GV : Qui êtes-vous ?
DN : Je suis né le 18 novembre 1996 à Mbalmayo, Chef-lieu du Département du Nyong et So’o dans la région du Centre Cameroun. Après mes études secondaires sanctionnées par l’obtention d’un baccalauréat A4 Lettres-Philosophie au Lycée de Mbalmayo-Oyack en 2013, j’ai étudié les lettres bilingues (français-anglais, option Études contrastives) à l’Université de Yaoundé I où j’ai obtenu ma licence en 2016. Puis, en 2021, j’ai décroché un certificat de qualification professionnelle (CQP) en Montage et Gestion des Projets au CFPAM (Centre de Formation Professionnelle des Arts et Métiers) d’Ekounou, à Yaoundé. En juin 2022, j’obtiens une admission en Master 1 Traduction, Narration et Nouveaux Médias à l’Université d’Évry —Paris Saclay (France). Mais, malheureusement, la situation financière de ma famille n’a pas permis que je saisisse pleinement cette grande opportunité d’étudier à l’étranger. Toujours passionné et poursuivant sans cesse mon rêve, c’est finalement à l’ISTIC (Institut Supérieur de Traduction, Interprétation et de Communication) de Yaoundé que j’ai déposé mes valises en octobre 2022. J’y suis actuellement en fin de cycle Master Ingénierie linguistique et Traduction (Français-anglais-LSF).
Sur le plan professionnel, en plus d’être un programmeur linguistique et un traducteur professionnel, je suis aussi écrivain d’une part, et enseignant d’anglais et de français comme secondes langues d’autre part. Je travaille depuis plus de six ans au Collège Catholique Bilingue de la Retraite, l’un des plus prestigieux établissements d’enseignement secondaire au Cameroun. 4e Prix de la Jeune Plume camerounaise en 2015 (prix décerné par la Fondation Genoo), mon dernier ouvrage en date est une pièce théâtrale intitulée Ça sort comme ça sort.
J’aime principalement les langues, la littérature et la culture. Je suis passionné de la traduction et de ses technologies et aussi de l’enseignement; car transmettre ses connaissances à la postérité relève du divin.
GV : Comment avez-vous découvert GV et qu’est-ce qui vous a poussé à nous rejoindre ?
DN : La première personne à m’avoir parlé de Global Voices (GV), est mon professeur de traduction éditoriale à l’ISTIC de Yaoundé. Alors qu’il me parlait des compétences en traduction qu’il avait détectées en moi, il m’a proposé de rejoindre GV, où, pensait-il, en tant que traducteur bénévole, je gagnerais non seulement en expérience, mais aussi en visibilité. J’ai tout de suite trouvé cette idée géniale. Il m’a ensuite envoyé le lien de demande d’adhésion et c’est de là que tout est parti. Parallèlement, un heureux hasard a voulu que je sois sélectionné, avec quatre autres camarades de mon école, pour subir un stage académique à GV, car pour le Directeur de l’ISTIC — le Professeur Charles SOH — GV offre l’immense opportunité aux étudiants en traduction professionnelle de se frotter aux réalités professionnelles et de s’approprier les nouvelles tendances technologiques du métier de traducteur. Entre la volonté de mon enseignant, celle de mon école et la mienne, je me suis retrouvé embarqué dans une exceptionnelle aventure professionnelle, qui ne fait d’ailleurs que commencer.
Ma motivation à rejoindre GV vient du fait que c’est l’une des plus grandes communautés de traducteurs bénévoles au monde. Nous sommes libres de choisir entre plusieurs textes aux thématiques diverses. Chacune de nos traductions est accessible à des millions de personnes à travers le monde —on y gagne donc en expérience et en visibilité. L’autre aspect, très important, est que, GV est à la pointe de la technologie avec notamment ses plateformes WordPress et Trello. Apprendre à manipuler ces outils, allant du choix d’un texte sur Trello à sa traduction et sa révision du WordPress GV, en passant par le paramétrage de son profil d’utilisateur, c’est se mettre automatiquement au niveau des pratiques professionnelles mondiales actuelles en matière de traduction — une sorte de technotraducteur !
GV : Pourquoi principalement la traduction d’articles sur les sciences humaines et la politique ?
DN : Voyez-vous, c’est grâce aux sciences humaines que les hommes sont à même de comprendre la vie dans tous ses aspects ainsi que le monde qui les entoure. Face à la gravité des enjeux actuels de l’économie mondiale, dans un contexte à la fois menaçant et porteur de nouveaux défis, et face au caractère inédit de son impact sur le fonctionnement de nos sociétés, l’apport des sciences humaines s’avère précieux. Elles sont l’outil de connaissance des évolutions et des mécanismes qui marquent les sociétés. Et en tant que traducteur professionnel, il est de mon devoir —grâce aux articles que je traduis — de favoriser la circulation et le transfert des idées et des informations d’une culture à une autre, pour que, en brisant les barrières linguistiques et culturelles, tous les hommes du monde aient accès aux mêmes savoirs et opportunités.
En outre, si vous voulez que les Droits humains soient respectés, qu’il existe une égalité des genres, que la démocratie soit exercée partout dans le monde, que les immigrés et les réfugiés soient respectés et protégés, que la corruption et les changements climatiques reculent… traduisez simplement tout ce qui est politique ! La traduction ne brise pas que des barrières linguistiques et culturelles, elle éveille aussi les consciences en permettant un accès équitable aux idées et aux informations à tous les peuples, à toutes les couches sociales, à tous les genres. Aujourd'hui, la traduction va au-delà du simple passage d’une langue vers une autre, d’une culture vers une autre, c’est un instrument de développement qui change et fait avancer le monde sur tous les plans.
GV : Quel serait le message que vous aimeriez faire passer ?
DN : Déjà, il est important de relever que le domaine de la traduction est très compétitif. L’on peut être doué en la matière, mais le manque d’expérience peut vite s’avérer être un obstacle à l’épanouissement professionnel. La traduction est un art, et, cet art, il faut régulièrement l'exercer et se mettre à l’école de son évolution et de la pratique de ses nouvelles tendances pour demeurer compétitif. En traduisant pour GV, j’affine mon art, je me perfectionne et, par-là même, je peux prétendre trouver une place parmi les « maîtres ».
Il y a aussi que les gens de nos jours sont plus à l’affût de l’argent que de toute autre chose, surtout en Afrique où les conditions de vie ne sont pas toujours favorables. En effet, le bénévolat n’est pas la chose la mieux partagée. Or, il est évident que le traducteur bénévole de GV accomplit une tâche très noble : traduire pour que la langue ne soit pas une barrière à la compréhension des idées et de l’actualité mondiale. Nous sommes donc des traducteurs d’une utilité planétaire, et pour cela, nous devons davantage être connus et reconnus.