Hong Kong : l'activiste Chow Hang-tung et ses partisans, cibles de la première arrestation par la sécurité intérieure

Capture d'écran du club de Chow Hang-tung sur Facebook. Utilisation équitable.

Chow Hang-tung, militante hongkongaise, figurait parmi les six personnes arrêtées par la police de la sécurité nationale ce 28 mai 2024. Cette arrestation est la première faite sous l'égide de la nouvelle loi sur la sécurité de la ville adoptée en mars 2024.

Chris Tang, secrétaire à la Sécurité de Hong Kong, a confirmé que ces arrestations ont été menées en lien avec un groupe Facebook de soutien à l'avocate et humaniste Chow Hang-tung, détenue depuis septembre 2021 par le gouvernement sous l'égide d'une loi de sécurité nationale imposée par Pékin. Le groupe a été créé le 18 mai 2023 et la localisation principale de ses administrateurs est le Royaume-Uni.

La police a déclaré que les criminels, cinq hommes et une femme avaient été arrêtés pour « suspicion de rébellion ». La femme, déjà détenue, est soupçonnée de continuer à publier de manière anonyme du contenu « séditieux » sur les réseaux sociaux avec l'aide des cinq hommes.

Les publications auraient utilisé « une journée sensible » comme un prétexte pour inciter la haine contre les gouvernements chinois et hongkongais ainsi que contre le système judiciaire. D'après la police, ces publications incitaient les internautes à organiser ou à prendre part subséquemment à des activités illégales lors de cette journée.

Chris Tang aurait déclaré lors d'une conférence de presse donnée en cantonais : « Je ne pense pas que la date soit si importante dans cette affaire. Il faut se concentrer sur le fait que ces personnes aient tenté de l'utiliser afin de mettre la sécurité nationale en danger et d'inciter à la haine ».

Ces arrestations surviennent une semaine avant le 4 juin, qui marque cette année le 35ᵉ anniversaire du massacre de Tian'anmenau cours de laquelle des centaines, voire des milliers de personnes ont trouvé la mort lorsque l'armée populaire de libération de la Chine a violemment dispersé les étudiants protestataires à Pékin.

Jusqu'en 2020, l’Alliance de Hong Kong pour l’appui aux mouvements démocratiques et patriotiques en Chine, dont Chow était vice-présidente, avait pour habitude d'organiser des marches annuelles pour commémorer la mémoire des victimes de la tragédie. Mais le rassemblement fut banni en raison de la pandémie de COVID-19 afin d'enrayer la propagation du virus.

La marche fut de nouveau interdite en 2021, les autorités prétextant une nouvelle fois que la covid-19  en était la raison. L’Alliance fut dissoute en septembre 2021 après l'arrestation de ses trois dirigeants sous suspicion de rébellion : Chow Hang-tung, Albert Ho et Lee Cheuk-yan. Aucune commémoration officielle n'a été organisée depuis.

La police a perquisitionné les domiciles des cinq personnes arrêtées et a saisi des objets liés à l'affaire, notamment des appareils électroniques soupçonnés d'avoir été utilisés pour publier les messages présumés.

Les personnes reconnues coupables d'après la Loi sur la sauvegarde de la sécurité nationale, ou législation de l’Article 23, sont passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à sept ans d'emprisonnement.

Après les arrestations, un représentant de la police aurait déclaré : « Les personnes qui pensent pouvoir nuire à la sécurité nationale ne doivent pas penser qu'ils arriveront à échapper aux contrôles de police en postant anonymement sur les réseaux. »

« Le public doit apprendre à reconnaitre la vérité et ne doit pas se laisser tromper par de fausses informations. » a – t – il ajouté.

Différente de la La loi relative à la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020, la Loi sur la sauvegarde de la sécurité nationale vise les problèmes de trahison, d'insurrection, de sabotage, de sédition, d'espionnage et de vols de secrets d'État. Cette nouvelle loi permet la détention des suspects jusqu'à 16 jours sans inculpation, leur droit à un avocat pouvant être révoqué, le risque de prison à vie plane véritablement aux dessus des suspects. L'article 23 fut mis de côté en 2003 à la suite de manifestations massives, qui sont restées taboues pendant des années. Mais le 23 mars 2024, il a été promulgué, après avoir fait l'objet d'une procédure accélérée et avoir été approuvé à l'unanimité par l'Assemblée législative de la ville, qui ne connaît pas d'opposition.

La loi fut très critiquée par différentes associations, des États occidentaux et l’ONU, décrite comme trop vague, vaste, et « régressive ». Les autorités ont cependant cité ces ingérences étrangères comme la preuve « qu'il est nécessaire de prendre action contre ces failles », en référence aux manifestations de 2019.

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