Couvrir les Jeux Olympiques est une rare opportunité pour un journaliste africain: interview avec Daniel Dodjagni

Daniel Dodjagni, journaliste togolais. Photo utilisée avec permission

Grâce a une initiative du CFI Médias qui est une agence française de développement de médias, plusieurs journalistes africains sont présents aux Jeux Olympiques de Paris et peuvent ainsi offrir une couverture africaine et plus nuancée sur un évènement qui est tout aussi sportif que politique.

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Le Togo est présent aux JO de Paris avec 5 athlètes répartis dans quatre disciplines. Il s'agit d’Akoko Komlanvi en aviron, Jordano Daou et Adèle Gaïtou tous deux en natation, Naomi Akakpo en athlétisme, et Eloi Adjavon en triathlon. Le pays n'a obtenu aucun médaille car ces athlètes ont été éliminés dans les compétitions, ce qui n'empêche pas les journalistes sportifs togolais de suivre de près l'actualité des Jeux.

Pour sa première participation aux JO, Daniel Dodjagni, journaliste togolais du média Gakogoe.tg explique à Global Voices la valeur ajoutée que sa présence aux Jeux apporte à sa carrière, sa relation avec les athlètes togolais ainsi que l'avenir du sport togolais dans son ensemble.

Jean Sovon (JS): Comment avez-vous réussi à faire partie des journalistes africains aux JO de Paris?

Daniel Dodjagni (DD): C'est à partir d'un projet de CFI Média, une agence française de développement des médias que l'appel à candidature a été lancé à travers les Comités nationaux olympiques (CNO) des pays francophones de l'Afrique. Le CNO au Togo avait lancé ce processus auquel j’ai participé en novembre 2023. A l'issue de l'étude des dossiers, nous étions trois à être retenus. Heureusement, j'ai été sélectionné à l'issue d'un concours. Pour la suite, nous avons suivi des formations.

Et quand vous êtes un CNO et que vous n'avez pas au moins 50 athlètes qualifiés, vous n'avez droit qu'à un seul journaliste à accréditer. Le Togo ne présente que 5 athlètes, il n'y a qu'une seule place pour les journalistes, qui m'est revenue. Le CNO du Togo a tout fait pour pouvoir m'accréditer, j'ai donc eu mon accréditation qui m'a permis de voyager, de venir ici et de découvrir les JO sur les différents sites où je peux aller.

JS: Quelle votre expérience en tant que journaliste sportif africain couvrant les JO?

DD: C'est une expérience unique à vivre en tant que journaliste. Je vous avoue que ça fait du bien. Ça vous aide à apprendre beaucoup de choses. Vous rencontrez des journalistes que vous écoutez de loin, des gens que vous n'avez jamais imaginés rencontrer dans votre vie. Il y a beaucoup de choses acquises à travers ces rencontres.

La visite sur les différents sites est bien organisée. Ça vous fait grandir en tant que journaliste. Tout ceci constitue une formation qui vous permet de progresser dans ce que vous faites comme métier. Il y a beaucoup de confrères qui sont venus d'autres pays, de Côte d'Ivoire, du Burkina, du Mali, du Bénin, de la Guinée, de la RDC, et de Madagascar. Chacun a sa manière de travailler.

L'équipe pédagogique mise en place par CFI Média avec des journalistes de renom comme Noël Kokou Tadegnon, Franck Simon que beaucoup d'Africains connaissent à travers Canal+ et Sylvie Larrière qui est une formatrice en journalisme, nous permet d'apprendre en continu. Cela nous fait un bien fou et nous tirons de cette expérience.

JS: Votre travail se focalise-t-il sur les athlètes africains?

DD: Essentiellement, notre travail se focalise beaucoup plus sur les athlètes africains puisque nous couvrons les JO pour les médias africains. Donc nous nous concentrons surtout sur les performances des athlètes de nos pays, mais nous incluons aussi les athlètes d'autres pays africains, qu'ils soient francophones, lusophones, ou anglophones.

Mais nous travaillons aussi sur des athlètes d'origine africaine qui représentent d'autres pays. Je peux citer Félix Auger-Aliassime, joueur de tennis canadien d'origine togolaise,  et Clarisse Agbedjinou, femme judoka française d'origine togolaise.

Image de Daniel Dodjagni

JS: Que pensez-vous des performances des athlètes togolais présents aux JO?

DD: J'ai une très bonne relation avec nos athlètes, en partie grâce au CNO Togo qui m'a beaucoup aidé à les rencontrer et à les interviewer. J'ai pu avoir l’essentiel de ce qu’il faut pour faire mes articles.

C'est vrai nos athlètes ont été éliminés très tôt dans leur compétition, mais les JO, c'est quand même un très haut niveau, avec le gratin de tous les grands sportifs du monde. C'est donc très difficile d'obtenir une médaille. Quand vous voyez un athlète gagner une médaille d'or, il faut le féliciter, car il faut travailler dur pour pouvoir atteindre le niveau médaille. Ce n'est pas du tout facile.

Nos athlètes ont cette volonté de gagner et d'aller de l'avant, mais il va falloir que nos autorités travaillent, pour que nous arrivions à atteindre le niveau médaille. Nous avons dans le passé gagné une médaille avec Benjamin Boukpeti dans la catégorie Canoe Kayak aux JO de Pékin en 2008, mais il faut noter qu'il vivait en France où il peut s'entraîner normalement.

Je pense que tous les athlètes togolais qui ont participé à ces JO sont là pour la première fois. Ils vont capitaliser sur cette expérience-là pour mieux faire les années à venir car ils sont tous jeunes, autour de la vingtaine. Ils ont encore du temps devant eux pour apprendre. Peut-être qu'à Los Angeles en 2028, on va faire mieux.

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JS: Vu que les droits de retransmission des JO sont chers, y a t-il des réductions pour chaînes africaines?

DD: Nos chaînes télés n'ont pas assez de moyens. Quand vous voulez avoir toutes les compétitions des JO, il faut dépenser énormément d'argent. Mais, à ce que je sache, le Comité International Olympique met toujours en place des offres spéciales selon la capacité de chaque média.

Maintenant, je pense que le CIO ne fait pas dans le social. Aujourd'hui, tout est question d'argent. Si un média n'a pas les capacités de s'offrir une retransmission, il n'est pas obligé de diffuser les JO. Quand vous êtes un média, vous avez également la possibilité d'avoir des annonceurs qui peuvent vous aider à acheter ces droits de diffusion.

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