Vénézuela, Gaza-Israël: Chávez est-il la voix de son peuple dans son soutien à la Palestine?

Vu du Vénézuela, le conflit israélo-palestinien est assez proche à cause des décisions prises par le gouvernement du président Hugo Chávez. En plus de l'expulsion de l'ambassadeur israélien et d'autres membres du corps diplomatique à Caracas, vue par Chávez comme un “geste de dignité” [en espagnol], d'autres actions du gouvernement et de ses partisans prouvent que Chávez a pris fermement parti pour la Palestine et contre les agissements d'Israël.

David Ludovic relate dans son blog Historia No Prejuicios (L'histoire et non des préjugés) [en espagnol] trois évènements qui ont eu lieu récemment au Vénézuela et qui ne laissent aucun doute quant à la position du gouvernement à l'égard du conflit au Proche Orient :

“Le président israélien devrait comparaître devant le Tribunal Pénal International” a déclaré le président Hugo Chávez lors de l'inauguration d'un hôpital à Caracas. Paroles suivies d'effet du Ministre des Affaires Etrangères qui a émis, quelques heures après, un communiqué annonçant l'expulsion de l'ambassadeur israélien, Shlomo Cohén, ainsi que d'autres membres accrédités du personnel diplomatique.

Quelques minutes plus tard, ce communiqué a fait l'objet d'une lecture dans la liesse à l'Assemblée Nationale, dont les députés arboraient des keffiehs (écharpes traditionnelles arabes) et brandissaient des drapeaux aux couleurs de la Palestine. Ils ont ensuite débattu d'un accord contre les actions militaires israéliennes dans la Bande de Gaza (rappelons-le), qui ne sont que des réactions aux roquettes lancées continuellement contre la population israélienne dans la région frontalière.

Finalement, il y a eu des manifestations pro-palestiniennes soutenues par le gouvernement dans la principale mosquée de Caracas, située dans le quartier de Quebrada Honda. Là, des nombreux parlementaires et représentants du gouvernement se sont réunis parmi lesquels se trouvait le Ministre des Affaires Etrangères, Nicolás Madura.

Ludovic précise le contexte historique dans lequel s'inscrit la relation entre le Vénézuela et les deux parties depuis un demi-siècle :

… Le Vénézuela a joué un rôle de moteur dans l'aboutissement de la résolution AG/181 des Nations Unies qui a conduit à la création des deux états dans la région, de plus son entrée dans l'OPEP, l'a forcé à demeurer “neutre” et à conserver des relations cordiales avec les deux adversaires du conflit : en raison de son amitié avec Israël et pour leurs échanges militaires et scientifiques et …avec le monde arabe, pour leurs intérêts économiques communs, principalement le pétrole.

Cette situation a duré pendant pratiquement un demi-siècle, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Chavez qui a développé ses projets d'une “nouvelle géo-politique”.


Photos de manifestations pro-Gaza dans la ville de Mérida au Vénézuela prises par Jesus Molina et utilisées sous licence Creative Commons.

Pour voir toute la série de photos de la manifestation contre Israël et en soutien à Gaza qui a eu lieu à Mérida, allez sur sa série Flickr.

En dépit de ces actions très visibles, les blogueurs vénézuéliens restent fermes sur leurs opinions. Certains pensent que le gouvernement ne les représente pas en condamnant les attaques israéliennes et en approuvant l'attitude du Hamas. D'autres pensent qu'Israël a raison de se défendre, prouvant alors que certaines personnes ne partagent pas les idées du gouvernement.

Eliodoro Niklaus de Eliodo Opina [en espagnol] pense que son gouvernement ne représente pas ses idées lorsque le président Chávez déclare que le Vénézuela soutient la Palestine :

Moi, je pense qu'il existe un conflit millénaire entre les Juifs et le peuple palestinien. A la fin 2008, les Palestiniens ont attaqué Israël, via les forces militaires du Hamas, ce qui a conduit Israël à riposter (…) Je ne soutiens ni le Hamas, le Hezbollah, la Palestine, ou Israël dans ce conflit absurde qui pourrait trouver son issue d'une autre manière.

On peut dire que les Palestiniens sont moins puissants qu'Israël, mais le Vénézuela devrait en tout cas faire fi du conflit existant, ni soutenir la Palestine ou Israël dans ce conflit armé, mais plutôt chercher un accord ou une médiation.

Des images de guerre sont visibles sur tous les écrans de télévision au Vénézuela, ce qui rend le conflit plus concret. Martha Colemnares [en espagnol] a vu un jeune enfant vêtu d'une tenue militaire qui condamnait Israël et elle déclare:

Sur ces images, nous voyons des enfants de 5 et 6 ans, habillés comme des terroristes et “programmés” par le Hamas pour tuer des Juifs. Il n'y a aucun doute qu'il est simple pour les médias populaires, les organisations politiques et humanitaires et certains hommes politiques  de condamner les bombardements pour être en accord avec l'opinion publique.  En effet, la condamnation s'aligne sur l'opinion de ceux qui veulent la paix dans le monde sans avoir jamais exigé du Hamas, qu'il cesse ses attaques quotidiennes sur Israël.

Pour finir, Eduardo Casanova  écrit [en espagnol]  “En envahissant Gaza, Israël n'a rien fait d'autre que de se défendre et d'exercer son droit à la légitime défense, malheureusement ce droit ne pouvait être exercé sans tuer ou faire souffrir des hommes, des femmes et des enfants de Palestine, qui ne devraient pas être exposés à un tel martyre”:

Nul ne devrait prendre parti pour l'un ou l'autre. Soutenir le Hamas revient à soutenir le terrorisme alors que soutenir Israël revient à soutenir la guerre… la guerre est injuste. Le monde a besoin de paix, une paix qui nécessite l'encouragement et l'attention du monde entier. Shalom Israël !

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