Félix Tshisekedi, président sortant, est réélu fin décembre 2023 pour un second mandat à la tête de la République démocratique du Congo, mais fait face à une opposition contestataire qui ne reconnaît pas son élection.
La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en République démocratique du Congo (RDC) proclame le 31 décembre 2023 la réélection de Félix Tshisekedi pour un second mandat de cinq ans à la suite des élections des 20 et 21 décembre 2023. Selon les résultats, le président sortant est crédité de 73,34% de voix exprimées par les Congolais. Plus de 40 millions d'électeurs étaient attendus sur une population estimée à plus de 100 millions d'habitants, mais seulement 18 millions de Congolais ont pu voté, ce qui représente un taux de participation de 43%.
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Les autres candidats à la magistrature suprême se partagent le reste des voix. Moïse Katumbi, du parti Ensemble pour la République et ancien gouverneur de la province de Katanga (située au sud-est du pays) récolte 18,08% des voix; Martin Fayulu du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) engrange 5,33%; Adolphe Muzito ancien Premier ministre (2008-2012) sous Joseph Kabila, ancien président (2001-2019) se contente de 1,12%. Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018 recueille moins de 1% pour sa première aventure politique.
Une victoire prévisible
Avant la tenue des élections, plusieurs analyses positionnent déjà Félix Tshisekedi comme grand favori aux élections. Selon un sondage réalisé du 16 septembre au 20 novembre 2023 par GeoPoll, baromètre sociopolitique basée aux États-Unis, plus de 70% des Congolais étaient prêts à accorder un second mandat à Tshisekedi.
Le média The Voice of Congo évoque quant à lui, les résultats du quatrième sondage de GeoPoll sur son compte X (ex-Twitter):
« L'intention de soutenir la candidature du Président Tshisekedi pour un second mandat ne cesse de se renforcer, avec 77 % des sondés exprimant leur volonté de voter en sa faveur. » pic.twitter.com/iddAjpnNrh
— The Voice Of Congo (@VoiceOfCongo) December 19, 2023
Les résultats proclamés par la Ceni confirment donc les chiffres issus des sondages.
Rejet total des résultats par l'opposition
Mais l'opposition est loin d'être d'accord avec ces résultats: dès le 31 décembre 2023, l'opposant Martin Fayulu dénonce la réélection de Tshisekedi sur son compte X à travers un message vidéo, et invite le peuple congolais à protester:
Je rejette catégoriquement le simulacre d’élections et les résultats farfelus de la #CENI. Je demande au peuple congolais de protester contre ce nouveau coup d’Etat en application de l’article 64 de notre Constitution. pic.twitter.com/PHjlTyAw37
— Martin Fayulu (@MartinFayulu) December 31, 2023
De son côté, l'opposant Moise Katumbi appelle sur son compte X les Congolais à des marches pacifiques pour exiger la tenue d'un vrai scrutin:
Après le simulacre d’élections organisé par la CENI, le peuple congolais a décidé – comme la Constitution lui en donne le droit – de se prendre en charge et de marcher pacifiquement pour exiger la tenue d’un vrai scrutin. Pour seule réponse, la population a rencontré les tirs et et la violence aveugle des forces de l’ordre. On dénombre plusieurs blessés. C’est inacceptable ! Je condamne énergiquement la répression dont les Kinois (les habitants de Kinshasa, capitale de la RDC) ont été victimes, parmi lesquels de nombreux partisans de #ECIDE, le parti-frère de @martinfayulu. Un point de non retour vient d’être franchi. Cette première marche sera suivie d’autres actions dans tout le pays. La tricherie, la fraude et le mensonge ne passeront pas. J’exprime ici ma compassion aux blessés et aux victimes de la dictature. Leur courage à défendre pacifiquement la liberté et la démocratie s’inscrit dans la ligne de nos héros. Tous ensemble nous sommes condamnés à reprendre en main notre destin. Un nouveau Congo est possible !
— Moise Katumbi (@moise_katumbi) December 27, 2023
Les deux candidats se réfèrent ici à l'article 64 de la constitution congolaise qui stipule que:
Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution
Un scrutin entaché d'irrégularités
Il est vrai que le processus électoral a connu de nombreuses violations de procédure. Des soucis logistique ont émaillé les préparatifs dans le cadre de l'organisation des élections. Certains bureaux de vote ont ouvert avec des retards considérables tandis que d'autres sont dépourvus de matériel électoral à l'ouverture des bureaux. La mission d'observation des élections mise en place par les églises catholiques et protestantes, cité par France24, indique dans son rapport de mi-journée du 20 décembre :
(…)31,37 % des bureaux de vote n’ont pas ouvert ce matin, 45,1 % ont connu le dysfonctionnement des Dispositifs électroniques de vote. Par ailleurs, 9,8 % de bureaux de vote ont été interdits d’accès aux observateurs et 7,84 % ont enregistré des actes de violence dont 5,88 % saccagés.
Réactions internationales
Mais si la réélection du président sortant ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique congolaise, les félicitations pleuvent à l'international.
En Afrique centrale, Evariste Ndayishimiye, président du Burundi qui envoie un message de félicitations le 31 décembre 2023:
Je félicite vivement mon Homologue et Frère S.E Félix Antoine Tshisekedi pour sa réélection à la tête de la #RDC suite à la publication des résultats provisoires. En cas d'eventuel contentieux électoral, je forme le vœu d’une résolution pacifique à travers les canaux légaux. pic.twitter.com/cIYH9WG9f1
— SE Evariste Ndayishimiye (@GeneralNeva) December 31, 2023
Il est suivi par João Lourenço, président de l’Angola. Selon ce dernier, la réélection de Tshisekedi est un gage de rétablissement de la paix et la stabilité au pays et dans la région de l'Afrique centrale. Ses propos sont relayés par le média Le Potentiel sur son compte X:
Selon João Lourenço, cette réélection va permettre le rétablissement de la paix et la stabilité au pays et dans la région.
“Je suis certain que le renouvellement du leadership de Votre Excellence à la tête des destinées de la République Démocratique du Congo est une garantie que nous franchirons des étapes fondamentales vers le rétablissement de la Paix dans notre région, le renforcement de la coopération au sein de la SADC niveau et le renforcement continu des relations de coopération existantes entre nos deux pays», João Lourenço cité par l'agence de presse angolaise.”
— Le Potentiel 🇨🇩 (@LePotentiel_rdc) January 2, 2024
En Afrique de l'ouest, le message de félicitation à l'endroit de Tshisekedi vient de Faure Gnassingbé, président du Togo. Sur son compte X, il écrit:
Chaleureuses félicitations à mon frère et ami, Son Excellence Félix Tshisekedi Tshilombo, @Fatshi20, à la suite de sa réélection à la magistrature suprême de la #RDC, suivant les résultats de la Commission électorale.
Je suis convaincu que ce nouveau mandat nous offre l’opportunité de poursuivre le renforcement des liens historiques d’amitié, de fraternité et de coopération entre nos pays. Je forme pour le peuple frère du #Congo des vœux ardents de paix, de stabilité et de concorde.
— Faure Essozimna GNASSINGBÉ (@FEGnassingbe) January 2, 2024
Ces messages ne font pas oublier que le principal souci au niveau régional est la résolution du conflit à l'est du pays qui oppose depuis 2012 les rebelles du Mouvement du 23 mars aux Forces armées de la RDC. Ramener la paix dans cette zone est sans aucun doute une des priorités du nouveau mandat de Tshisekedi.