
Image de pince-nez ; capture d'écran de la chaîne YouTube de Antique Menswear
Les différentes versions de la langue française qui se parlent aux quatre coins du monde ne se ressemblent pas toujours. Dans notre rubrique “Les mots ont la parole”, nous mettons à l’honneur les mots ou expressions qui sont spécifiques à une région, un pays, une communauté, mais aussi les intraduisibles qu’on garde en français tels quels, ou qu’on traduit à moitié, et enfin les mots français qui passent dans d’autres langues et ne se traduisent pas, mais prennent parfois un nouveau sens.
Tous nos épisodes précédents sont à retrouver ici: Les mots ont la parole.
Aujourd’hui, nous avons choisi ces trois termes et expressions:
Dépanneur: ce substantif vient du verbe dépanner, et désigne le métier de celle ou celui qui répare les pannes sur les machines, ou véhicules, ce que confirme le dictionnaire Le Robert. Mais au Canada, précisément au Québec francophone, le mot revêt un autre sens: il renvoie à une épicerie de proximité. Ces petites boutiques qui restent ouvertes jusqu'à une heure tardive contrairement aux autres commerces. En quelque sorte, le dépanneur au Québec dépanne les consommateurs quand les autres magasins sont fermés.
Cette vidéo en dit plus sur ce terme québécois:
Kuluna: Ce mot est utilisé principalement en RDC. Ayant des origines à la fois portugaise et française, le mot kuluna est issu du terme ‘culuna’ qui est la traduction du mot français ‘colonne’ pour parler des convois militaires ou de transport.
Aujourd'hui, il fait aussi partie du vocabulaire politique sur le continent africain car il désigne dans un autre sens les jeunes bandits et hors-la-loi en République démocratique du Congo (RDC). Le pays l’avait adopté dans les années 1990 pour indexer des jeunes entre 15 et 35 ans impliqués dans des activités de bandes organisées dans la ville de Kinshasa.
Ce rapport lu en anglais parle de ce phénomène de criminalité en RDC:
Pince-nez : aussi pincenê en portugais – est un binocle qui se fixe sur le nez. Il a été largement remplacé par les lunettes modernes au cours du vingtième siècle. Le terme a été importé du français en plusieurs langues à l’époque, y compris vers le portugais.
De nos jours, au Brésil, on dit “óculos” pour parler des lunettes. Pourtant, de temps en temps on peut encore entendre ce mot déjà un peu désuet pour faire référence aux lunettes, en général dans la bouche de personnes plus âgées qui ne savent pas forcément qu’il vient du français. Le pince-nez, populaire au dix-neuvième siècle, peut être employé pour évoquer cette période, marquée par la fin de l’empire au Brésil, et du début de la vieille république. Cette exposition d’art contemporain, par exemple, porte le nom de “Pince-nez”, en référence à un personnage d’un livre de l’époque.
Pour tout savoir sur l'évolution du pince-nez, voici une vidéo en anglais:
Si vous avez des mots ou expressions à partager pour les faire figurer dans notre rubrique “Les mots ont la parole” contactez-nous: filip.noubel@globalvoices.org ou jean.dedieusovon@globalvoices.org