La Biélorussie et le Zimbabwe ont signé un ensemble de documents. Capture d'écran d'une vidéo YouTube de la chaîne YouTube ONT (la chaîne est sponsorisée par le gouvernement biélorusse). Utilisée avec permission

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Au début de 2023, le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenka [fr] (Président de la Biélorussie depuis la création du bureau le 20 juillet 1994) a adopté et promu les relations de la Biélorussie avec le Zimbabwe. Il s'est rendu dans ce pays africain pour une visite d'État de trois jours et a promis une avancée décisive dans la coopération, en offrant au gouvernement davantage de tracteurs et de moissonneuses-batteuses dans le cadre d'un programme de mécanisation agricole, qui a coûté environ 66 millions de dollars. 

Après le retour de Loukachenka à Minsk, la capitale biélorusse, il a été annoncé que suite à sa visite au Zimbabwe, des contrats d'une valeur de 200 millions de dollars avaient été finalisés. Comme l'explique le média biélorusse indépendant UDF (qui signifie « Unité, Démocratie, Liberté »), rien n'a beaucoup changé depuis janvier 2023 en ce qui concerne les relations économiques entre les deux pays.

L’ UDF a décrit un calendrier de visites officielles et de documents signés presque chaque mois. En mars 2023, le ministre zimbabwéen des Affaires étrangères et du Commerce international, Frederick Shava, s'est rendu à Minsk, où il a discuté avec Loukachenka.

En avril, la Première dame du Zimbabwe, Auxillia Mnangagwa [fr], s'est également rendue à Minsk. Le but officiel de sa visite dérivait apparemment de son intérêt pour le système de santé biélorusse, l'aide aux enfants et la production d'aliments pour bébés. Les médias indépendants du Zimbabwe ont critiqué cette visite,  affirmant que la loi zimbabwéenne n'autorise pas l'épouse du président à effectuer des visites d'État .

Ils ont également mentionné qu'elle était accompagnée de l'homme d'affaires « controversé » Aleksander Zingman , nommé consul honoraire pour le Zimbabwe par le Président Emmerson Mnangagwa [fr] en 2019 et décrit par les journalistes étudiant les  Pandora Papers [fr]( 11,9 millions de documents  divulgués  par le Consortium international des journalistes d'investigation à partir du 3 octobre 2021) en tant que copropriétaire d'une co-entreprise qui exploitait de l'or au Zimbabwe dans le cadre d'un accord fantôme.

Loukachenka rencontre la Première dame du Zimbabwe. Capture d'écran d'une vidéo YouTube de la chaîne YouTube de la radio Pervyi natsionallyi canal Belorusskogo (la chaîne est parrainée par le gouvernement biélorusse). Utilisée avec permission

Lors de sa rencontre avec Loukachenko, la Première dame du Zimbabwe l’a appelé non seulement « le père du pays mais aussi la mère ». En août 2023, le nouvel ambassadeur du Zimbabwe en Biélorussie, Ignatius Graham, est arrivé à Minsk .

Même après avoir finalisé les accords au début de l'année, les deux parties ont signé une série de documents , notamment une directive de Loukachenko visant à créer une commission mixte coopérative en mai 2023, les ministres de l'Éducation mettant la plume sur un plan stratégique pour l'enseignement supérieur et la science de 2023 à 2025, et la Chambre des représentants a approuvé un pacte entre la Biélorussie et le Zimbabwe pour éviter la double imposition.

Cependant, comme l'UDF l'a souligné , aucun résultat pratique n'a été observé dans tous ces accords. Dans les sources ouvertes, la seule information disponible est un message d’août 2023 : l’agence de presse officielle BelTA a rapporté que 3 575 tracteurs devraient être livrés au Zimbabwe entre 2023 et 2024 et que leur expédition a déjà commencé. De ces données, il ressort que depuis le début de l’année, peu de progrès ont été réalisés en la matière. Auparavant, Loukachenka avait annoncé que la Biélorussie fournirait 3 700 tracteurs.

Il y a quelques mois, la Biélorussie a fait don de 23 camions de pompiers au Zimbabwe.

L'UDF cite le Premier ministre biélorusse Roman Golovchenko [fr] disant que dans les relations commerciales extérieures avec les pays africains, « le capital politique accumulé n'a pas encore été converti de manière adéquate en projets commerciaux et économiques réussis ».

Ainsi, rapporte l'UDF , presque la seule chose que la partie biélorusse a pu recevoir au cours de l'année écoulée était un lion en peluche offert à Loukachenka lors de sa visite dans ce pays africain.

Un cadeau à Loukachenka au Zimbabwe – un lion en peluche. Capture d'écran de la vidéo YouTube de la chaîne YouTube RBR Info . Utilisée avec permission

Comme le souligne l'UDF , les tentatives de Loukachenka d'établir une coopération avec le Zimbabwe peuvent s'expliquer par deux raisons possibles : soit des tentatives visant à contourner les sanctions occidentales, soit une tentative de construire un système de corruption sous couvert de coopération bilatérale .

Cependant, la situation semble évoluer davantage. Les médias indépendants biélorusses et africains ont remarqué que l'envoyé spécial de Loukachenka, Viktor Sheimanre, s'est récemment rendu au Zimbabwe, où il a rencontré le président du pays, Mnangagwa, et le ministre des Affaires étrangères Shava, le 30 octobre 2023. Comme l’a rapporté The Zimbabwean, l'arrivée du général de l'armée biélorusse Viktor Sheiman a suscité des inquiétudes. Sheiman, confronté à des sanctions [fr] de la part de l'Union européenne et des États-Unis, s'était déjà rendu au Zimbabwe pour discuter d'accords commerciaux privés en 2018.

Au cours de cette période , il aurait négocié des accords commerciaux représentant le gouvernement biélorusse, notamment des projets d'extraction de minéraux tels que l'or, le platine et les terres rares dans le cadre d'un projet minier collaboratif. Cependant, la fuite ultérieure des Pandora Papers a révélé qu'à la place, la société minière aurifère appartenait au fils de Sheiman, Sergei, et à l'homme d'affaires biélorusse Alexander Zingman.

Viktor Sheiman est un fervent partisan [fr] du dictateur biélorusse Alexandre Loukachenka depuis de nombreuses années. Il est sanctionné à la fois par l'UE et les États-Unis pour violations des droits de l'homme et pour la disparition des critiques de Loukachenka avant et pendant son mandat de procureur général de Biélorussie en 2004.