
« C’est une puissante mère patrie » est écrit sur le décor. Cette image a été prise à la cérémonie d’ouverture de la 10 ᵉ Journée d’Éducation Nationale à la Sécurité le 15 avril 2025. Photo par Kyle Lam/HKFP. Utilisée avec permission.
Cet article a été initialement écrit par Kelly Ho et fut publié par Hong Kong Free Press le 15 avril 2025. Une version éditée de cet article est republiée sur Global Voices dans le cadre d’un accord de partage de contenu.
Le ministre de l’Éducation de Hong Kong a défini les écoles comme étant « le lieu idéal pour prévenir l’accélération d’une résistance passive ». D’après lui, les rumeurs sur internet pousseraient les élèves à développer un sens moral « extrême et biaisé ».
Christine Choi, Secrétaire à l’Éducation, a également déclaré ce 15 avril (10 ᵉ anniversaire de la Journée d’Éducation Nationale à la Sécurité, jour férié mis en place par l’Assemblée Nationale Populaire le 1er juillet 2015 pour sensibiliser la population à la sécurité nationale) que les écoles de Hong Kong devraient cultiver un patriotisme chez les élèves, et que pour cela, il faudrait former les professeurs « pour empêcher des forces hostiles de s’infiltrer dans nos écoles ».
Choi met en garde les élèves face à « l’aspect dangereux » d’une résistance passive, qui peut « facilement pénétrer le cœur et l’esprit ».
Afin d’illustrer son propos, elle a pris l’exemple de divers livres illustrés et publiés par un groupe d’orthophonistes aujourd’hui séparés. D’après elle, ces livres, jugés comme étant séditieux en 2022, feraient l’apologie de « sentiments anti-gouvernementaux » à des élèves « mentalement immatures ».
Le ministre de l’Éducation a ensuite fait mention de rumeurs présentes en ligne concernant des « activités ludiques normales » qui seraient en fait un moyen de « laver le cerveau des élèves » en les « forçant » à visiter la Chine continentale.
Students unknowingly absorb these messages, forming extreme, biased, or even incorrect values.
They can be manipulated and incited to engage in illegal activities, disrupting social peace and endangering national security. The consequences are very serious.
Les élèves absorbent inconsciemment ce genre de message aux valeurs morales extrêmes, absolument fausses et biaisées.
Ils deviennent ensuite facilement manipulables et ils peuvent être incités à prendre part à des activités illégales qui perturbent la paix et qui mettent en danger la sécurité du pays. Les conséquences sont très graves.
Chris Tang, Secrétaire à la Sécurité, a lui aussi déclaré que certaines personnes faisaient mention de problèmes sans liens avec la sécurité nationale dans le but de « diviser la société » et « d’engendrer une haine contre les gouvernements des régions administratives spéciales et contre le gouvernement central ».
Il s’est ensuite mis à accuser d’anciens membres du gouvernement d’être à l’origine de rumeurs concernant la mort d’un élève du secondaire lors d’une visite scolaire en Chine continentale. Ces rumeurs ont été partagées par le média Edu Lancet sur les réseaux sociaux, média géré par Hans Yeung, l’ancien directeur des sujets du Bureau d’Éxamination et d’Évaluation de Hong Kong, sur Facebook, Instagram et Threads. Chris Tang s’est insurgé face à ces rumeurs qui semblent suggérer que cet élève aurait perdu la vie à cause du gouvernement qui « forcerait » les étudiants à prendre part à des programmes d’échange avec la Chine.
Christine Choi affirme que le Bureau de l’Éducation a mis en place diverses formations afin d’aider les professeurs à reconnaître des comportements de « résistance passive ».
Les écoles ont pour obligation d’incorporer l’éducation nationale dans le cursus scolaire, l’effet souhaité étant de renforcer « la confiance culturelle, l’identité nationale et le savoir des élèves dans le but de garantir la sécurité du pays ».
« Cette nouvelle génération représente notre futur, et les écoles sont les premiers remparts face à la résistance passive », a insisté le ministre.
La « résistance passive » est décrite comme une menace pour la sécurité nationale depuis 2021, et pourtant, aucun agent du gouvernement n’a donné de définition claire depuis.
À part le livre pour enfants bannis et les cinq orthophonistes emprisonnés pendant 19 mois en 2022, une erreur commise avec l’hymne national lors d’un événement sportif international a été citée comme un autre exemple de « résistance passive » par les autorités de la ville.
Cette erreur se réfère à la méprise commise par les organisateurs de l’événement qui ont joué la chanson de protestation « Glory To Hong Kong » au lieu de l’hymne national chinois (aussi utilisé par Hong Kong) « La Marche des Volontaires ».