
(« ill. 4. Basée sur la photographie d'un asthmatique ayant développé la maladie après avoir contracté la coqueluche à l'âge de trois mois »). H. H. Salter, « On asthma: chest of an asthmatic ». Wellcome Collection. Ressource du domaine public. Source: Wellcome Collection.
Cet article est basé sur une enquête de Meta.mk. Une version éditée est republiée ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu entre Global Voices et Metamorphosis Foundation.
Entre le 1er janvier et le 14 février 2024, l'Institut national de santé publique de la République de Macédoine du Nord a enregistré 28 cas de coqueluche, principalement chez des nourrissons non vaccinés, soit plus du double de ceux répertoriés au cours des cinq années précédentes (2019-2022), à savoir 9 occurrences au total.
Les épidémiologistes recommandent aux jeunes enfants non vaccinés de ne pas aller à l'école maternelle, afin d'éviter des épidémies susceptibles de mettre en danger la santé et la vie des enfants et des personnes âgées. Ils insistent également sur le besoin de vacciner la population, suite au conseil de la Commission des maladies infectieuses de déclarer une épidémie de coqueluche dans la capitale Skopje. Meta.mk s'est entretenu avec les professeurs en médecine Nikola Panovski et Aleksandar Stojanov, qui estiment que seul le vaccin dcaT, administré cinq fois au cours de l'enfance, peut protéger la population.
Vaccin obligatoire
« Les nourrissons qui ne sont pas vaccinés ne devraient pas aller à l'école maternelle. Des enfants plus âgés et non vaccinés sont aussi scolarisés, mais on estime qu'ils surmonteront la maladie plus facilement et qu'ils présentent un risque moins élevé. Mais les nouveau-nés doivent être protégés », explique le professeur Nikola Panovski, qui enseigne la microbiologie médicale à la faculté de médecine de l'université Saints-Cyrille-et-Méthode de Skopje. « D’autre part, un diagnostic rapide est indispensable. Si le médecin soupçonne une coqueluche, il doit prescrire un antibiotique. Le traitement est long, mais empêche la propagation de la maladie. »
Toujours selon lui, les informations mensongères et trompeuses autour de la vaccination qui ont circulé durant la pandémie de COVID-19, ont suscité une peur des vaccins et un manque de confiance, d’où l’augmentation du nombre de mouvements antivax : « Skopje a le plus faible pourcentage de vaccinations, en particulier dans les communes urbaines de Centar et Karpos. Les mouvements antivax ont causé beaucoup de tort. »
Aleksandar Stojanov, un collègue de Nikola Panovski, épidémiologiste à la retraite et ancien responsable de l'Institut national de santé publique, met en garde contre le danger d'une épidémie généralisée de coqueluche, qu'il compare aux épidémies de rougeole et d'oreillons d’il y a quelques années.
There were no whooping cough epidemics in the [recent] past. But then the process was good — DTaP was given five times in a lifetime and people were protected. We allowed the anti-vaxxers to shrink the vaccination percentage. It should be 98 percent if we want the population to be protected. If it is below this percentage, it could always return.
Nous n’avons pas connu d'épidémies de coqueluche au cours des dernières années grâce à un programme de vaccination adéquat : le dcaT était administré cinq fois au cours d'une vie et les gens étaient protégés. Nous avons laissé les mouvements antivax déstabiliser la couverture vaccinale du pays. Le taux de vaccination devrait être de 98 % si nous voulons que la population soit protégée. S'il est inférieur à ce pourcentage, une nouvelle épidémie pourrait bien éclater.
« Autrefois, nous nous rendions dans les villages afin d'administrer les vaccins »
Aleksandar Stojanov se souvient de l’épidémie de rougeole de 2018, lorsque le premier cas est apparu dans une école de Radishani, dans la banlieue de Skopje.
Once everyone got vaccinated, the situation calmed down. Mumps epidemic broke out in Bair in Bitola and was quickly spreading. Vaccination has always been a problem. However, in the [more distant] past we used to have a good system that worked. We were going to the villages and vaccinated people, we did not wait for them to come to the clinics. Every 45 days we went to the villages, there were regular rounds with set schedules. Now we are waiting for them to come to us, but they are not coming. And the vaccination centers were also downsized, and the number of vaccination teams also decreased. More needs to be done in the field. In the past everyone was vaccinated with DTaP. The problem is in Skopje where the anti-vaxxers are concentrated. In the villages people trust the doctors.
Une fois tout le monde vacciné, la situation s'est calmée. L'épidémie d'oreillons a éclaté à Bair, à Bitola, et s'est rapidement propagée. La vaccination a toujours été un problème. Mais autrefois, nous avions un système robuste, qui fonctionnait. Nous nous rendions dans les villages pour vacciner les habitants, nous n'attendions pas qu'ils viennent aux dispensaires. Tous les 45 jours, nous effectuions des tournées régulières dans les villages, avec des horaires fixes. Aujourd'hui, nous attendons qu'ils viennent à nous, sans succès. En outre, les centres de vaccination sont maintenant moins nombreux, tout comme le nombre d'équipes mobiles de vaccination. Il reste beaucoup à faire sur le terrain. Autrefois, tout le monde était vacciné contre le dcaT. C'est surtout un problème à Skopje, où sont concentrés les mouvements antivax. Dans les villages, les gens font confiance aux médecins.
Couverture vaccinale inférieure à 95 %
Un taux préconisé de couverture vaccinale supérieur à 95 % n'a jamais été atteint pour aucune primo-vaccination au niveau national. Selon les données, elle est inférieure à 90 % pour tous les vaccins, y compris ceux contre l’hépatite B, l’Haemophilus influenzae type B (Hib), le dcaT/VPI et le ROR, ainsi que pour la vaccination contre le HPV, qui a la couverture la plus faible de tous les vaccins.
Selon le dernier rapport de l'Institut national de santé publique :
The primary vaccination coverage with three doses of the vaccine against HiB, DTaP and IPV for the entire country was 83.9 percent for 2022. Lower than 90 percent coverage was registered in the territories of Veles, Gevgelija, Shtip, Ohrid, Tetovo, Prilep, Skopje, Bitola and Strumica, while the lowest coverage of 53.7 percent was registered in Kumanovo. From the total number of children who should have been vaccinated, 3,322 children were not vaccinated, out of which 41 percent (1,368) are from Skopje and 27.4 percent (910) are from Kumanovo.
Pour l'ensemble du pays, la couverture de la primo-vaccination avec trois doses de vaccin contre le Hib, le dcaT et le VPI était de 83,9 % en 2022. Une couverture inférieure à 90 % a été enregistrée dans les territoires de Veles, Gevgelija, Shtip, Ohrid, Tetovo, Prilep, Skopje, Bitola et Strumica, tandis que celle la plus faible de 53,7 % a été enregistrée à Kumanovo. Sur le nombre total d'enfants qui auraient dû être vaccinés, 3 322 ne l'ont pas été, dont 41 % (1 368) à Skopje et 27,4 % (910) à Kumanovo.
Depuis 2015, la première dose de rappel du vaccin dcaT est en baisse constante, atteignant la couverture la plus faible de 66 % en 2020. Une diminution a également été enregistrée en 2022 (69,3 %) par rapport à 2021 (72,8 %). La couverture moyenne pour 2017-2021 est de 78,1 %, et est supérieure à celle de 2022.
La couverture pour le rappel de vaccination contre le dcaT/VPI chez les enfants scolarisés de sept ans en Macédoine du Nord est de 88,5 %, soit une augmentation par rapport à 2020 (87,3 %) et 2021 (74,7 %). La couverture vaccinale pour le rappel contre le dcaT/VPI chez les écoliers de 14 ans (89,3 %) montre une hausse par rapport à 2020 (80,3 %) et 2021 (85,9 %), mais le pourcentage reste inférieur à 90.
En cas d'oubli d'une dose, les parents devraient immédiatement faire vacciner leurs enfants
Récemment, Kristina Stavridis, médecin à l'Institut national de santé publique, a déclaré à Meta.mketa.mk que les parents devraient vérifier les carnets de vaccination de leurs enfants et si une dose a été oubliée, ou si l'enfant n'a pas été vacciné, ils devraient immédiatement appeler le dispensaire pour faire vacciner leur enfant conformément au calendrier vaccinal.
The emergence of pertussis [whooping cough] cases is not unusual, especially now when the region and Europe have registered epidemics and an increasing number of cases. This is especially true in a situation when we are facing reduced vaccination coverage.
L'apparition de cas de coqueluche n'est pas inhabituelle, surtout maintenant, alors que la région et l'Europe sont touchées par des épidémies et un nombre croissant de cas. C'est d'autant plus vrai dans la mesure où la couverture vaccinale régresse.
La maladie est susceptible d'entraîner des lésions cérébrales chez les nourrissons
L’Institut national de santé publique a publié des informations sur la coqueluche, y compris les complications liées à la maladie : pneumonie, otite moyenne, perte d'appétit, déshydratation, convulsions, lésions cérébrales, hernies, traumatismes thoraciques, prolapsus rectal et épisodes d'arrêt respiratoire.
Whooping cough causes serious complications and sometimes even death in children under one year of age. One-third of the children under one year of age who get sick with whooping cough need hospital treatment. The most common complications are apnea (life-threatening cessation of breathing), pneumonia (inflammation of the lungs), convulsions, encephalopathy (brain damage), and every 100th patient may die. The complications are less severe in older children and adults, especially those who have previously been vaccinated against whooping cough.
La coqueluche entraîne de graves complications et parfois même la mort chez les nourrissons de moins d'un an. Un tiers des enfants malades doivent être hospitalisés. Les complications les plus fréquentes sont l'apnée (arrêt de la respiration mettant en danger la vie du patient), la pneumonie (inflammation des poumons), les convulsions, l'encéphalite (lésions cérébrales) et le décès d'un patient sur cent. Elles sont moins graves chez les enfants plus âgés et les adultes, en particulier ceux qui ont été vaccinés contre la maladie.
Le meilleur moyen de prévenir la coqueluche est la vaccination avec les vaccins combinés Hexaxim (dcaT-IPV-HiB-HepB) et Pentaxim (dcaT-IPV). Il est conseillé aux parents d'enfants qui n'ont pas reçu certaines des cinq doses prescrites avant l'âge de 7 ans de contacter leur pédiatre afin qu'ils puissent être dûment immunisés.