Haris Pardede : frayer la voie au journalisme footballistique en Indonésie

Bung Harpa has covered a football match at Baku Olympics Stadium, Azerbaijan. Photo used with permission

Bung Harpa au stade olympique de Bakou pour couvrir un match de football. Photo utilisée avec permission.

Haris Kristanto Pardede est un YouTubeur spécialisé dans le football. Sa chaîne est l’une des plus influentes d’Indonésie et de nombreux amateurs de sport le considèrent comme une source fiable. Arpan Rachman s’est entretenu avec Pardede pour en apprendre plus sur son parcours atypique et sur ce qui l’a poussé à devenir un influenceur footballistique, laissant derrière lui sa carrière de journaliste sportif à Koran Sindo.

Pardede a commencé la création de contenu lors de la pandémie, mais il n’a gagné en popularité qu’à partir de 2024, quand il couvrira les matchs de l’équipe nationale d’Indonésie lors de la coupe d’Asie des nations de football 2023 qui s’est déroulée au Qatar. La chaîne YouTube de Pardede, Bung Harpa, amasse près de 122 000 abonnés et plus de 24 millions de vues réparties sur 1080 vidéos.

Si la plupart des influenceurs couvrent les matchs via des sites de streaming, Pardede, lui, se rend sur place, quitte à voyager de pays en pays. Il offre aux spectateurs sans grandes connaissances du football des informations sur les différentes règles et les différents joueurs tout en dissipant quelconques rumeurs, permettant ainsi de combattre la désinformation. Il entretient des relations étroites avec les membres de la Fédération d’Indonésie de football (la PSSI). Pardede partage régulièrement des nouvelles qui n’ont pas encore atteint les médias grand public tout en publiant du contenu qui s’appuie sur ses observations.

L’entretien entre Arpan Rachman et Haris Kristanto Pardede s’est déroulé au Stade Gelora-Bung-Karno à Jakarta.

Arpan Rachman (AR) : Votre chaîne YouTube amasse aujourd’hui des milliers de followers. Quelles étaient vos motivations lors de sa création ?

Haris Kristanto Pardede (HKP): Football has been in my blood since I was little. I started a YouTube channel because I love football and want to share my thoughts and experiences. I finally discovered a platform I enjoyed since I could communicate with the subscribers and other journalists, who undoubtedly have different opinions. This is what I think enriches the content on my channel.

Haris Kristanto Pardede (HKP) : Depuis mon enfance, je sais que j’ai le football dans le sang. J’ai ouvert ma chaîne YouTube pour partager mon amour et mes connaissances de ce sport. C’est une plateforme que j’apprécie, car elle me permet de communiquer avec des gens qui ne partagent pas forcément mes avis, que ce soit des abonnés, ou d’autres journalistes. Je pense que ces interactions enrichissent le contenu de ma chaîne.

AR : Avez-vous rencontré des difficultés lorsque vous êtes passé d’un journaliste sportif à un créateur de contenu sur internet ?

HKP: At the starting point, there weren't many subscribers following this channel. I thought I was boring the audience as I was a journalist. The public on social media wanted more sensationalism. So, I just went back to the basics of reporting. When there was confusing news, I straightened out the rumor, and people started to believe it. It turns out that YouTube also has a market for this type of sports coverage.

HKP : Au début, je pensais que mon contenu était trop professionnel, qu’il était ennuyeux, et que c’était sûrement pour cela que je n’avais pas beaucoup d’abonnés. Je pensais que les internautes voulaient des choses plus sensationnelles. Mais je suis tout de même resté sur les bases du journalisme. Quand il y avait des rumeurs, je faisais de mon mieux pour tirer les choses au clair. C’est à ce moment que les gens ont commencé à me faire confiance. Au final, j’ai appris que même sur YouTube, il y avait un public qui recherche une couverture sportive plus professionnelle.

AR : Pouvez-vous donner des conseils aux journalistes et aux YouTubeurs qui souhaiteraient avoir accès aux terrains lors des sessions d’entraînement ou lors des compétitions ?

HKP: Because I was a journalist, I also knew the limits. It's my passion, and I must understand ethics. I believe that viewers will accept our provided content as long as it is genuine and original. Cybercitizens will love whatever we broadcast to the public as long as it is genuine and upbeat, and it will also help the struggling Indonesian national football team.

HKP : Grâce à mon passé de journaliste, je connaissais déjà les limites. C’est ma passion, et je comprends l’éthique. Mais je crois aussi que les spectateurs pourraient accepter tout type de contenu tant qu’il est original et fait avec passion. Les internautes aiment tout ce qu’on peut créer, tant que l’on fait avec amour et entrain. De plus, je pense que cela pourrait aider l’équipe nationale d’Indonésie qui a du mal à s’en sortir.

AR : Les journaux sportifs doivent-ils envoyer plus de journalistes sur le terrain ?

HKP: That is a challenge as well as an opportunity. When I went abroad several times and became the only citizen journalist from Indonesia who reported from the match field, I was happy because all the public's ears and eyes were focused on me. Although, in the end, I felt alone, there were no fellow citizen reporters and professional journalists from Indonesia.

HKP : Cela peut s’avérer compliqué, mais c’est également une véritable opportunité. J’avoue avoir été assez heureux quand je me suis rendu compte que j’étais le seul journaliste citoyen d’Indonésie lors de mes voyages à l’étranger, puisque toute l’attention du public était portée sur moi. Mais au bout du compte, j’ai fini par me sentir seul, parce qu’il n’y avait aucun autre journaliste indonésien pour m’accompagner.

AR : Où en est le journalisme footballistique en Indonésie ? Et qu’est-ce que les journalistes pourraient faire pour améliorer la situation ?

HKP: Journalists in the new media today are perhaps not as daring or pro-active as before. In the past, we had to seek out our sources by going directly to the location and observing the game in the field. Now, more people work by compiling information like playing a puzzle because of many templates. So, in one news article, some journalists paste various information that previously existed in other media without needing to clarify. That is the challenge of today's journalism.

If you look at the existing infrastructure, the support capacity is extraordinary. Any data is available, and information is easier to find. It only takes creativity to process it. What I feel is lacking in the current era is creativity. Therefore, some journalists would rely on oblique quotes rather than visit the field.

HKP : Les journalistes d’aujourd’hui ne sont plus aussi audacieux ou déterminés qu’auparavant. Avant, nous devions aller chercher nos sources directement sur le terrain, nous devions observer attentivement le match. Mais maintenant, les journalistes recueillent l’information comme s’ils essayaient de compléter un puzzle. On retrouve alors des articles qui sont presque des copier-coller d’articles déjà existants et dont l’information a à peine été corrigée. Il est là le défi du journalisme moderne.

Si on regarde les infrastructures existantes, on se rend compte que la capacité de soutien est extraordinaire. On peut trouver en un clic tout ce que l’on recherche. On a juste besoin d’imagination pour mettre tout cela au clair. Et je trouve que de nos jours, on manque cruellement d’imagination. C’est pour cela que de nombreux journalistes préfèrent utiliser des informations qui ne sont pas forcément vraies plutôt que de se rendre sur le terrain.

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