Les manifestants d'Avarua exigent la transparence dans l'accord entre la Chine et les Îles Cook

 

Cook Islands protest

Manifestation devant le parlement des Îles Cook. Capture d'écran de la vidéo YouTube de 1News. Utilisée avec permission.

Le 18 février, près de 400 personnes ont participé à une manifestation rare devant le bâtiment du parlement à Avarua, la capitale des Îles Cook, exigeant la transparence de l’accord signé par le Premier ministre Mark Brown lors de son voyage en Chine.

Le Plan d’action Chine-Îles Cook pour un partenariat stratégique global a été annoncé le 14 février ; alors que l’on craignait qu’il ait été négocié sans consultation appropriée du public et du gouvernement néo-zélandais.

Les Îles Cook sont un pays du Pacifique Sud en libre association avec la Nouvelle-Zélande. Ses 15 000 habitants peuvent vivre et travailler en Nouvelle-Zélande, et le pays doit être consulté sur tous les accords et échanges internationaux.

Le gouvernement néo-zélandais a déclaré qu’il n’était pas informé des détails de l’accord que Brown a cherché avec la Chine. Des rapports ont indiqué que cet accord se concentrait sur la promotion de la coopération portant sur le commerce, la résilience climatique, l’exploitation minière en haute mer et les questions maritimes.

Avant son voyage en Chine, Brown s’est engagé à publier tous les documents liés à l’accord et a assuré au public que la relation constitutionnelle des Îles Cook avec la Nouvelle-Zélande ne serait pas affectée.

Brown a assisté à la signature de l'accord en Chine, que son gouvernement a décrit comme une avancée dans la diplomatie internationale du pays.

Mais une manifestation l'a accueilli au lendemain de son arrivée de Chine. La cheffe de l'opposition Tina Browne faisait partie de la foule qui a fustigé le manque de transparence de l'accord :

Il parle de transparence, mais je ne pense pas qu'il connaisse la signification réelle de ce mot. Il ne s'agit pas de transparence, mais simplement de choisir ce qu'il veut révéler.

Elle a ajouté que l’accord pourrait porter atteinte à la souveraineté du pays :

Nous n’avons aucun problème à ce que notre gouvernement aille demander de l’aide.

Cependant, nous avons un problème lorsque cela met en péril notre souveraineté, et nos relations avec la Nouvelle-Zélande.

Dans un discours devant le Parlement, Brown a défendu sa décision de signer un accord avec la Chine :

Je suis conscient que certains membres de notre communauté se sentent ignorés dans les décisions récentes. Je sais qu’aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’un problème, mais de plusieurs problèmes. Il s’agit de l’avenir de notre pays. Il s’agit de confiance. Il s’agit de veiller à ce que chaque habitant des Îles Cook se sente entendu. Je vous vois. Je vous entends. Et je vous respecte.

Je tiens à être clair : ce gouvernement attache du prix à la transparence, à la consultation et au dialogue ouvert. Notre engagement avec nos partenaires internationaux, notamment la Chine, a toujours été mené dans le meilleur intérêt de notre peuple.

Il a également expliqué pourquoi le document relatif à l’accord apparaît quelque peu vague :

Certains ont dit qu’il y avait très peu de détails, et c’est délibéré, car les détails figureront dans toutes les négociations qui auront lieu pour tout futur projet potentiel qui pourrait avoir lieu, qu’il s’agisse du domaine de l’agriculture, du développement des infrastructures, etc.

Le ministère des Affaires étrangères et de l’Immigration a publié une déclaration résumant l’importance de l’accord :

Avec la signature du Plan d’action, les agences des deux gouvernements peuvent faire progresser les discussions sur une base sectorielle afin de s’appuyer sur les projets et initiatives bilatéraux existants et futurs qui peuvent contribuer à l'atteinte des résultats de développement des Îles Cook.

La ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration, Tingika Elikana, s’est également exprimée au Parlement et a souligné qu’il n’y avait rien d’inhabituel pour les Îles Cook de rechercher des partenariats avec d’autres pays :

Nous sommes fiers de notre relation de libre association avec la Nouvelle-Zélande, qui a été bénéfique à la fois pour la Nouvelle-Zélande et pour les Îles Cook. Nos économies sont étroitement liées, nos peuples et nos cultures sont étroitement liés, et nos avenirs sont étroitement liés. Tout comme Aotearoa New Zealand continue de forger des partenariats internationaux dans l’intérêt du peuple néo-zélandais, notre gouvernement doit également forger des partenariats internationaux dans l’intérêt du peuple des Îles Cook.

Certains analystes n’ont vu rien de controversé dans le document d’accord publié par le gouvernement :

Cependant, dans une interview aux médias, Anna Powles, professeure associée du Centre d'études de défense et de sécurité de l'Université Massey, a souligné que la coopération maritime signée par le gouvernement pourrait avoir des implications plus importantes dans la région :

L'infrastructure proposée soutiendra à la fois la flotte de pêche chinoise et potentiellement la flotte de garde-côtes chinoise qui a étendu ses opérations dans l'océan Pacifique… Cela survient à un moment où la Chine a intensifié les tensions militaires dans la région du Pacifique.

The Guardian a interviewé la photographe locale Fe’ena Syme-Buchanan, dont l'opinion reflète les sentiments mitigés de certains résidents à propos de l’accord :

Il existe un potentiel de croissance économique, d’expansion des entreprises et d’amélioration des infrastructures, qui pourraient profiter aux habitants comme moi.

Mais soyons réalistes : de telles opportunités ont un coût. Les Îles Cook sont petites et lorsque vous signez des accords avec des géants économiques comme la Chine, vous devez vous interroger sur les conséquences à long terme.

Global Times, un journal financé par l’État chinois, a souligné dans un éditorial que « les pays du Pacifique Sud ne s’intéressent pas aux jeux géopolitiques [puisque] leur priorité est de répondre à leurs propres besoins de développement ». Il a ajouté :

La méfiance de certains Occidentaux est davantage motivée par leurs propres considérations géopolitiques que par une réelle préoccupation pour le développement des pays insulaires du Pacifique. L’esprit de compétition à courte vue et l’incertitude politique des Occidentaux ne sont pas exactement ce que les pays du Pacifique Sud souhaitent voir.

Le gouvernement de Brown a peut-être obtenu un engagement diplomatique majeur, mais la récente manifestation témoigne d’un scepticisme persistant à l’égard de l’accord. Brown devra peut-être redoubler d’efforts pour convaincre l’opinion publique et le gouvernement néo-zélandais que l’accord apportera plus d’avantages que de préjudices, non seulement aux Îles Cook, mais aussi à l’ensemble de la région du Pacifique.

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