : la beauté du festival Obatala, une tradition orisha à Trinidad & Tobago

Photo prise le 28 janvier 2023 lors du festival Obatala de Woodbrook, à Trinidad, par Jason C. Audain, utilisée avec permission.

À Trinité-et-Tobago, comme dans une grande partie des Caraïbes, la colonisation, espagnole puis anglaise, fait partie de l’histoire. Cette expérience partagée d’occupation et de quasi-effacement a été si brutale que ses effets secondaires se font encore sentir des siècles plus tard. Il existe cependant des aspects positifs, dont la plupart sont en lien avec les traditions et la culture d’Afrique de l’Ouest.

La religion est une des représentations les plus fortes de cette connexion. Selon un recensement de 2011, les pratiquants du culte des orishas représentent environ un pour cent de la population de Trinité-et-Tobago. Cependant, plus de dix ans après ce recensement, la visibilité de la communauté a augmenté et le culte attire de plus en plus de pratiquants. À Trinité-et-Tobago, la manifestation du culte des orishas par les membres de la diaspora, autrefois appelée Shango, est considérée comme une religion syncrétique.

Chaque année, les orishas participent au festival Obatala qui rend hommage à la figure de la mythologie yoruba chargée de créer le monde. Selon la légende, Obatala commença à façonner les humains à partir de l’argile, tout en buvant de grandes quantités de vin de palme. Sous l’emprise de l’alcool, il se comporta de manière inconvenante avec ses créations, engendrant des défauts. Lorsqu’il réalisa ce qu’il avait fait, il se repentit et devint le protecteur des infirmes. Les humains reçurent ensuite l’ashé (le concept yoruba qui représente le pouvoir de produire le changement) ainsi que les outils qui leur permirent de prospérer : un poignard de cuivre et une houe en bois.

Une procession d’Obatala a eu lieu le 28 janvier sur l’île de la Trinité, à Woodbrook, dans la banlieue de Port-d'Espagne, la capitale. L’artiste Jason C. Audain y était et a réalisé des photos et une vidéo de la procession. Son film est captivant, surtout vers la fin du clip, lorsqu’il zoome sur un trio de moko jumbies.

Ces marcheurs sur échasses, issus d’une tradition d’Afrique de l’Ouest, sont considérés comme des dieux à qui leur taille confère le pouvoir de veiller sur les villages et de prédire tout danger potentiel. Les moko jumbies font partie de la troupe des personnages carnavalesques traditionnels de Trinité-et-Tobago et paradent dans la rue pour commémorer la lutte pour la liberté des Africains réduits en esclavage. Dans la culture trinidadienne, ces personnages, toujours considérés comme des défenseurs et des guides, inspirent l’admiration et le respect.

Leur intégration dans le festival Obatala est un important rappel de leurs origines, de leur pureté et de leurs pouvoirs sacrés. Le festival lui-même souligne les liens puissants qui unissent Trinité-et-Tobago et l’Afrique de l’Ouest. Il met également l’accent sur les aspects profondément spirituels et rituels de la tradition carnavalesque. Le ministère chargé du Développement de la communauté, de la Culture et des Arts précise d’ailleurs que « le christianisme, l'hindouisme et les formes culturelles ifa/orisha font toutes partie de la célébration. »

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