Les communautés grecques se mobilisent pour lutter contre les expulsions dans le sillage d'une crise croissante du logement

 

Des militants manifestent près de l'appartement d'un couple menacé d'expulsion dans le quartier de Toumba à Thessalonique, en brandissant une affiche sur laquelle on peut lire : « Résistons aux profits du capital. Les maisons des gens sont sauvées par le peuple. La lutte continue. » Photo de l'auteur, utilisée avec permission.

Le 30 janvier [gr.], des habitants et des organisations de Thessalonique, dans le nord de la Grèce, se sont mobilisés pour empêcher l'expulsion d'un homme aveugle de 87 ans souffrant de handicaps graves et de sa femme de 77 ans, qui souffre des conséquences de deux opérations chirurgicales ratées. La maison du couple de personnes âgées a été vendue aux enchères en 2022 en raison d'arriérés de prêt hypothécaire. Les autorités ont exigé que le couple remette les clés le jour de la manifestation. Cet incident a mis en évidence la négligence du gouvernement envers les communautés ouvrières, les politiques inadéquates [ang.] qui ne protègent pas les emprunteurs [ang.] et les nombreux problèmes liés à la gentrification [ang.]
Le même jour, une mobilisation similaire [gr.] a eu lieu dans la banlieue d'Evosmos à Thessalonique, où des militants sont intervenus dans un processus d'expulsion pour l'empêcher en protégeant unе travailleuse monoparentalе avec deux enfants. Ces mobilisations ont contribué à sensibiliser le public au problème généralisé et systémique des personnes confrontées à l'injustice du logement en Grèce.
Bien que la manifestation ait temporairement interrompu l’expulsion, il s’agit d’une lutte continue et les problèmes sous-jacents persistent, en particulier les inquiétudes concernant la protection de l’État pour les plus vulnérables.

À Thessalonique, des manifestants ont défilé avec une affiche sur laquelle on peut lire : « NE TOUCHEZ PAS AUX LOGEMENTS DES GENS. AUCUNE MAISON NE SERA ENTRE LES MAINS DES BANQUIERS ! » L'affiche met en lumière la résistance contre les institutions financières qui non seulement contrôlent les logements des gens mais mettent aussi leur vie en danger. Photo de l'auteur, utilisée avec permission.

Crise du logement : tensions croissantes

De nombreux militants et habitants ont critiqué les récentes lois mises en place [ang.] par le gouvernement au pouvoir et les administrations précédentes, accusant cette initiative plus large d’être « anti-populaire ». Ces sentiments reflètent le mécontentement de nombreux manifestants, qui considèrent que la loi aggrave la situation de la classe ouvrière grecque, avec des mesures telles que l’augmentation des impôts [ang.], l’abolition des droits fondamentaux du travail et la négligence persistante des augmentations de salaires [ang.]. En conséquence, de nombreux travailleurs se retrouvent endettés auprès des banques.
Les expulsions et les ventes aux enchères de biens immobiliers sont devenues un problème répandu au sein de la classe ouvrière. Les banques et les élites fortunées en tirent souvent profit aux dépens des ménages les plus vulnérables d'entre des travailleurs. Par exemple, les familles de la classe ouvrière sont de plus en plus obligées de faire face aux conséquences [gr.] du Plan Hercules [ang.], une initiative introduite [ang.] en 2019 par le gouvernement de la Nouvelle Démocratie, dirigé par le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis, pour traiter les prêts non performants (PNP) en les transférant à des fonds d’investissement privés. Le plan visait à assainir les bilans des banques grecques en se débarrassant des créances irrécouvrables qui n’étaient pas remboursées, l’État grec fournissant des garanties pour une partie de ces prêts.

En 2021, le gouvernement a prolongé le programme sous Hercules II [ang.], en gérant davantage la titrisation des créances douteuses. Cependant, les critiques affirment que, plutôt que de protéger les ménages vulnérables, le plan a augmenté les saisies et les expulsions [ang.], les fonds et les banques se déplaçant agressivement pour recouvrer les créances.

L'un des militants s'avance pour prononcer un discours de solidarité avec le couple de personnes âgées menacé d'expulsion devant leur maison à Thessalonique. Photo de l'auteur, utilisée avec permission.

De plus, les critiques affirment [ang.] que ces mesures ne font que protéger les intérêts financiers des banques tout en mettant en danger les familles vulnérables, voire en les exposant au risque de se retrouver sans abri [ang] dans ce processus. De telles tactiques visent à affaiblir et à nuire à la classe ouvrière tout en bénéficiant à l’élite riche et aux institutions financières sans tenir compte des implications plus larges de ces politiques.

Qui en paie les frais ? Les échecs des politiques dans le contexte de la crise du logement

Une semaine après la première mobilisation, une autre a eu lieu le 8 février [gr.], où les travailleurs et les habitants du quartier de Toumba à Thessalonique se sont rassemblés contre l’expulsion de familles menacées de vente aux enchères de leurs biens. Cette fois, la manifestation a compté sur la participation de personnalités éminentes telles que Giannis Delis, député du Parti communiste de Grèce, qui a vivement dénoncé la législation autorisant ces expulsions. Delis a appelé le gouvernement à rendre des comptes, soulignant que la pression publique est cruciale dans ces situations, favorisant la solidarité et mettant un terme à de nouvelles expulsions, soulignant que les personnes confrontées aux saisies immobilières et aux ventes aux enchères ne sont pas impuissantes tant que la résistance collective et la solidarité continuent de croître.

Dans cette vidéo, Delis dénonce les injustices persistantes confirmées par les lois des principaux partis, réaffirmant sa solidarité avec le peuple :

Par ailleurs, Yannis Kourmoulis, s’exprimant au nom du Comité des syndicats contre les ventes aux enchères (Επιτροπή των Εργατικών Σωματείων ενάντια στους πλειστηριασμούς), a souligné l’attaque en cours contre le logement de la classe ouvrière [gr.] Il a souligné que les plus vulnérables sont souvent les plus touchés, comme les personnes handicapées, les jeunes couples et les retraités, qui se trouvent de plus en plus en danger.
Au sein de l’UE, les ménages grecs sont confrontés au fardeau du coût [ang.] du logement le plus élevé [ang.], avec une moyenne de 35 % du revenu disponible consacré au loyer, aux remboursements hypothécaires et aux services publics. Ce n’est pas un problème nouveau en Grèce, qui figure régulièrement parmi les pays les plus touchés [ang.]
En réponse à cette situation, le gouvernement du Premier ministre Mitsotákis a lancé l'année dernière le programme My House II [gr.], ui alloue deux milliards d'euros pour aider 15 000 jeunes et couples de moins de 50 ans. De plus, 400 millions d'euros ont été réservés à des prêts à taux zéro pour les rénovations énergétiques des logements, ainsi qu'une exonération fiscale temporaire pour les propriétaires qui convertissent les locations à court terme en baux à long terme.
Cependant, ces mesures ont rencontré une réaction négative importante, les critiques soulignant l'échec de la précédente initiative My House I [ang.] pour freiner la hausse des coûts du logement. Plutôt que d'alléger ces charges, les politiques gouvernementales ont fait de la Grèce l'un des marchés du logement les plus inabordables de l'UE [ang.]
Les critiques affirment [ang.] que ces initiatives ne parviennent pas à mettre en œuvre des contrôles efficaces des loyers ou à traiter l’impact des locations à court terme, qui affectent de manière disproportionnée les personnes à faible revenu, les travailleurs et même les étudiants. D’autres critiques visent les fonds d’investissement pour avoir exploité un cadre juridique injuste qui a été approuvé [gr.] par les gouvernements successifs, y compris le parti au pouvoir Nouvelle Démocratie, SYRIZA et PASOK.
Un autre problème préoccupant est la tendance du gouvernement à rejeter la faute [ang.] sur les autres. Les autorités ont ciblé les locataires « non payants » comme étant la cause profonde de la crise du logement plutôt que de reconnaître les problèmes systémiques plus profonds qui persistent depuis des années.

Un combat pour la justice en matière de logement : les demandes de responsabilisation

Ces problèmes sont le reflet d'un gouvernement qui privilégie le profit au détriment d'un filet de sécurité pour les ménages de la classe ouvrière. Les manifestations ont mis en évidence la résistance persistante des résidents et des militants qui travaillent en solidarité pour dénoncer la crise systémique plus large de la Grèce. À mesure que ces mouvements se renforcent, il deviendra impossible d'ignorer la demande de responsabilisation des autorités.

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