Plus de 60 parlementaires fédéraux australiens ont exprimé leur soutien au fondateur de Wikileaks, Julian Assange [fr]. Il est incarcéré au Royaume-Uni depuis 2019, luttant contre son extradition vers les États-Unis. Il avait auparavant passé sept ans réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres. Il fait face à des accusations aux États-Unis pour complot et espionnage.
Dans le cadre de cette initiative, six parlementaires se sont rendus à Washington, DC, la semaine du 27 septembre, pour faire pression en faveur de sa libération. Democracy Now a rendu compte des développements concernant son pays d'origine, l'Australie :
Une délégation de législateurs australiens est arrivée à Washington, DC, pour exhorter l'administration Biden à mettre fin aux poursuites contre le fondateur de WikiLeaks et citoyen australien Julian Assange. Plus de 60 membres du Parlement australien de tous bords politiques ont demandé la libération d'Assange.
Dans une interview accordée à Democracy Now, le sénateur des Verts Peter Whish-Wilson a expliqué :
L’objectif principal de notre délégation, et il est multipartite, est de faire savoir aux Américains, et en particulier à ceux au pouvoir, que les Australiens sont très attachés à cette question. Nous pensons que Julian Assange a suffisamment souffert. Il est incarcéré, sous une forme ou une autre, depuis près d'une décennie pour la simple publication de la vérité. Il est citoyen australien. Il a remporté la plus haute distinction journalistique en Australie.
Voici l'interview vidéo complète :
La délégation est composée de membres issus de l'ensemble de l'échiquier politique, y compris des principaux partis et d'un indépendant. L'ancien vice-premier ministre Barnaby Joyce en fait partie. Son parti national est plutôt conservateur, ses électorats étant composés de communautés rurales agricoles et minières. Le groupe comprend deux sénateurs verts ainsi qu'un libéral et un travailliste.
La Columbia Journalism Review a présenté le contexte de la visite :
Les membres de la délégation ont différentes raisons de vouloir que les États-Unis abandonnent les charges retenues contre Assange, depuis le qualifiant de courageux révélateur de la vérité jusqu'à la crainte plus large, soulignée par Joyce, d'autoriser l'extradition de quelqu'un qui n'a pas été accusé d'actes répréhensibles dans leur pays de citoyenneté créerait un précédent que la Chine, entre autres pays, pourrait exploiter.
Le président brésilien Lula a également demandé la libération de Julian dans un discours prononcé devant l'Assemblée générale des Nations Unies. Lula argumentait :
Préserver la liberté de la presse est essentiel. Un journaliste, comme Julian Assange, ne peut être puni pour avoir informé la société de manière transparente et légitime.
Le président colombien Gustavo Petro a également apporté son soutien :
C'est un journaliste, point barre. Et ce qu’il a fait était le travail d’un journaliste, point final. C'est la plus grande parodie de la liberté de la presse.
Progressive International a publié ce court métrage sur YouTube sur le sujet :
La journaliste d'investigation Stefania Maurizi a régulièrement couvert la publication de documents secrets par Wikileaks. Elle a attaqué les dirigeants européens pour leur silence sur l'emprisonnement d'Assange sur Mastodon :
Le comédien et commentateur politique américain controversé Lee Camp a appelé à protester contre le traitement infligé à Assange et ses implications pour la liberté des médias :
Mais tout le monde sur les réseaux sociaux n’est pas fan de Julian Assange. Certains lui reprochent d’avoir aidé Donald Trump contre Hillary Clinton lors de la course présidentielle de 2016 . La Glasvégienne Linda Stansbury a posté sur X (anciennement Twitter) :
Il est étrange que vous invoquiez une menace pour la démocratie dans l’affaire Julian Assange. Il semble qu’Assange soit plutôt sélectif quant aux informations qu’il juge devoir être plus transparentes, comme la publication de documents avant les élections de 2016 qui ont sans doute contribué à faire basculer le résultat contre Clinton !
— Linda Stansbury 🇺🇦 🏴🌻🌻🌻 (@LStansbury) 25 septembre 2023
De son côté, le journaliste australien Peter Cronau a exprimé son ferme soutien à Assange :
Créer un précédent en réduisant les journalistes au silence, tel est l'objectif des États-Unis depuis le début.
« La persécution de Julian Assange crée un précédent mondial très dangereux pour la liberté de la presse. » @SenatorSurfer sur @democracynow https://t. co/lcWlGqph23
— Peter Cronau (@PeterCronau) 21 septembre 2023
La délégation à Washington a rencontré des membres du Congrès et des responsables du ministère de la Justice, notamment la controversée membre de la Chambre des représentants Marjorie Taylor Greene , qui a demandé l'abandon des accusations.
Binoy Kampmark, professeur d'université au RMIT de Melbourne, s'est présenté comme candidat du parti Wikileaks au Sénat australien en 2013. Il a publié son point de vue sur la visite sur l'Australian Independent Media Network :
Ces opinions, cohérentes et vénérablement solides, ont rarement influencé les chapeliers fous du ministère de la Justice qui continuent d’opérer dans le cadre du même consensus ecclésial considérant Assange comme une aberration et une menace pour la sécurité des États-Unis. Et ils peuvent, en fin de compte, s’appuyer sur le calcul de l’attrition qui suppose que les alliés de Washington finiront par mettre la main à la pâte, même s’ils se plaignent.
Comme Binoy Kampmark, nombreux sont ceux qui doutent que les derniers efforts aient un impact sur le gouvernement américain. Le rapport de Reuters sur la visite concluait :
Le soutien à Assange parmi les décideurs politiques américains reste faible.
S’il est extradé, Assange risque une peine pouvant aller jusqu’à 175 ans dans une prison à sécurité maximale.