Le camp des peuples indigènes qui réclame des droits chaque année au mois d'avril au Brésil

Manifestation et campement des peuples indigènes à Brasilia, Brésil, avril 2024. Photo de Kamikia/Apib, utilisée avec permission.

Un groupe composé du peuple indigène du sud du Brésil a voyagé en bus jusqu'à la capitale, Brasília, et a campé devant les bâtiments fédéraux du gouvernement pour faire pression au sujet de la démarcation des territoires indigènes. Parmi eux, des représentants des ethnies tels que Kaingang, Guarani, Xetá, et Xokleng.Le président était Luiz Inácio Lula da Silva, et cela a eu lieu en 2004, pendant la seconde partie de son premier mandat.

20 ans plus tard, le groupe qui avait commencé avec environ 60 personnes a évolué jusqu'à 8 000 en 2024 pendant l'édition de Acampamento Terra Livre – Le camp du territoire libre- un événement qui réunit des indigènes de tout le pays en avril, pendant une semaine, afin de parler des principales problèmes liés à leurs communautés, créer une pression politique pour leurs demandes et célébrer leur diversité culturelle. Le camp est organisé par une association des peuples indigènes du Brésil (Apib).

Le serpent du temps : l'art à la 20e édition de l’#ATL2024 s'est déroulé sur deux décennies. Il y a eu de nombreuses luttes au fil des ans, traversant plusieurs situations politiques, gouvernements et aujourd'hui, avec des milliers d'indigènes, il est arrivé à la Place des Trois Pouvoirs. Information : @ApibOficial 🎬Marcos Willian | Cimi pic.twitter.com/onELQ5qxy6

— Cimi (@ciminacional) 25 avril 2024

« Lula » est de nouveau Président, après avoir battu Jair Bolsonaro pendant la campagne des élections de 2022. Pendant que son prédécesseur avait promis en 2018 que « aucun centimètre de terrain indigène serait démarqué pendant son gouvernement », Lula avait avec lui le leader historique Cacique Raoni pendant son inauguration et a créé le Ministère des peuples indigènes. Cependant, les actions actuelles du gouvernement demeurent insatisfaisantes.

Dinamam  Tuxa, du peuple Tuxa, le cadre coordinateur de Apib, a expliqué dans une interview avec Global Voices :

A nossa relação com o presidente, sempre deixamos claros que somos aliados, mas não somos submissos. Nossa luta é por demarcação de terras e por direitos. Agradecemos e reconhecemos o esforço do presidente em criar um ministério, nomear indígenas para assumir cargos de poder, porém, há uma desmobilização em torno da pauta indígena pelo Executivo como um todo, exceto pelo Ministério dos Povos Indígenas, que tem feito o enfrentamento em defesa dos direitos dos povos.

Par rapport à notre relation avec le Président, nous avons toujours été clairs là dessus. Nous sommes alliés, mais nous ne sommes pas soumis. Notre combat est pour la démarcation de la terre et ses droits. Nous l'apprécions et reconnaissons ses efforts pour créer un ministère, pour nommer le peuple indigène sur des positions de pouvoir, mais, il y a une démobilisation autour des problèmes indigènes de la part du  pouvoir exécutif de façon générale, excepté pour les indigènes qui sont au ministère et qui se sont battus pour nous défendre.

Marqueur temporel contre droits fonciers

Vue d'ensemble de l'ATL – le camp de la terre libre à Brasilia, avril 2024. Photo de Kamikia/Apib, utilisée avec permission.

 

Dinamam a dit qu'il attendait que Lula tienne sa promesse de démarquer 14 territoires, mais ils ont également voulu que le gouvernement avance ses actions pour se conformer avec la constitution. Le texte brésilien constitutionnel, approuvé en 1988, après la dictature militaire, stipule que les peuples indigènes les droits des indigènes sur leurs terres originelles devraient être reconnus.

En septembre dernier, la Cour suprême fédérale a rejeté une thèse juridique relative à une date butoir qui pourrait déterminer que les indigènes brésiliens ne pourraient revendiquer les terres où ils vivaient que jusqu'en 1988. La campagne de vote, analyse d'un cas de terre dans l'État méridional de Santa Catarina, a commencé en 2021 et a eu un score de 9 votes contre 2 en faveur de la thèse.

Le juge Luiz Fux, l'un des opposants au projet, a déclaré que lorsque la Constitution mentionne les « terres traditionnellement occupées », elle fait référence à des territoires liés à l'ascendance et à la tradition.

Un autochtone tient une pancarte sur laquelle est inscrit le projet de loi 95/2023 : « Bill of death » (projet de loi sur la mort), avril 2024. Photo : Lia Bianchini/Apib, utilisée avec autorisation.

Plus tard en 2023, le front parlementaire de l'agriculture au sein du congrès national a réussi à approuver un projet de loi instaurant une date butoire, incluant y compris les vetos de Lula à des extraits de ce texte et le non-respect de l'arrêt de la Cour suprême.Le débat est toutefois revenu devant la Cour, l'Apib et deux partis politiques (PSOL et Rede) ayant demandé l'invalidation du projet de loi. L'Apib a également demandé la suspension du projet de loi, étant donné qu'il empêche le gouvernement lui-même de prendre des mesures en vue de la démarcation.

Dinamam a déclaré :

O que temos hoje são ameaças vindas do Congresso brasileiro, é o Parlamento hoje o mentor e precursor desses retrocessos, que refletem no momento nas aldeias. Está havendo um cenário de violência e instabilidade dentro dos territórios indígenas. É o Congresso que faz proposituras e aprova leis que afrontam o texto constitucional, que paralisa ou tenta paralisar as demarcações de terras indígenas. Essa bancada que domina o Congresso Nacional é uma bancada anti-indígena, reacionária, conservadora, que nega direitos, retira direitos, que quer intervir no texto constitucional.

Nous avons aujourd'hui des menaces venant du Congrès brésilien, le Parlement est aujourd'hui le mentor et le précurseur de ces retours en arrière, ce qui reflète le moment présent au sein des communautés. Il existe un scénario de violence et d'instabilité dans les territoires indigènes. C'est le Congrès qui présente aujourd'hui des propositions et approuve des lois qui portent atteinte à la Constitution, paralysant ou tentant de paralyser la démarcation des terres indigènes. Le banc qui domine le Congrès est anti-indigène, réactionnaire, conservateur, il nie et rétracte les droits et veut intervenir dans le texte constitutionnel.

 Pression politique

Dans une lettre adressée aux trois pouvoirs de la République – exécutif, législatif et judiciaire- plusieurs mouvements indigènes se souviennent que, dans la seconde année du gouvernement de Lula, ses promesses de démarcation sont encore en suspens :

Enquanto se discute marcos temporais e se concede mais tempo aos políticos, nossas terras e territórios continuam sob ameaça, nossas vidas e culturas em risco e nossas comunidades em constante luta pela sobrevivência.

Pendant que l'on discute des marqueurs temporels et que l'on accorde plus de temps aux politiciens, nos terres et nos territoires restent menacés, nos vies et nos cultures sont en danger et nos communautés luttent continuellement pour leur survie.

La lettre demande une démarcation immédiate, et plus d'action de la part du gouvernement fédéral face à l'agenda anti-indigène présenté par le congrès, et les demandes concernant les politiques et les programmes de la santé et de l'éducation.

Manifestation d'indigènes brésiliens à Brasilia, 2024 : Notre marque est l'ascendance. Nous avons toujours été là. Photo : Renan Khisetje/Apib/Utilisé avec autorisation

Cette année, Apib a décidé que, au lieu d'accueillir le Président Lula dans leur espace, comme cela a été fait l'an dernier, cela était une opportunité pour un meeting officiel avec lui et ses ministres avec plus de 20 points des demandes qui seront discutés.

Le meeting a pris place le 25 avril au Planalto Palace, le bureau de travail présidentiel, Sonia Guajajara, ministre pour les peuples indigènes, parmi d'autres officiels. Le président a renforcé son engagement pour la démarcation des terres et a commissionné une équipe spéciale pour travailler sur ce processus.

D'après un rapport publié récemment par la commission pastorale des territoires, l'année 2023 a enregistré un record de cas de violence dans les zones rurales du Brésil. Les peuples indigènes représentaient quasiment la moitié des 31 personnes tuées. Dinaman a dit :

O impacto pela não-demarcação gera violência e ela é mais latente em determinadas regiões.

Estamos falando em povos que tem seu território ocupado, desmatado, agredido, violado, para dar margem à produção agrícola, à especulação imobiliária, a outras medidas. Quando não há demarcação, dá margem ao desmatamento, ao garimpo ilegal, à violações de direitos humanos e a vulnerabilidade dos povos indígenas que têm seus direitos constitucionais negados.

L'impact de la non-démarcation génère de la violence et est plus répandu dans certaines régions.

Il s'agit de personnes dont les territoires sont occupés, déboisés, agressés, violés, pour augmenter la production agricole et la spéculation immobilière, entre autres. L'absence de démarcation ouvre la porte à la déforestation, à l'exploitation minière illégale, aux violations des droits de l'homme et à la vulnérabilité des peuples autochtones, dont les droits constitutionnels sont bafoués.

Dinamam a également noté que cela a été fait durant les 20 dernières années, l'ATL a une fois encore célébrée la diversité de la culture indigène avec les personnes qui se sont réunies au Brésil. Parmi les affiches et les panneaux de revendication, les citations de projets de loi et les menaces, il y avait également un rappel de l'ascendance qu'ils ont eu sur le territoire brésilien.

Les Kayapó chantent lors de leur arrivée sur la place des Trois Pouvoirs.

#ATL2024 pic.twitter.com/6m6Z2Dy0sS

— Nidéwãna 🪶 (@Karibuxi) 25 avril 2024

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