Quelle est la langue locale la plus parlée au Togo ?

Le monument de l'indépendance du Togo, Photo Jean Sovon

Place du monument de l'indépendance à Lomé, capitale du Togo, Photo Jean Sovon

Le Togo inscrit deux langues nationales dans sa constitution : l’éwé et le kabyè, appartenant à la grande famille nigéro-congolaise. Mais paradoxalement, c'est une autre langue, le mina, aussi appelé gen, qui se révèle être la langue la plus parlée dans le pays.

Plus de 50 langues sont parlées au Togo, un pays qui compte plus de 9 millions d'habitants. En 1975, deux langues : l’éwé, parlée au sud et le kabyè, parlée au nord sont adoptées comme langues nationales du Togo. En raison de son passé colonial, le Togo inscrit aussi dans sa constitution la langue française comme langue officielle.

De la période esclavagiste à l'indépendance de 1470 à 1960.  en passant par la colonisation, le littoral du sud-Togo a flirté avec plusieurs influences étrangères: marchands et commerçants portugais ; explorateurs allemands, anglais, et français. Chacune des langues parlées par ces nationalités a eu un impact considérable sur les langues locales, surtout pour l’éwé. Au final, cette langue a donné naissance à un mélange avec le mina original, propre aux populations d’Aneho, ville située au sud-est du pays, à 45km de Lomé, la capitale, pour donner une lingua franca plus facile à maîtriser par des locuteurs d'autres langues qui en ont fait un moyen de communication inter-ethnique.

Pour désigner cette nouvelle langue, Minalingo, une plateforme chargée d'initier les internautes à lire, écrire et parler le mina, propose un nom qui unit le mina et l'éwé : le miwé. Dans une analyse de cette langue, la plateforme explique que :

Si on me donnait l’autorité de nommer cette langue si imposante qui resserre les ficelles de l’union nationale, je l’appellerai le MIWE (miwé), car il est composé d’un grand pourcentage du vrai mina, un moyen degré d’éwé qui est férocement concurrencé par le français et un faible degré d’anglais, d’allemand et du portugais.

L'auteur de l'analyse regrette l'absence de documentation sur cette langue qui est pourtant la plus parlée dans le pays. Il souligne :

Ce qui me tracasse, ce n’est guère la fausse identification du dialecte (MIWE) au mina, mais plutôt la quasi absence de documentation et de recherche concernant ce dernier.

Mais en attendant qu'une reconnaissance officielle de langue soit faite, une websérie togolaise réalisée en 2023 promeut cette langue si populaire au Togo.

Dénommée Ahoé (pays, en mina), la websérie est réalisée par Julio Teko et produite par Angela Aquereburu Rabatel sur la base d'un financement participatif de la population. Elle met en exergue, non seulement cette langue locale parlée mais retrace aussi les réalités auxquels font face les Togolais vivant en Occident une fois de retour au pays. Le média français France24 en a fait un sujet récemment :

La websérie de dix épisodes aborde plusieurs thématiques comme la corruption, la trahison, le chômage.

Ici en vidéo, la première épisode de la websérie Ahoé :

Les autres épisodes peuvent être visualisés sur la chaîne YouTube dédié à la diffusion de la série.

Sur les réseaux sociaux, les internautes jettent des fleurs à l'équipe réalisatrice de cette websérie et laissent des commentaires qui encouragent à continuer. Certains réactions sur le réseau X (ex-Twitter) portent sur la sensibilisation contre la stigmatisation des personnes vivant avec un handicap. Ainsi l'internaute Mawoussi Komlan Laba réagit sur son compte:

Afin de réaliser de nouvelles épisodes pour cette websérie, l'équipe d'Ahoé lance un nouveau appel à financement participatif pour collecter au minimum 200 millions FCFA (328650 dollars américains). Des bonnes volontés y contribuent via ce lien. A ce jour, l'équipe a déjà mobilisé plus de 12 millions FCFA comme indiqué sur leur compte X :

L'ensemble des dix épisodes de la websérie Ahoé totalise à ce jour plus de 4,5 millions de vues sur YouTube.

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