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Les Malgaches font preuve de résilience face à l’inflation galopante des produits de base

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Madagascar, Action humanitaire, Alimentation, Catastrophe naturelle/attentat, Economie et entreprises, Élections, Environnement, Médias citoyens, Madagascar, une société destabilisée

Capture d'image de la chaîne YouTube de Deutsche Welle [1]

Les prix des marchandises étalés aux marchés de Madagascar [2] connaissent une hausse exorbitante [3] depuis le début de l’année. Les Malgaches n'osent pas en parler ouvertement, et font preuve de résilience, mais le coût élevé de la vie [4] exige une réaction du gouvernement.

En août 2022, le taux d'inflation était déjà de 9,3% [5]. Selon les économistes de l’Institut National de la Statistique (INSTAT), l’inflation est galopante et ce taux risque d'augmenter en 2023. En effet, depuis le mois de janvier, les prix des denrées alimentaires ne cessent de monter en flèche [6]. En une semaine, le prix du kilo de riz est ainsi passé [7] de 3200 Ar (0,7373 dollars américains) à 3600 Ar (0,8294 dollar américain). Le prix est actuellement à 4100 Ar (0.9446 dollar américain).

Le riz [8] occupe une place importante dans l’habitude alimentaire [9] des Malgaches. En plus d'être un aliment de base, il constitue un élément essentiel de la culture et philosophie malgache [10], car la vie est fortement liée au riz. Comme on dit à Madagascar,  seuls ceux qui ont mangé du riz [10] se sentent rassasiés.

Or rares sont les ménages qui peuvent se permettre d'acheter ce dont ils ont besoin. En effet 81% vit sous le seuil de pauvreté [11] et se serre donc la ceinture. La majorité de la population est donc contraintes de réduire ses dépenses et ne  peut manger à leur faim [12]. Même les couches à revenu intermédiaire sont fortement touchées et sont obligées de prendre des mesures d'économies dans leur dépense.

Manifestations interdites

La majorité de la population est consciente qu’organiser des manifestations [13] ne serait pas une solution pour résoudre l’inflation. En effet le gouvernement vient de limiter le droit [13] de manifester sous prétexte de période pré-électorale:

Ce vendredi 31 mars au soir, à la télévision nationale malgache, le ministre de l’intérieur a annoncé que toutes les manifestations à caractère politique dans un lieu public sont désormais interdites et devront se tenir uniquement dans un endroit clos afin « de préserver l’ordre public ».

Les Malgaches sont invités aux urnes pour élire leur président en novembre 2023 [14], mais le climat socio-politique est déjà tendu. En effet , les autorités ont interrompu les manifestations [15] organisées le 7 mars par les étudiants de l'École Polytechnique de Vontovorona où des violents affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre [15]. Depuis, le ministre de l’intérieur a annoncé le vendredi 31 mars [16]que toute manifestation et réunion à caractère politique est interdite dans les lieux publics sauf pour les membres de l'exécutif.

Causes de l'inflation

Les conditions climatiques défavorables [17] et la dégradation des réseaux routiers impactent [18] sévèrement les prix de certains produits. Il existe aussi une dépendance économique de Madagascar vis-à-vis de l'étranger en matière d'importation pour les produits de premières nécessités [19]. Le pays n'est toujours pas en mesure de produire assez de vivres pour répondre aux satisfactions des besoins d'une population de près de 27 millions d'habitants [20].. La non maîtrise et le manque des contrôles [21]des agents de l’État sur les prix affichés aux marchés sont aussi à blâmer.

L’économie malgache est également soumise aux aléas de la conjoncture internationale, durement pénalisée par l’inflation liée à la guerre en Ukraine [22]. Alors que l’Ukraine assurait 30% de l’approvisionnement de la planète en blé [23], cette matière première agricole a connu une flambée des prix juste après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

D’après Benoît Faivre-Dupaigre, chargé de recherche au département Diagnostics économiques et politiques publiques à l’Agence Française de Développement (AFD), la sécurité alimentaire en Afrique est loin d'être stabilisée [24], et le continent africain est celui qui nécessite le plus une assistance alimentaire. Selon le rapport [25], Madagascar fait partie des trois pays d’Afrique [25] les plus menacés avec la Centrafrique et la République Démocratique du Congo (RDC).

Ce reportage de la Deutsche Welle montre comment différents facteurs climatiques et politiques ont contribué à une crise majeure pour Madagascar:

Augmentation des prix de tous les produits de première nécessité

Les prix des produits indispensables pour l’usage quotidien ne cessent de connaître une hausse. Comme l’illustre ce tableau [26] qui établit une liste des produits concernés par la flambée des prix:

Est-ce que ça va continuer?

La dette que le peuple et ses descendants doivent payer s'élèvent à 4 milliard de dollars

Année 2019

Prix d’1kg de riz 1kg: 0.41 dollar américain

Un litre d’huile : 1,14 dollar américain

Essence 1l: 0,94 dollar américain

Gasoil 1l: 0,80 dollar américain

Frais bus: 0.091 dollar américain

1 Euro: 0,87 dollar américain

Taux de pauvreté: 74 %

Année 2023

Prix d’1 kilo de riz: 0,89 dollar américain

Un litre d’huile: 2,97 dollar américain

Essence 1l: 1,35 dollar américain

Gasoil 1l: 1,12 dollar américain

Frais bus: 0.14 dollars américains

1 Euro: 1,09 dollar américain

Taux de pauvreté: 92 %

Face à une telle inflation, la position du gouvernement malgache semble être de rejeter toute responsabilité interne. Ainsi, selon le média Vaovao Farany, [27]Lalatiana Rakotondrazafy, la ministre de la culture et de la communication déclare:

Tsy ny fitondram-panjakana no tsy mahay mitantana» hoy ny Minisitry ny Serasera androany.
Eran-tany no miatrika ny fisondrotany fa tsy eto Madagasikara irery. Manampy trotraka ny fisian'ny adin'i Ukraine sy Russie sy ny rivo-doza nandalo nifanesy teto Madagasikara isan'ny nampidina ny famokarana ary voatery nanafatra ny fanjakana hoy hatrany izy.

Ce n’est pas le gouvernement qui ne sait pas gérer. L’inflation est partout dans le monde mais pas seulement à Madagascar.  La guerre entre l’Ukraine et la Russie ainsi que le passage successif des cyclones qui ont frappé Madagascar a diminué la production. L’État est donc dans l’obligation de recourir à l’importation des riz.

Des solutions limitées

L’État malgache a déjà mis en place le State Procurement of Madagascar [28], une société qui importe directement des produits de première nécessité. De plus, des mesures sociales d'urgence, comme les projets “Vary Tsinjo” [29], (des riz importés par l’État pour être vendu à bon marché, et les “Tsena mora” sont installés dans les fokontany (quartiers) pour permettre aux ménages d'acheter du riz à bon marché.

Mais cela ne semble pas suffisant, comme l'indiquent les réactions en ligne de nombreux Malgaches:

Frank Audrey [30] a publié, avec une bonne dose d'humour, sur le mur de Real TV Madagascar [31] :

Les Malgaches sont très durs !!

Nous sommes au pic de la richesse !!!

Le prix du riz augmente, on peut toujours acheter, personne n’ose pas en parler ni bouger

Le prix du carburant augmente, personne n’en parle

Le prix des produits de première nécessité monte et ça continue

Les prix de tous les biens augmentent ! Et les Malgaches peuvent toujours endurer

Vive le peuple malgache!!

 

Madagascar Global News [32] publie sur Facebook:

PRIX DU RIZ 4100 AR (0.9446 dollars américains)

Sauvez-nous s'il vous plaît.

Nous sommes très pauvres et meurent de faim

Diminuez le prix d’une kapoaka du riz

Le prix du riz est insupportable

Alors que le climat politique se tend, le gouvernement décide donc d'imposer un silence forcé alors que la situation alimentaire empire de jour en jour.