Il y a 33 ans, la Révolution de Velours commençait dans les rues de Prague

Commémoration du 17 novembre 1989, sur Národní třída dans le centre de Prague, le 17 novembre 2022. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

Le 17 novembre 1989 a marqué le début d’une manifestation de rue pacifique dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, qui a finalement conduit à la fin du communisme dans toute l’Europe centrale et orientale. Trente-trois ans plus tard, les événements, décrits par les historiens comme la Révolution de Velours, sont commémorés dans la même rue où tout a commencé à Prague.

Cette date est commémorée internationalement depuis 1941 comme la Journée internationale des étudiants en mémoire des événements de novembre 1939, lorsque les nazis, qui occupaient les terres tchèques depuis 1938, ont rassemblé des étudiants protestataires, ont tué plusieurs de leurs dirigeants, en ont envoyé bien d’autres dans des camps de concentration et ont fermé toutes les universités le 17 novembre. Les commémorations en Tchécoslovaquie socialiste (1948–1989) ont été étroitement surveillées par les autorités pour s’assurer qu’elles ne permettaient aucune critique du gouvernement.

Pourtant, c’est précisément ce qui s’est passé les 16 et 17 novembre 1989 lorsque, à Bratislava et à Prague, des étudiants slovaques et tchèques ont défié la censure et ont manifesté dans les rues. À Prague, les étudiants se sont rassemblés dans l’une des rues principales, appelée Národní třída (qui signifie littéralement « Grande Rue nationale » et qui est liée dans son histoire à l’identité tchèque, par opposition à l’identité allemande à l’époque où les terres tchèques faisaient partie de la monarchie des Habsbourg, de 1526 à 1918), comme on peut le voir sur cette vidéo :

Malgré les violences policières, les arrestations et les passages à tabac, les étudiants ont été rejoints par de nombreux autres citoyens dans les jours qui ont suivi et, le 28 novembre, le gouvernement a annoncé que le Parti communiste, au pouvoir depuis 1948, ne jouerait plus un « rôle de premier plan », mettant fin de facto à son monopole politique sur la société tchécoslovaque.

Depuis 2018, cette date, qui continue d’être une fête nationale, est officiellement appelée « Den boje za svobodu a demokracii a Mezinárodní den studentstva » (Journée de lutte pour la liberté et la démocratie, et Journée internationale des étudiants). À Prague, elle est commémorée dans le centre-ville, sur la place Venceslas et sur Národní třída avec des concerts, des discours, des apparitions de personnalités politiques, l’allumage de bougies, des archives d’images et sonores et même des reconstitutions historiques.

Voici une galerie photo de la célébration de l’année 2022 à Prague.

Les gens se sont rassemblés au milieu de Národní třída pour allumer des bougies et commémorer les événements du 17 novembre 1989. Cette partie de la rue abrite une exposition permanente de photos présentant des images de cette journée et sert ainsi de monument à la mémoire de la fin du communisme dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie.

Národní třída au centre de Prague. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

Cette photo historique de Tomki Němec prise en novembre 1989 montre que ce même rituel consistant à allumer des bougies pour commémorer la Journée internationale des étudiants était déjà une tradition à l’époque. Les photos de Němec sont affichées de manière permanente sur Národní třída.

Photo originale de 1989 de Tomki Němec exposée sur Národní třída dans le centre de Prague. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

De nombreux parents amènent leurs enfants lors de ce qui est devenu une fête nationale pour leur enseigner la démocratie et la mémoire historique.

Národní třída dans le centre de Prague. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

Voici une mère qui explique les événements du 17 novembre 1989 à ses enfants en leur montrant l’exposition permanente de Tomki Němec.

Národní třída dans le centre de Prague. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

L’un des principaux déclencheurs de ce qui est devenu la Révolution de Velours était la violence policière, qui contrastait avec les manifestants pacifiques, comme on peut le voir sur l’une des photos de Němec. Sur la bannière, on peut lire « Liberté ».

Photo originale de 1989 de Tomki Němec exposée sur Národní třída au centre de Prague. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

En novembre 2022, une partie de la reconstitution consistait à exposer un camion de la tristement célèbre Veřejná Bezpečnost tchécoslovaque, ou VB (sécurité publique), qui était responsable, entre autres, de la détention, de la surveillance et du passage à tabac de toute personne qui critiquait le Gouvernement socialiste et son idéologie.

Národní třída dans le centre de Prague. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

Národní třída le 17 novembre 2022 peut ressembler exactement au 17 novembre 1989 :

Národní třída dans le centre de Prague. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

Une partie de l’exposition sur Národní třída comprend des photos et des citations de personnes qui ont participé activement aux manifestations et au mouvement dissident qui ont finalement conduit Václav Havel à passer de la prison à la présidence de la Tchécoslovaquie, puis de la République tchèque. La citation ci-dessous signifie : « La révolution [de 1989] m’a apporté la liberté. Et c’est la chose la plus précieuse que j’ai dans la vie. »

Národní třída dans le centre de Prague. Photo de Filip Noubel, utilisée avec autorisation.

 

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