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Cet article a été écrit par Laura Vidal pour l’IFEX. Il a été édité et republié sur Global Voices dans le cadre d’un accord avec les médias.
Les élections présidentielles du Venezuela du 28 juillet ont abouti à la déclaration officielle de la victoire de Nicolás Maduro. Cependant, l’opposition, de nombreuses organisations internationales et certains gouvernements régionaux ont contesté la légitimité des résultats, appelant à un examen approfondi. Les élections ont été marquées[en] par des violations des droits des électeurs, des restrictions à la liberté d’expression et de graves limitations à la liberté de la presse.
Les enjeux sont très élevés pour la société civile, car l’espace civique risque d’être complètement fermé sous une nouvelle administration de Maduro. Compte tenu de l'évolution des années passées, avec la fermeture de centaines de stations radio, les attaques contre la presse, l’accès limité à Internet et les détentions arbitraires de personnalités de l’opposition et de journalistes, la perspective d’une autre période de six ans est très préoccupante[es].
Le paysage médiatique a été fortement contrôlé avant les élections, avec la surveillance du gouvernement et l’autocensure qui ont faussé la couverture journalistique. Les journalistes et les groupes de défense de la liberté de la presse, y compris le Comité pour la protection des journalistes, un membre de l’IFEX, ont noté[en] que les chaînes de télévision et de radio ont couvert en détail la campagne de Maduro tout en ignorant largement l’opposition. Les informations sur les candidats de l’opposition comme Edmundo González et le leader de l’opposition Maria Corina Machado étaient restreintes aux sites d’information indépendants, dont plusieurs étaient bloqués, et aux plateformes de réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), Facebook, Instagram, YouTube et WhatsApp.
Les apparitions des politiciens de l’opposition dans les grands médias ont été rares. Par exemple, lorsque le candidat à la présidentielle González est apparu sur la chaîne de télévision locale Venevisión en avril, les utilisateurs des réseaux sociaux ont davantage parlé de la décision de la chaîne d’émettre l’interview plutôt que du contenu de ses plans politiques.
L’organisation locale VE Sin Filtro a signalé[es] que la chaîne d’État CANTV et d’autres opérateurs privés d'Internet ont bloqué des portails d’information clés tels que TalCual, El Estímulo, Analítica et Runrunes, ainsi que les sites des ONG Medianálisis et Observatorio de Internet VE Sin Filtro.
Pendant les semaines précédant les élections, les émissions de radio[es] mettant en avant des candidats de l’opposition ont été fermées. L’ONG Laboratorio de Paz a dénoncé[es] une augmentation des détentions des membres de l'opposition, la violence de l’État et le mauvais usage des plateformes publiques pour les campagnes en faveur des chavistes. Au moins 76 arrestations arbitraires sont survenues[es] au cours des deux semaines précédant le jour du scrutin.
La société civile reste vigilante, avec des organisations comme Espacio Público, membre de l’IFEX, qui diffuse en direct, met en avant la censure et publie des rapports sur la situation. Malgré les difficultés, des efforts ont été fournis afin d'assurer l’accès à l’information, y compris une nouvelle application de VE Sin Filtro[es] pour aider à contourner les blocages médiatiques, en particulier pour ceux qui n’ont pas accès aux VPN.