À la rencontre de la nouvelle génération de femmes kenyanes à l’origine de la résurgence du vinyle en Afrique

The album cover of Maia Von Lekow's album 'Maia & the Big Sky" release both in digital and Vinyl

La pochette de l’album de Maia Von Lekow « Maia & the Big Sky » sorti en numérique et en vinyle. Source de l’image : Hapa Kenya, utilisée avec autorisation.

L’artiste kenyane Maia Von Lekow, compositrice et musicienne, a sorti son deuxième album « Maia & the Big Sky » en 2018 au format numérique et sous forme de disque vinyle. Aucun musicien kenyan n’avait sorti d’album vinyle depuis la fin des années 1980. Alors que les auditeurs de musique se tournent vers les plateformes de streaming numériques, Maia est l’une des rares artistes à considérer les disques vinyles comme plus qu’une simple nouveauté.

Dans ce deuxième volet de notre série en trois volets sur le vinyle au Kenya, nous mettons en lumière des femmes comme Maia qui participent activement à un renouveau mondial du vinyle en cours. Lisez le premier volet ici.

Premier vinyle kenyan en 33 ans

L’histoire du disque vinyle au Kenya remonte à la fin des années 1950. Cependant, ce n’est qu’au milieu des années 1960 que des commerces locaux tels que E.A. Records, animés par un vif intérêt pour les enregistrements locaux, ont propulsé le Kenya dans le secteur du pressage de disques.

Des années 1960 aux années 1980, Nairobi était au cœur des industries de production musicale et de pressage de vinyles d’Afrique orientale et centrale. Des groupes venant d’aussi loin que la République démocratique du Congo ou le Zaïre se rendaient à Nairobi pour enregistrer et produire leur musique.

Cela fait 33 ans que la dernière usine de pressage de vinyles a fermé ses portes au Kenya. Au début des années 1990, l’industrie mondiale de l’enregistrement musical venait de connaître une nouvelle évolution de son format musical. L’attention des utilisateurs est passée du vinyle aux cassettes, puis aux CD. Les CD sont devenus le format de sortie de facto pendant des décennies jusqu’à l’arrivée du streaming au début des années 2000.

Un autre artiste kenyan, Blinky Bill, a également sorti son album « Everyone’s Just Winging It And Other Fly Tales » en numérique et en vinyle en 2018. Le choix des formats musicaux de ces artistes vise à honorer leur patrimoine musical africain et à rendre hommage aux nombreux géants de la musique africaine dont la musique est sortie en vinyle entre les années 1960 et la fin des années 1980.

Maia est la fille de la légende de la musique Sal Davis. Les tubes de Davis, sortis dans les années 1960, incluent « Makini », « The Moon Was Yellow » et sa reprise de « Unchain My Heart » de Ray Charles. Ils sont tous sortis au format EP (« extended-play single ») de 45 tours, 7 pouces.

Qu’est-ce qui a poussé Maia à sortir son dernier album en vinyle ? « La nostalgie ! », elle répond.

Elle a déclaré à Global Voices lors d’un entretien par e-mail :

We didn't have a record player in our house when I was growing up, however, our neighbour did. We used to go there and put the records on and just the idea of removing it from the sleeve, putting it onto the player and dropping the pin, changing to the B side. There is something very special about the whole process of playing vinyl. I wanted to replicate this in the printing of my music. Being one of the first few Kenyan artists to print on vinyl. That for me was a space finding idea.

Quand j'étais jeune, on n’avait pas de tourne-disque dans notre maison, mais notre voisin en avait un. On allait chez lui pour mettre des disques et la simple idée de retirer le disque de la pochette, de le mettre sur le lecteur et de laisser tomber l’épingle, puis de passer à la face B… Il y a quelque chose de très spécial dans tout le processus de lecture d’un vinyle. Je voulais reproduire cela dans l’impression de ma musique. Être l’une des premières artistes kenyanes à imprimer sur vinyle. C’était pour moi une façon de trouver ma place.

Elle décrit le processus de pressage de son vinyle comme un processus délicat, difficile et coûteux. Il n’y a pas d’usines de pressage au Kenya. Cependant, elle a donné quelques concerts en 2021 en Australie et a pu presser ses disques là-bas. Mais il fallait encore déterminer la logistique pour ramener les disques au Kenya pour la distribution et la vente.

« L’envoi était cher, alors nous avons dû le faire en quantités raisonnables, qui pourraient tenir dans une valise. Ce n’est pas faisable si vous êtes un artiste qui vend beaucoup. »

En fin de compte, elle admet que cela en valait la peine.

What is great is that there’s a real need. We sold most of my album on vinyl in Kenya. Our main outlet was Jimmy Rugami’s shop. The fact we included a link on the vinyl covers for one to get the digital version meant that buyers were able to have the best of both worlds. It has been really wonderful seeing so much interest in my music as well as in both old school and contemporary. Am glad that we did it.

Ce qui est formidable, c’est qu’il y a un réel besoin. Nous avons vendu la majorité de mon album sous format vinyle au Kenya. Notre point de vente principal était la boutique de Jimmy Rugami. Nous avons inclus un lien sur les pochettes des vinyles pour obtenir la version numérique afin que les acheteurs puissent avoir le meilleur des deux mondes. C’est vraiment merveilleux de voir tant d’intérêt pour ma musique aussi bien dans la vieille école que dans l’école contemporaine. Je suis contente que nous l’ayons fait.

Alors qu’elle parlait de la façon dont la musique de son père l’a influencée, elle est revenue sur les sorties de ses vinyles et sur son appréciation de longue date pour le format.

For me, it was also about how we bridge that gap between the older and younger generation of musicians and listeners. vinyls have endured the test of time.

Pour moi, il s’agissait aussi de combler ce fossé entre l’ancienne et la jeune génération de musiciens et d’auditeurs. Les vinyles ont résisté à l’épreuve du temps.

Être une femme DJ dans des espaces dominés par des hommes

Mokeyanju at Stall B5 in Nairobi playing a DJ set to mark on World Record Store Day

Mokeyanju au stand B5 à Nairobi jouant un set de DJ pour marquer le Disquaire Day. Photo de l’auteure.

Bien que l’industrie kenyane de DJ soit dominée par les hommes, quelques femmes DJ ont réussi à jouer et à se faire une place.

Jumoke Adeyanju, connue sous le nom de Mokeyanju, est une femme DJ née au Nigéria qui a fait du Kenya sa deuxième maison. Sélectionneuse de vinyles et DJ passionnée, elle est une artiste, poète et programmatrice aux multiples facettes avec une affection profonde pour les cultures et les sons d’Afrique de l’Est et des Caraïbes. Mokeyanju a fait partie des DJ qui ont joué un set au magasin de disques de Rugami pour marquer la journée mondiale des disquaires, le Disquaire Day, de 2022.

Il est peu probable que vous voyiez Mokeyanju dans une boîte de nuit en train de faire vibrer la foule. Au lieu de cela, elle travaille avec divers groupes qui organisent des émissions en ligne, telles que la récente émission Sauti ya àkókò (le son d’àkókó), qui était une session de poésie et de musique vinyle en direct qu’elle a réalisée pour l’organisation Refuge Worldwide.

Mokeyanju, tout comme d’autres DJ de vinyles kenyans, maintient une présence active sur les réseaux sociaux. C’est une globe-trotteuse qui passe le plus clair de son temps à faire la navette entre l’Europe, le Nigéria et le Kenya, et ses fans peuvent facilement suivre ses représentations et écouter ses derniers mix en ligne.

Le Kenya connaît un renouveau du vinyle. Annoncé en grande partie par l’intérêt grandissant pour la musique d’Afrique de l’Est, tant à l’échelle nationale qu’internationale, un regain d’intérêt existe, en particulier parmi la jeune génération de mélomanes désireux de renouer avec son patrimoine musical vinyle.

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