Premier tour des élections présidentielles, le 29 juin 2024 en Mauritanie

Drapeaux mauritaniens ; capture d'écran de la chaîne YouTube de Africa24

Le premier tour des prochaines élections présidentielles en République islamique de Mauritanie, prévu pour le 29 juin 2024, mettra en confrontation sept candidats dont Mohamed Ould Ghazouani, actuel président au pouvoir depuis août 2019.

La date a été annoncée par la commission électorale nationale indépendante (CENI) alors que les électeurs ont jusqu'au 29 mai 2024 pour s'inscrire sur les listes électorales.

Lors des échéances présidentielles de 2019 qui ont conduit à l'élection de Mohamed Ould Ghazouani pour un premier mandat de cinq, le nombre d'électeurs était estimé à plus de 1,5 million sur une population de plus de 4 millions. En 2024 où la population est estimée à plus de 4,9 millions d'habitants, le nombre d'électeurs sera donc plus important. Près de 2 millions d'électeurs sont en effet attendus aux urnes pour opérer le choix du prochain président. Étant à la fin de son premier mandat, Mohamed Ould Ghazouani est éligible à sa réélection, selon la constitution du pays.

Toujours selon la constitution, deux conditions sont nécessaires pour poser sa candidature : il faut être de religion musulmane et avoir au minimum quarante ans. La Mauritanie est un pays très fortement islamisé ; près de 99% de la population est musulmane.

Mohamed Ould Ghazouani face à six candidats

Comme prévu, le 24 avril 2024, Mohamed Ould Ghazouani annonce sa candidature pour un deuxième mandat à la tête du pays. L'annonce est rendue publique à travers une lettre adressée aux médias. Celle-ci est citée par le journal Le Monde dans un article consacré à cette annonce :

J’ai jugé opportun de m’adresser directement à vous, chers compatriotes, à travers cette lettre, pour vous informer de ma décision de me présenter à vous, afin que vous me renouveliez votre confiance pour un nouveau mandat.

Dans cette lettre, le président sortant annonce les promesses de son second mandat. Selon le journal Le Monde, Mohamed Ould Ghazouani promet de consolider l’unité nationale, d’améliorer les conditions de vie des plus démunis, de garantir la sécurité et la stabilité et de lutter contre la corruption et le détournement des fonds publics.

Pour moi, le premier défi a toujours été et demeure celui de répondre aux aspirations et aux espoirs de notre jeunesse, de libérer son énergie et de la préparer à contribuer activement à la construction et à la définition des contours de la Mauritanie à laquelle elle aspire.

Désormais candidat à sa propre succession, Mohamed Ould Ghazouani doit faire face à six autres candidats issus de l'opposition dès le premier tour. Parmi ces candidats annoncés, les plus importants sont Hamadi Ould Sid’ El Moctar, leader du parti islamiste d’opposition Tawassoul ; Elid Mohameden Mbareck, avocat, député et engagé dans la lutte contre la discrimination raciale ; et Biram Ould Dah Ould Abeid, député, anti-esclavagiste et militant des droits humains, deuxième à l'élection présidentielle de 2019.

La question de l'esclavage reste un sujet sensible. Déjà trois fois, l'esclavage a été aboli dans le pays mais le phénomène persiste et touche environ 10% de la population. Même si sa pratique est considérée comme un grave crime – la dernière adoption de loi contre l'esclavage remontant à 2015, les militants anti-esclavagistes sont toujours réprimés.

Lire l'article d'Afrique XXI : En Mauritanie la bombe à retardement de la ségrégation raciale

Pour son engagement en faveur des droits humains, la candidature de Biram Ould Dah Ould Abeid, est très appréciée par une partie de la population qui lui témoigne son soutien. Sur le réseau X (ex-Twitter), un citoyen mauritanien au nom de Bakary Tandia écrit :

Un autre candidat poids lourd, qui aurait pu être un caillou dans les chaussures de l'actuel président et aurait pu entraver sa réélection a été écarté. Il s'agit de Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien président mauritanien qui a vu sa candidature refusée. En effet, la constitution du pays ne lui permet plus de revenir, parce qu'il a déjà effectué deux mandats à la tête du pays (2009-2019), de plus, il a été arrêté et condamné à cinq ans de prison ferme depuis 2023 pour enrichissement illicite.

La campagne électorale démarre le 14 juin 2024 à minuit et se termine le jeudi 27 juin 2024 à minuit, soit deux jours avant le scrutin. Les candidats en lice auront donc deux semaines pour mener les opérations de séduction et ainsi dérouler le contenu de leur programme de société.

Un pays sahélien à l'abri des crises sécuritaires

L'histoire de la Mauritanie est jonchée de coups d'État militaires de 1978 à 1984 et d'un autre coup en 2008, mais le pays arrive à faire asseoir un climat apaisé qui a permis une succession démocratique au pouvoir et un respect de la durée des mandats présidentiels.

De plus, autre exploit, depuis 2011, soit depuis plus de treize ans, la Mauritanie n'a plus connu d'attaques des groupes extrémistes et terroristes. Le pays est pourtant un pays frontalier du Mali qui, lui, subit de plein fouet les attaques djihadistes depuis plus d'une décennie.

Lire : Recrudescence des attaques terroristes au Sahel

Cette stabilité sécuritaire dans le pays est due en partie à l'actuel président, Mohamed Ould Ghazouani, qui a effectué une longue carrière dans l'armée et dans le secteur sécuritaire avant son ascension au poste de président. Pour avoir longuement combattu le terrorisme, il a une parfaite maîtrise des rouages sécuritaires dans la zone sahélienne de l'Afrique.

Pour le scrutin du 29 juin 2024, le plus grand défi en dehors de la question de l'esclavage réside dans la capacité du pays à faire face, ou du moins à réduire considérablement la corruption. Selon le classement de l’indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International, la Mauritanie occupe le 130ème rang sur 180 pays avec un score de 30 sur 100, le même rang qu'en 2022.

Selon une analyse du Centre d'études stratégiques d'Afrique, le pays est, à contrario, un vaste terrain d'opportunités d'affaires pour les investisseurs. Ces derniers venus d'Europe, d'Asie et du Moyen-Orient notamment des Émirats arabes unis ambitionnent de faire du pays un centre énergétique pour la production de l'hydrogène vert.

L'hydrogène vert est considéré comme la solution vers une transition énergétique sans carbone et aussi une alternative aux énergies fossiles. Il est issu de l'électrolyse de l’eau à partir des énergies renouvelables comme l'énergie éolienne ou énergie solaire.

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