Les différentes versions de la langue française qui se parlent aux quatre coins du monde ne se ressemblent pas toujours. Dans notre rubrique “Les mots ont la parole”, nous mettons à l’honneur les mots ou expressions qui sont spécifiques à une région, un pays, une communauté, mais aussi les intraduisibles qu’on garde en français tels quels, ou qu’on traduit à moitié, et enfin les mots français qui passent dans d’autres langues et ne se traduisent pas, mais prennent parfois un nouveau sens.
Tous nos épisodes précédents sont à retrouver ici: Les mots ont la parole.
Aujourd’hui, nous avons choisi ces trois termes et expressions:
Nionsologie: en lingala “nionso” signifie “tout” et a donné ce terme de “nionsologie” en français parlé en RDC. Il fait référence à de faux experts qui sont surtout présents sur les réseaux sociaux et donnent leur avis sur toutes les questions, prétendant être qualifies pour le faire.
Cet article de Global Voices décrit en détail ce concept du pseudo savoir universel:
Ces « nionsologues », parfois aussi appelés « toutologues », se basent souvent sur du sensationnel et des suppositions pour paraître plus compétents ou mieux informés que les autres.
Шансон: ce mot ukrainien, prononcé ‘chanson’ tire son origine du mot français chanson, mais prend certaines nuances particulières dans le cadre de la culture ukrainienne. Il fait bien référence à des œuvres artistiques combinant musique et parole, mais s’applique surtout à deux types de chansons: celles issues de la culture pop, que l'on va chanter en karaoke, et celles très spécifiques issues du monde criminel qui, à l’époque soviétique a développé son propre code artistique à travers tatouages, chansons, argot et autres pratiques d’expression uniques à ce milieu.
Voice une compilation de chansons dans le style pop ukrainien:
Autodafé: Le terme « autodafé » vient du portugais, ou de l’espagnol. L'expression « auto de fé », est d’origine latine: « actus fidei », et signifie « acte de foi ». A l’origine, il s’agit d’une cérémonie de pénitence publique organisée par les tribunaux de l‘Inquisition catholique lancée en 1478, après la reconquête de la péninsule ibérique à la suite de plusieurs siècles sous gouvernance musulmane. L’Inquisition se donne pour mission de « purifier » cette région en ciblant en particulier musulmans et juifs soupçonnés de ne pas s’être entièrement convertis à la religion catholique.
Au fil du temps, le mot est devenu synonyme d'une exécution publique par le feu de personnes condamnées comme hérétiques.
Selon le Larousse, le terme peut aussi faire référence à la « destruction par le feu d'un objet (en particulier des livres) qu’on condamne dans un but similaire de « purification » des idées. En 2022,, Amnesty International parle d’un autodafé moderne quand un pasteur évangelique aux Etats-Unis brûle publiquement des livres qu’il considerait comme démoniaques (en l’occurrence, Harry Potter et Twillight).
Cet article de Global Voices illustre justement l’utilisation du mot autodafé:
La scène d’autodafé de mon roman est imaginaire. La vente libre de Mein Kampf, le fait qu’il soit un best-seller en Inde, surtout parmi les jeunes, m’ont révoltée. Depuis la montée au pouvoir national de Modi alias son parti suprémaciste hindouiste BJP, depuis les déclarations massives et éhontées pro-Hitler, islamophobes de ses électeurs, j’ai voulu en parler dans mon roman.
Si vous avez des mots ou expressions à partager pour les faire figurer dans notre rubrique “Les mots ont la parole” contactez-nous: filip.noubel@globalvoices.org