Au Niger, des militaires renversent le président Mohamed Bazoum

Mohamed Bazoum, capture d'écran de la chaîne Youtube de France 24

Le contexte politique de la République du Niger est parsemé de coups d’État et de nombreuses tentatives de coups d'État militaires. Depuis son indépendance le 3 août 1960, le pays en a connu quatre. Mais ce 26 juillet 2023, un nouveau coup d’État perpétré par les militaires de la garde présidentielle réussit à chasser le président désormais déchu, Mohamed Bazoum.

Le 21 février 2021, au second tour des élections présidentielles du 27 décembre 2020, Mohamed Bazoum, candidat présenté par Mahamadou Issoufou (président sortant) est élu président du Niger avec 55,75 % des voix face au candidat de l’opposition Mahamane Ousmane (44,25 %). Toutefois son élection est contestée par les partisans de Mahamane Ousmane. Quelques jours avant son investiture, du 30 au 31 mars 2021, Bazoum essuie une tentative de coup d’État qui n'empêche pas son investiture le 2 avril 2021. Deux ans plus tard il est donc renversé.

A la télévision nationale, les militaires annoncent le putsch. Comme l'indique Tchad One, un journal tchadien, dans ce tweet :

La majorité des nigériens dénonce une gouvernance qui ne répond plus aux attentes des populations dont les principaux griefs sont les  attaques terroristes, l'insécurité, la corruption, et en général, la mauvaise gouvernance.Moussa Aksar, journaliste et directeur de publication du journal “L’Événement” au Niger explique au micro de la Deutsche Welle:

Vous savez, il y a le problème sécuritaire dans toute la zone des trois frontières. On a vu l’afflux de réfugiés, des gens qui ont été chassés par les terroristes. Il y a aussi la gouvernance qui n'a pas changé, Bazoum a promis la lutte contre la corruption mais aujourd'hui les militants du PNDS, le parti présidentiel, qui ont posé des actes répréhensibles n'ont pas été inquiétés

Des manifestations de tous bords

Depuis le 26 juillet, les manifestants inondent les rues de Niamey, la capitale nigérienne. Au lendemain du renversement du pouvoir en place, ces manifestations continuent mais comme l'indique Tv5Monde sur son compte twitter, certains s'opposent au coup d’État,

D'autres applaudissent le coup de force des militaires. Des scènes de saccage et de destructions des biens publiques sont à relever. Le siège du parti au pouvoir est par exemple pris pour cible alors que quelques ministres et responsables tiennent une réunion dans les locaux:

Une autre vague de manifestants scande le nom de la Russie et réclame déjà le départ de la France du pays.

Printemps des coups d’États en Afrique de l'Ouest

Après le renversement du pouvoir au Mali (août 2020 et mai 2021), en Guinée conakry (septembre 2021) et au Burkina-Faso (septembre 2022), le renversement de Mohamed Bazoum constitue le 5è coup d’État dans quatre pays de l'Afrique de l'Ouest depuis 2020. Une vague de coups de force par des militaires dans ces différents pays qui laisse entrevoir un message clair: la volonté des populations d'en finir avec les régimes et pouvoirs dictatoriaux qui ignorent les besoins du peuple.

Plusieurs facteurs interviennent dans ce 5è coup d’État au Niger. Jusqu'à ce 26 juillet 2023, le Niger était le seul pays du Sahel à être dirigé par un civil alors que les pays voisins et frontaliers, notamment le Mali et le Burkina-Faso ont à leur tête des militaires. D'un autre côté, la collaborations de ces pays voisins avec la Russie après le départ des forces françaises sur leur territoire semble porter des fruits. Clairement, la Russie influence et gagne du terrain dans la zone sahélienne alors que et le sentiment anti-français devient de plus en plus renforcé au sein des populations

Le Niger demeurait le seul allié de la France au Sahel mais avec ce coup d’État, la France perd peut-être son dernier appui dans la region qui reste la proie des groupes djihadistes.

Pour en savoir plus, lire: Au Niger, le nord-est du pays est devenu une terre d'accueil pour les réfugiés fuyant les attaques armées dans le Sahel 

Des réactions de la communauté internationale

Depuis le matin du 26 juillet, des appels à condamnations pleuvent. A tour de rôle, les puissances internationales, les alliés du Niger et les institutions africaines déplorent ce nouveau coup de force dans la sous-région ouest africaine.

La CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) à travers un communiqué condamne le coup de force:

A sa suite, Moussa Faki Mahamat, président de l’Union africaine dénonce une trahison des éléments militaires qui ont oublié leur devoir républicain:

L'Union Européenne et la France manifestent également leur soutien au président Bazoum en dénonçant une tentative de coup de force par les militaires. Josep Borrell Fontelles, haut représentant de l'Union Européenne pour la sécurité et les affaires extérieures le souligne dans  son tweet:

L’Organisation des Nations Unies (ONU) et les Etats Unis condamnent aussi le coup d’État. Selon le journal LeMatin, Stéphane Dujarric, porte-parole d’Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU déclare:

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, condamne avec la plus grande fermeté toute tentative de prise de pouvoir par la force et d’atteinte à la gouvernance démocratique, à la paix et à la stabilité au Niger.

Selon la même source, Jake Sullivan conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche affirme:

Nous condamnons fermement toute tentative de détenir ou d’entraver le fonctionnement du gouvernement démocratiquement élu du Niger, dirigé par le président Bazoum.

En attendant que le nouveau dirigeant du Niger soit connu, le président Mohamed Bazoum est toujours détenu par les militaires putschistes au sein de la présidence de la République.

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