
Mahmoud Ali Youssouf, nouveau président de la commission de l'Union africaine ; Capture d'écran de la chaîne YouTube de France 24
Depuis le 16 février 2025, l’Union africaine (UA) a un nouveau président de sa commission: le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf (dont le nom est parfois aussi orthographié comme Mahamoud) dont la tâche sera ardue car le continent connaît de nombreuses tensions et plusieurs conflits armés.
La commission de l'UA est le secrétariat permanent et assure le fonctionnement quotidien de cette institution qui regroupe 55 pays, représentant une population de plus de 1,5 milliards d'Africains. Considéré comme le plus haut responsable qui représente légalement l'institution, le président de la commission est élu pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Il remplit sa mission en collaboration avec d'autres commissaires chargé d'autres départements.
Qui est Mahmoud Ali Youssouf ?
A l'occasion de la 38ème session ordinaire des chefs d’États et gouvernements, tenue du 15 au 16 février à Addis-Abeba, Mahmoud Ali Youssouf est élu président de la commission avec 33 voix sur 49 pays votants – au lieu des 55 pays que compose l'union puisque six pays: le Burkina-Faso, le Niger, le Mali, le Gabon, la Guinée Conakry et le Soudan ont été suspendus en raison de récents coups d’États survenus dans ces pays. Djiboutien de nationalité, Mahmoud Ali Youssouf remplace à la tête de la commission le Tchadien Moussa Faki qui a effectué deux mandats (2017-2025).
Mahmoud Ali Youssouf était en compétition avec Raila Odinga, ancien Premier ministre kényan et Richard James Randriamandrato, ancien Ministre des affaires étrangères de Madagascar. Le nouveau président de la commission est polyglotte et parle couramment trois des six langues officielles de l'UA : le français, l'anglais et l'arabe. Il est aussi diplomate de carrière et a travaillé comme ministre djiboutien des affaires étrangères et de la coopération internationale de 2005 à 2025.
A l'annonce de sa victoire, Mahmoud publie sur son compte X:
La décision de nos chefs d’état africains est tombée : ils m’ont confié la charge de diriger la CUA [Commission de l'Union Africaine]. C’est une très lourde responsabilité et j’en mesure l’importance : je m’engage à œuvrer pour faire avancer l’agenda continental : merci à tous pour votre soutien constant .
— Mahmoud Ali youssouf (@ymahmoudali) February 16, 2025
Réactions internationales
Plusieurs personnalités internationales réagissent à la nomination de Mahmoud. Paul-Simon Handy, directeur régional de l'Afrique de l'Est à l’Institut d’études de sécurité (ISS) explique sur France24 :
Pour aller plus loin, nous avons reçu le Dr. Paul-Simon Handy, directeur régional de @issafrica pour l'Afrique de l'Est. Il a passé sa journée dans les coulisses du sommet de l’#unionafricaine.@France24_fr @FRANCE24 pic.twitter.com/iKDlD5DMq0
— Le Journal de l'Afrique – France 24 (@JTAfrique) February 15, 2025
Liesl Louw-Vaudran, chercheuse spécialiste de l’UA pour l’International Crisis Group (ICG) explique au journal Le Monde:
C’est un ministre des affaires étrangères et non un ancien chef d’État. L’Union africaine n’a presque eu que des diplomates à sa tête depuis sa création. La grande force de Mahmoud Ali Youssouf est qu’il connaît l’institution par cœur.
De nombreux défis à relever
Durant la prestation de son serment le 16 février 2025 à l'issue de sa nomination, Mahmoud Ali Youssouf a reconnu l'ampleur de sa nouvelle mission. Le média sénégalais Exclusif.net le cite en ces termes:
« J’ai prêté serment pour servir honnêtement et dignement l’Afrique les quatre prochaines années. Une mission hautement exigeante. »
Effectivement, plusieurs crises et conflits minent le continent africain: la guerre opposant l'armée de la RDC au M23 appuyés par le Rwanda dans l'est du pays; le conflit au Soudan qui touche de plus en plus les populations civiles.
Lire : Les populations civiles dans l’est de la RDC victimes d'un regain de tension entre gouvernement et rebelles
Le nouveau président de la commission de l'UA hérite également du dossier de suspension de six pays, et du conflit entre les séparatistes anglophones et le gouvernement camerounais.
Dans une analyse, Exclusif.net voit en l'élection du ministre djiboutien un appel à l’unité et à l’action du continent:
L'élection de Mahmoud Ali Youssouf intervient alors que l’UA cherche à jouer un rôle plus décisif dans la résolution des crises africaines. Son message marque une volonté de redynamiser l’institution et de promouvoir une gouvernance exemplaire.
(…) le nouveau président de la Commission de l’UA devra s’appuyer sur une coopération renforcée entre les États membres et sur une mobilisation des ressources pour concrétiser les ambitions de l’organisation. Son serment est un engagement solennel : celui de défendre les intérêts du continent avec droiture et détermination.
Sur le continent, les organisations régionales font face à une crise de souveraineté : d'une part la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait face au départ de trois pays principaux pays: le Burkina-Faso, le Mali et le Niger ; d'autre part, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), un autre groupe régional, risque de rentrer en conflit aux côtés de la RDC contre le Rwanda en raison de son soutien aux rebelles du M23.
Dans une telle Afrique au bord de la désunion où la Chine, l'Europe, la Russie et d'autres acteurs luttent pour maintenir leur influence, l'Union Africain doit relever de multiples défis politiques, sécuritaires, économiques et technologiques. Ceux-ci s'ajoutent aux domaines jugés prioritaires et définis dans l'agenda 2063 de l'institution continentale: croissance économique durable et inclusive, bonne gouvernance, innovation.