Turquie : le «Lobster gate» suscite un débat sur l'inégalité économique

Image de Arzu Geybullayeva

Il y a eu plusieurs «scandales» dans l'histoire des informations mondiales[en], mais il n'y a pas eu encore de «lobster gate». Du moins, pas jusqu'à ce que les membres du parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie soient impliqués dans un scandale lié au homard cette semaine.

Alors que la crise du coût de la vie[en] en Turquie qui ne fait que s'empirer, la députée du parti au pouvoir, Sebnem Bursali se trouve au cœur d'un scandale public après avoir posté une photo d'un plat de homard lors de son voyage à Monaco. Un autre membre du parti, Salih Kahraman, a également partagé une photo[tr] de lui sur les réseaux sociaux célébrant son anniversaire avec un plat de homard au centre de la table.

Le Président turc Recep Tayyip Erdoğan, s'exprimant lors d'une réunion du parti, a déclaré en réponse : «Il ne peut pas y avoir d'égarement dans ce parti,» en faisant référence aux membres du parti. «On ne peut jamais mettre en pause les valeurs et les intentions de la nation,» à ajouté le président. Après les publications, le parti a été accusé de s'éloigner du peuple et de vivre dans le luxe alors que les citoyens lambdas font face à un appauvrissement grandissant. Des memes se sont rapidement répandus sur les réseaux sociaux, avec l'image du homard replaçant la célèbre ampoule du logo officiel du parti.

Escapades à Monaco

Après avoir subi l'opprobre du public pour sa publication sur ses réseaux sociaux, Bursali a déclaré[tr] dans un tweet qu'elle était désolée et que la photo avait été prise pendant des vacances avec sa famille. «En tant que journaliste depuis 30 ans et maintenant un membre du parlement, je m'excuse auprès du public pour cette erreur, que je n'ai jamais commise auparavant dans mes publications sur les réseaux sociaux. Je suis profondément attristé que mon parti, dont j'ai l'honneur d'être membre, ait été pris pour cible pour cette raison.» Bursali s'est également défendu face aux critiques, en les accusant d'essayer de changer les intentions des informations.

Le menu du restaurant[fr] du Yacht Club de Monaco, où ont été prises les photos, propose un plat de homard à 72 EUR pour un homard de 250 g. Convertis en lires turques, 72 EUR correspondent à environ 2 500 TRY. En Turquie, commander du homard dans un restaurant coûterait deux fois[tr] voir trois fois plus cher.

Le restaurant est exclusivement réservé[fr] aux membres du yacht club et leurs invités. D'après le site internet[fr] du club, ce dernier compte environ 2 500 membres de 81 nationalités différentes. L'adhésion au club est plutôt stricte et implique une référence à deux «parrains» qui doivent être membres du club. Les nouveaux membres sont approuvés par le président du club, Son Altesse le Prince Albert II.

Bursali n'a pas expliqué comment elle s'est retrouvée dans ce club prestigieux.

Il y a également eu Bahadır Yenişehirlioğlu, un autre membre du parlement et représentant de AKP, qui a publié un selfie[tr] sur les réseaux sociaux avec une montre Rolex au poignet. Après avoir reçu des réactions négatives à cause de sa photo, Yenişehirlioğlu a supprimé sa publication.

La plupart des critiques ne portent pas nécessairement sur le fait que les membres du parti au pouvoir ont un style de vie luxueux, qu'ils mangent des homards et en portent des montres chères, mais plutôt sur le fait que ce style de vie ne devrait pas être partagé en ligne alors qu'une grande partie de la population souffre de la crise financière et de la pauvreté.

Dans son émission, le présentateur et journaliste Faith Portakal a déclaré[tr], «je me fiche que vous ayez des centaines de Rolex, vous pouvez manger des tonnes de homard, c'est votre argent, vous pouvez le dépenser comme vous voulez. Ce qui est dérangeant, c'est l'image que vous donnez au public.»

La Turquie continue de se battre avec une crise économique[en], dans laquelle la monnaie du pays a perdu 40 % de sa valeur depuis l'année dernière et plus de 80 % durant les cinq dernières années. L'état de l'économie a joué un rôle[en] dans les élections locales[en] où le parti au pouvoir a perdu face à l'opposition du parti républicain.

En mars, avant le scrutin local, la Banque centrale a relevé[en] ses taux d'intérêt à 50 % pour tenter de stabiliser la monnaie nationale face à une inflation toujours en hausse. En avril, le gouverneur de la Banque centrale, Fatih Karahan, a promis de continuer à prendre toutes les mesures nécessaires pour freiner l'inflation, qui devrait[en] dépasser les 70 % en mai.

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