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Ce que la médaille d'or olympique de Monica Puig signifie pour les Portoricains

Catégories: Amérique du Nord, Amérique latine, Caraïbe, Etats-Unis, Porto Rico (U.S.A), Femmes et genre, Good News, Médias citoyens, Sport, Jeux Olympiques Londres

[Tous les liens mentionnés sont en anglais, sauf mention contraire]

Le 13 août 2016 restera un jour dont chaque Portoricain se souviendra toute sa vie. Sans doute étaient-ils tous en train de regarder la joueuse de tennis Monica Puig (@MonicaAce93 [1]) s’emparer de la première médaille d’or de l’histoire de Porto Rico.

Monica Puig a joué de façon spectaculaire face à l’Allemande Angélique Kerber, numéro 2 mondiale. Monica Puig avait, elle, démarré la compétition au 34ème rang mondial. [2]

Les raisons pour lesquelles la victoire de Monica Puig restera comme l’un des moments forts des Jeux Olympiques 2016 sont nombreuses. Elle revêt une signification particulière pour chaque Portoricain. Il s’agit non seulement de la première médaille d’or olympique pour ce pays, mais Monica Puig est aussi la première Portoricaine à remporter une médaille pour son île (elle n’est cependant pas la première Portoricaine à gagner un titre olympique. Cet honneur revient à une autre joueuse de tennis, Gigi Fernández [3] [français], vainqueure du double à Barcelone, en 1992, pour les Etats-Unis).

Monica Puig avait été à l'origine sélectionnée pour intégrer la délégation américaine car elle a grandi et vit actuellement en Floride. Mais elle a préféré poursuivre sa carrière sous les couleurs portoricaines.

La raison pour laquelle Porto Rico, territoire américain depuis plus d’un siècle, a sa propre délégation olympique est une histoire compliquée [4]. Pour résumer, le Comité International Olympique reconnaît Porto Rico depuis 1948. Depuis lors, le pays s’est constitué sa propre équipe, bien que les Portoricains détiennent la citoyenneté américaine. D’autres territoires américains, tels que les Iles Vierges des Etats-Unis, Guam et les Samoa américaines, participent aussi [5] [français] aux JO avec leur propre délégation.

La victoire de Monica Puig est arrivée à point nommé après un été chargé  en actualités décourageantes [6], de la mauvaise presse amenée par le virus Zika à la perte d’autonomie politique [7] [français]. Une Commission Fédérale de Contrôle américaine a été créée pour contrôler le budget national portoricain. Juste après sa victoire,  Monica a prononcé ces mots, qui exprimaient parfaitement la portée de sa victoire pour ses compatriotes :

I think I united a nation, and I just love where I come from.

Je pense avoir uni une nation, et j’aime le pays dont je suis originaire.

Les réseaux sociaux ont rapidement été envahis de messages célébrant la victoire de Monica Puig. De nombreux internautes, quel que soit leur sexe, ont remplacé leur photo de profil par la sienne, devenant l’un des sujets de conversation les plus présents sur les médias sociaux. D’autres ont également avoué avoir pleuré durant la remise de médailles, lorsque l’hymne portoricain a retenti pour la première fois aux Jeux Olympiques.

Sur Facebook, Margarita Javier explique à quel point ce moment était significatif pour elle et pour de nombreux Portoricains :

[This] is the first time the Puerto Rican national anthem, “La Borinqueña” was ever played at the Olympics. We have been participating since 1948. I have watched every Olympics and our Puerto Rican athletes closely since I was a little girl, always hoping we'd get to hear the anthem. Even though we're not a politically independent country, ideologically and historically we are a fully realized, complex nation with our own unique culture, and our patriotism and nationalism is a form of colonial resistance. It's impossible to put into words why this moment is so meaningful and important to us. Every Puerto Rican in the island and abroad has been united. We are all Mónica Puig.

 

C’est la première fois que l’hymne national portoricain, “La Borinqueña” a été joué aux Jeux Olympiques. Nous participons depuis 1948. J’ai regardé chaque édition des Jeux Olympiques et suivi de près les athlètes portoricains depuis que je suis petite, en espérant entendre l’hymne national. Bien que nous ne soyons pas une nation politiquement indépendante, nous sommes un pays à part entière, complexe idéologiquement et historiquement, et nous avons notre propre culture. Notre patriotisme et notre nationalisme sont une forme de résistance coloniale. Il est impossible d’expliquer en quoi ce moment est si significatif et important pour nous. Tous les Portoricain présents sur l’île ou en-dehors sont unis. Nous sommes tous des Monica Puig.

Il n’est pas étonnant, dès lors, que le 23 août dernier, les Portoricains aient envahi les rues de San Juan, la capitale, pour accueillir la délégation portoricaine olympique. Dans la vidéo suivante, on voit des étudiants du Conservatoire de Musique de Porto Rico jouer l’hymne national, La Borinqueña, lorsque l’équipe est passée devant le Conservatoire [8] [espagnol] :

La médaille d’or de Monica Puig a fait bien plus qu’unir un peuple vivant dans un archipel de trois îles. Elle a uni un peuple éparpillé dans l’archipel et d’autres parties du monde, et pas seulement aux Etats-Unis, où ont émigré nombre de Portoricains. Quand Monica Puig a déclaré croire en l’unité d’une nation, il ne s’agissait pas d’une simple figure de rhétorique. Il s’agit de la simple vérité.