Après le coup d’État du 30 août 2023 qui a renversé Ali Bongo, l'ancien président du Gabon, un comité de transition dirigé par Brice Oligui Nguema a été formé pour sortir de pays de la crise.
Ce 4 septembre 2023 Brice Oligui Nguema est investi et prête serment en tant que président de la transition de la République du Gabon. Il est de facto très proche du pouvoir, car il est membre de la grande famille Bongo par sa mère qui était une cousine du feu président Omar Bongo., et a lui-même servi aux côtés d'Omar et d'Ali Bongo.
Ainsi investi, il a la charge de former un gouvernement de transition, et de travailler à restaurer les institutions de la république entre temps dissoutes.
Dans son premier discours lors de sa prestation de serment, le nouvel homme fort du Gabon promet aussi d'organiser dans les plus brefs délais des élections pour remettre le pouvoir aux civils. Cette vidéo sur Africa 24 rend compte de son discours:
Oligui Nguema annonce aussi qu'il veut combattre la corruption qui a gangrené le pays pendant des années.
Selon Actu Cameroun, lors d'un entretien avec les directeurs généraux de l’administration publique et parapublique gabonaise, le président de la transition met en garde ces derniers. Oligui ordonne que :
Chaque DG qui se trouve dans cette pièce qui sait qu’il a fricoté avec les enfants là ou alors qu’il a pris plus que de raison doit venir rendre l’argent et s’expliquer sous 48h, venez vous même car nous savons déjà qui vous êtes. Si dans les 48h vous ne vous êtes pas présenté auprès des services (B2, DGR ou DGSS) nous viendrons vous chercher et vous allez comprendre la différence.
Ali Bongo libre de tout mouvement
Candidat pour un troisième mandat à la tête du pays malgré son état de santé fragile après son AVC en 2018, Ali Bongo a été arrêté à la suite des résultats contesté des élections générales et assigné en résidence surveillée lors du coup de force des militaires. Les tractations et les médiations entreprises par Faustin Archange Touadéra président de la République Centrafricaine qui a été mandaté par de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) pour engager des discussions avec les acteurs gabonais semblent être efficaces. L'un des résultats de cette facilitation est en effet la libération d'Ali Bongo de sa résidence surveillée.
Dans un communiqué signé par Brice Oligui Nguema, diffusé sur Gabon 24 et repris par VoxAfrica sur Twitter, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), mis en place par les militaires putschistes, indique que:
#Gabon : L'ex président Ali Bongo désormais libre de ses mouvements
L'annonce a été faite par le porte-parole du Comité pour la CTRI. Le général Brice Oligui Nguema a décidé de relaxer, le président déchu pour des raisons de santé.#Gabon2023 #Voxafrica pic.twitter.com/rvU4KKAhKN
— Voxafrica (@voxafrica) September 7, 2023
Le Gabon condamné et suspendu de la CEEAC et de l'Union Africaine
Avant la prise de pouvoir par les militaires, le Gabon abritait le siège de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) et Ali Bongo en était le président en exercice de la CEEAC. Le coup d’État a irrité les autres présidents des pays de l'Afrique centrale réunis au sein de la CEEAC. Après avoir condamné le coup de force et appelé à un retour à l'ordre constitutionnel, la CEEAC a décidé ce 4 septembre de suspendre le Gabon de toutes les instances de l'institution. Le siège de la CEEAC est transféré de Libreville, capitale du Gabon à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale.
Cette décision de l'institution n'est pas passée inaperçue sur la toile. Sur Twitter, l'information a été relayée comme en témoigne cette publication de Fenelon Massala, reporter à Financial Afrik.
Les chefs d'État et de gouvernement de la Ceeac ont condamné le coup d'État au Gabon, suspendu le pays des instances, ordonné le transfert immédiat du siège de la Ceeac de Libreville à Malabo et donné un délai d’un an à la transition militaire pour organiser des élections pic.twitter.com/20s7AhtUNu
— Fenelon MASSALA (@rfemassala) September 4, 2023
En session extraordinaire tenue le 4 septembre à Djibloho, en Guinée équatoriale, la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’institution nomme Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de la Guinée équatoriale pour remplacer Ali Bongo à la tête de la CEEAC.
L'Union africaine, de son côté, a aussi condamné le coup de force et a suspendu le Gabon de toutes instances ainsi que sa participation à toutes les activités de l'institution. Sur Twitter, une citoyenne gabonaise au nom de Queen Don ironise face à cette décision de l'UA:
L’UA qui suspend le Gabon 🇬🇦 mais elle était incapable de lever le petit doigt lorsque le Gabon était dans un black-out depuis le 26 Août. Incroyable #FreeGabon
— Queen Don🇬🇦✨ (@marinajoela) August 31, 2023
Alors que le CTRI vient tout juste de commencer son travail, nombre d'observateurs et d'internautes doutent déjà de la sincérité de Brice Oligui Nguema à préserver les intérêts du Gabon. Pour ces derniers, son entretien avec l'ambassadeur de France à la veille de sa prestation de serment semble indiquer une volonté de préserver les intérêts de la France au Gabon.
Dans un article de Panorama papers, relayé sur Twitter, Jean Ping, opposant et candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2016 estime que le président de la transition agit pour l'ancienne puissance coloniale:
Check out this article: Coup d'État | Gabon: Le général Brice Oligui Nguema est un pion de la France selon Jean Ping – https://t.co/yTad5f5gfL
— Panorama Papers (@Panoramapapers) September 5, 2023
Cette position de Jean Ping est soutenue par d'autres utilisateur de Twitter à l'instar de Dr Kanga qui écrit sur son compte:
Voici les gages faits à la France politiq par le nouveau pouvoir gabonais présidé par le putschiste, le général OLIGUI NGUEMA. Si l'on s'en tient à ces propos,le putschiste ramène de nouveau la France chassée au Gabon, on saisit alors l'adoubement par celle-ci du pouvoir gabonais https://t.co/qc9pH5FYGj
— Dr KANGA (@AkassiKanga) September 5, 2023
Brice Oligui Nguema va't-il modifier en profondeur les liens entre Paris et Libreville et pourra-t-il préserver les intérêts du Gabon comme le font déjà les régimes putschistes en Guinée, Burkina-Faso, au Mali et tout récemment au Niger, ou s'agit-il d'un changement dans la continuité des relations franco-gabonaises?