“Un incendie de poubelles“. “Une catastrophe ferroviaire“. “Cauchemar“. Voici quelques qualificatifs utilisés pour décrire la bataille électorale pour la Maison blanche entre la candidate démocrate Hillary Clinton et le candidat républicain Donald Trump. La longue et pénible campagne de 18 mois, les débats et scandales, ont accaparé les médias non seulement aux Etats-Unis mais tout autour du monde.
Les Américains se sont finalement rendus aux urnes le 8 novembre 2016 pour trancher l'issue de l'élection. Une mince majorité d'électeurs a voté pour Hillary Clinton, active sur la scène politique de longue date. Mais c'est l'homme d'affaires et la star de télé réalité Donald Trump qui a finalement arraché la présidence, avec davantage de voix de grands électeurs du collège électoral américain.
Le chemin jusqu'à la victoire de Donald Trump a été étrange, surréaliste pour beaucoup de ceux qui observaient la campagne depuis un autre pays. Sa candidature, puis sa popularité et sa victoire, soulèvent des inquiétudes pour la démocratie américaine.
Pour les Iraniens, qui ont vécu deux mandats du président populiste Mahmood Ahmadinejad, l'habitude qu'a Donald Trump de discréditer ses opposants, ses messages racistes et xénophobes et sa misogynie sont familiers.
Les Venezueliens trouvent des ressemblances entre feu le président Hugo Chávez et Donald Trump. Tout deux ont cultivé une présence incendiaire dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux, attirant une audience de plusieurs millions d'internautes, qui fait d'ailleurs la fortune d'une petite ville en Macédoine, tout au moins dans le cas de Donald Trump.
Dans les pays post-soviétiques, un nouveau président américain – peu importe son sexe – évoque les systèmes politiques de leur propre pays. Une victoire de Hillary Clinton, en politique depuis des décennies, dont le mari a été président après George H. W. Bush et avant George W. Bush, aurait prouvé que la vie politique américaine est dominée par une poignée de dynasties politiques puissantes. La victoire de Trump a discrédité les libéraux d'Asie Centrale, qui expliquaient que la politique, en Occident est fondamentalement différente de celle qui se pratique dans leur pays.
Les accusations de fraudes ont volé pendant les primaires, des violences ont eu lieu durant certains meeting électoraux de Trump : un utilisateur de blog Tumbl, Ragamberi, a imaginé ce que la couverture de cette élection aurait été si un média africain avait utilisé le même ton qu'utilisent les médias occidentaux quand ils couvrent les élections en Afrique. Le résultat est édifiant :
Explaining the weekend’s clashes, America experts – based at Eduardo Mondlane University in Maputo, Mozambique, Southern Africa – say Illinois has longstanding, deep-seated ethnic and sectarian tensions that are sure to boil over if the Obama regime does not allow UN peacekeepers before the hotly contested polls in November.
A propos des incidents de ce week end, les experts américains, depuis l'université Eduardo Mondiane à Maputo, en Mozambique, au sud de l'Afrique, ont expliqué que l'Illinois était le théâtre de tensions inter-ethniques et religieuses anciennes qui risquent de s'envenimer si l'administration Obama n'autorise pas la venue de Casques bleus de l'ONU avant le scrutin très serré en novembre.
L'élection a également donné du grain à moudre aux services chinois de la propagande. Après les débats télévisés entre Clinton et Trump, des organisations chinoises affiliées à l'Etat et au Parti communiste chinois ont mis en ligne une parodie en vidéo des deux candidats. La vidéo, qui représente Clinton et Trump on train de chanter des chansons d'amour l'un pour l'autre, est devenue virale sur les réseaux sociaux chinois.
En septembre dernier, une visite de Donald Trump au Mexique avait provoqué la colère des Mexicains, non seulement contre le candidat mais contre leur propre président, Enrique Peña Nieto, qui l'avait invité. Trump a régulièrement fait des commentaires insultants envers les Mexicains et les Mexicains-américains et sa campagne avait débuté par la promesse de construire un mur le long de la frontière Etats-Unis-Mexique pour bloquer l'immigration illégale. En ajoutant que le Mexique devrait payer pour ce mur.
Dans une phase de grande tension diplomatique entre Moscou et Washington, la Russie a joué un rôle prépondérant dans la course à la Maison blanche, que ce soit par les soupçons d'ingérence de la Russie dans l'affaire des mails piratés de la Convention démocrate nationale, ou la proximité entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine.
Derrière ces manoeuvres diplomatiques, les Russes ordinaires ont suivi le match Clinton-Trump avec intérêt. Un blogueur russe, Ilya Varlamov, a voyagé dans tous les Etats-Unis pour faire la chronique de la course à la Maison blanche :
Americans have found themselves in such a tricky situation that I’ve even started to feel a little bit sorry for them. Imagine: the presidential elections are fast approaching and there's no one to choose from! It's as if you were given the choice between Zyuganov [the head of the Russian Communist Party] and Zhirinovsky [the head of the Liberal Democratic Party of Russia]. It's awful to think about, but that's what the Americans have done to themselves.
On one side there's Clinton, the old lady who everyone’s had enough of, who faints every now and then, and who'll die at any moment. On the other side there’s Trump, the delusional clown who has made a show out of the elections, who spews all kinds of bullshit, and who openly mocks everyone. And you ask, who is there to vote for?
Les Américains se sont retrouvés dans une situation si complexe que j'ai commencé à avoir un peu pitié d'eux. Imaginez : le jour du vote approche rapidement et c'est le choix entre rien et rien. C'est comme s'il vous fallait choisir entre Zyuganov [chef du parti communiste russe] et Zhirinovsky [chef du Parti libéral démocrate de Russie]. C'est un cauchemar d'imaginer ça, mais c'est ce que les Américains se sont infligés à eux mêmes.
D'un côté, il y a Clinton, la vieille dame dont tout le monde a assez et qui s'évanouit de temps à autre, et qui pourrait claquer d'un moment à l'autre. De l'autre, il y a Trump le clown délirant qui a fait un show de cette élection, qui crache toutes sortes de bêtises, et qui se fiche ouvertement de tout le monde. Et vous vous demandez, que reste-t-il, pour voter ?
L'American Dream: un ‘foyer et une vie libres de la peur’
“Envoyez-moi vos fatigués, vos pauvres. Envoyez-moi vos cohortes qui aspirent à vivre libre” est un vers d'une célèbre poésie, gravé sur la Statue de la liberté à New York. L'élection de 2016 a trainé ce credo dans la boue.
Trump a construit une grande partie de sa campagne sur l'exclusion de l’ “autre”.En réaction au massacre de San Bernardino en Californie, il a appelé à un “interdiction totale et complète aux musulmans d'entrer aux Etats Unis jusqu'à ce que les représentants de notre pays puisse comprendre ce qui se passe”, ce qui du point de vue des juristes serait anticonstitutionnel. Il assure se souvenir de milliers de musulmans fêtant les attentats des tours jumelles en 2001, alors que la police déclare que rien de tel ne s'est produit.
Il considère également l'éventualité de contraindre les musulmans vivant aux Etats Unis de s'enregistrer dans une base de données ou de porter avec eux une identification spécifique. Ses déclarations arrivent dans un contexte d'une multiplication des actes de violence contre les musulmans américains. La surveillance des communautés musulmanes et des lieux de culte est déjà la norme. De son côté, Hillary Clinton n'avait pas donné de garantie qu'elle irait contre cette réalité, non plus.
Trump a été également accusé de racisme contre les noirs en de multiples occasions durant sa carrière. Il a été très actif dans l'affaire du “birther”, qui mettait en doute la citoyenneté américaine du président Barack Obama. Durant sa campagne, Donald Trump a été lent à condamner les militants de la suprématie des blancs, qui ont soutenu sa candidature.
Les faits se déroulent alors que le mouvement Black Lives Matter lutte contre les violences de la police américaine contre les noirs.
Il a beaucoup été question de certaines communautés, alors que d'autres telles que les tribus natives ont été oubliées. Une campagne débridé a monopolisé l'attention alors que la mobilisation pour bloquer le passage du pipeline Dakota Access Pipeline sur des territoires indiens est en cours dans le Midwest.
Deux mois avant le vote, notre contributrice Tori Egherman avait lancé cet appel touchant à l'unité et à l'égalité :
Now, more than ever, it’s time for the United States to make good on its promise to its citizens and its promise to those seeking refuge. Life. Liberty. Home. We have to make the minorities among us feel safe. That is the very least of our responsibilities.
We have to put aside our own pain and our own past and all that baggage we carry and make the American Dream of home and life without fear real for everyone.
Maintenant, plus que jamais auparavant, il est temps pour les Etats-Unis de tenir leur promesse envers ses citoyens et envers ceux qui demandent asile. La vie. La liberté. Un asile. Nous devons faire en sorte que nos minorités se sentent en sécurité. C'est bien la moindre de nos responsabilités. Nous devons mettre de côté nos propres souffrances et notre propre passé et les bagages que nous portons et rendre le rêve américain d'un lieu et d'une vie libérés de la peur possible pour tous.
Même si beaucoup des contributeurs de Global Voices ne peuvent pas voter aux Etats-Unis, nous nous sommes investis dans cette élection américaine comme rarement auparavant. C'est pourquoi chaque mercredi entre le 26 octobre et le jour de l'élection, nous nous sommes réunis pour parler via Skype des dernières nouvelles de l'élection américaine : nos espoirs, nos inquiétudes, notre peur.
Vous pouvez visionner nos vidéos ci-dessous :
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