Des fraudeurs usurpent l’identité du Président de l’Union africaine grâce à l’IA

Cet article a été initialement publié par Africa Feeds, et une version plus large est republiée sur  Global Voices dans le cadre d'un accord de partenariat de partage de contenu.

Des fraudeurs ont utilisé l'intelligence artificielle (IA) pour se faire passer pour le président de la Commission de l'Union africaine [fr], Moussa Faki Mahamat [fr] . La Commission de l'Union africaine (CUA) fonctionne comme une branche exécutive et administrative, faisant office de secrétariat de l’Union africaine [fr] (UA), et peut-être vaguement comparée à la Commission européenne [fr].

Faki a récemment été victime d'une attaque de cybercriminalité , les auteurs ont utilisé des outils d'IA pour imiter son identité et chercher à entrer en contact avec d'autres dirigeants sous de faux prétextes.

En tant que président de la CUA, Faki envoie régulièrement des communications formelles aux dirigeants mondiaux lors de l'organisation de réunions, un processus connu sous le nom de « note verbale ». Ces notes diplomatiques constituent une procédure standard pour planifier des réunions entre les dirigeants de l’Union africaine et les représentants d’autres pays ou organisations internationales.

Dans un message sur X (anciennement Twitter), le porte-parole du président de l'AUC, Ebba Kalondo, a révélé que des fraudeurs avaient réussi à imiter la voix de Faki, et passé des appels vidéo vers les capitales européennes, apparemment pour organiser des réunions. Elle a déclaré :

Des farceurs ont fait de faux appels vidéo en se faisant passer pour le président @AUC_MoussaFaki dans plusieurs capitales européennes. L’@_AfricanUnion réitère son strict respect du protocole diplomatique et son usage exclusif de la note verbale pour les demandes d'implication de fonctionnaires de haut vol, comme nous le soulignons dans notre déclaration ci-dessous : pic.twitter.com/zKkzTNMgYD

— Ebba Kalondo (@EbbaKalondo) 13 octobre 2023

Selon un communiqué de l'AUC , les cybercriminels ont utilisé de fausses adresses électroniques , se faisant passer pour le chef de cabinet adjoint de l'organisation, pour organiser des appels entre des dirigeants de pays étrangers et Faki. Ils ont également organisé des réunions avec divers dirigeants européens, utilisant des modifications vidéo deepfake pour se faire passer pour Faki.

Dans ce communiqué, la CUA exprimait ses regrets face à ces incidents, soulignant que la commission utilise exclusivement les voies diplomatiques officielles pour communiquer avec les gouvernements étrangers, généralement par l'intermédiaire de leurs ambassades à Addis-Abeba, où se trouve le siège de l'UA .

«La  Commission de l'Union africaine réitère son strict respect du  protocole diplomatique et son usage exclusif de la «note verbale pour les demandes impliquant l'engagement de personnalités haut niveau», a déclaré  Kalondo  dans un  tweet .

La déclaration de l’UA a qualifié ces courriels trompeurs de « phishing », indiquant l’intention des auteurs de potentiellement voler des identités numériques pour accéder sans autorisation à des informations privilégiées.

Les deepfakes [fr], la technologie exploitée par les cybercriminels, gagnent de plus en plus en popularité en Afrique et sont parfois utilisés pour diffuser de la désinformation et de la propagande sur le continent. Ces techniques impliquent l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle pour créer une vidéo ou un audio convaincant de quelqu’un disant ou faisant des choses qu’il n’a pas réellement faites.

En janvier de cette année, des vidéos ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux au Burkina Faso, montrant un groupe de personnes exhortant les citoyens burkinabè à soutenir la junte militaire. Ces vidéos trompeuses ont été créées à l'aide de Synthesia , un logiciel d'intelligence artificielle conçu pour la génération de vidéos. Des vidéos similaires ont circulé au Mali l'année dernière . De plus, dans un cas notoire au Gabon en 2018, une vidéo soupçonnée d’être truquée [fr] a failli renverser le gouvernement, comme le rapporte le magazine Africa Defence Forum (ADF).

Selon une étude menée par IFC et Google , l'économie électronique de l'Afrique est sur le point d'apporter une contribution significative de 180 milliards de dollars à l'économie globale d'ici 2025. Néanmoins, la numérisation rapide entraîne également des menaces potentielles. Des estimations suggèrent que la cybercriminalité à elle seule pourrait coûter à l’Afrique jusqu’à 4 milliards de dollars par an, comme le rapporte le site Internet Investment Monitor.

Alors que la CUA a exprimé ses regrets concernant l'incident de cybercriminalité qui a visé Moussa Faki Mahamat et a souligné son engagement à adhérer strictement au protocole diplomatique, l'organisation n'a fourni aucun détail concernant l'enquête et l'arrestation des auteurs, ni aucune mesure que la CUA envisage de prendre pour prévenir de futures attaques de deepfake.

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