“Certes nous constatons que des forces actives cherchent à nous diviser entre Nord et Sud, à nous diviser selon des critères ethniques, à nous déchirer en deux camps et à nous affaiblir…Je vous le demande, trouvez en vous-mêmes espoir et compréhension… Ce n'est qu'ensemble, pierre après pierre, que nous arriverons à créer un Etat moderne véritablement démocratique et économiquement développé où régneront la loi et l'ordre…et où l'identité du peuple multi-ethnique du Kirgizistan ne sera pas perdue.”
“Si seulement Kourmanbek Bakiev avait montré un tel amour pour son pays,” concluait, rêveur, le blogueur.
Dix jours plus tard, les partisans de N. Tiouleev descendaient dans les rues, criant leur colère contre le gouvernement provisoire qui avait remplacé leur champion par un fonctionnaire moins populaire dans la foulée du coup d'Etat du 7 avril. Alors qu'un rassemblement organisé par Alzambek Atambayev [l'un des chefs du gouvernement intérim] plus tard le même jour attirait une foule encore plus grande, il est évident que M. Tiouleev, qui a été maire de la ville pendant deux ans, ne manque pas de sympathisants.
Plus nombreux encore ont été pourtant ceux qui ont vu dans ces manifestations une agitation superflue, puisque le gouvernement provisoire paraissait avoir restauré un minimum de stabilité dans le pays de façon générale. Parmi eux, les étudiants [en russe] de l'Université Américaine d'Asie Centrale (AUCA), dont certains passaient leurs examens finaux lorsqu'il ont été contraints d'évacuer l'université à la suite des manifestations à proximité.
“Ils disent qu'il y a eu dans notre pays une révolution. Ils ont même inventé un nouveau mot – la “révolution du peuple” pour qualifier un coup d'état. Mais la révolution a-t-elle été faite par le peuple ? C'est tout bonnement rejeter la responsabilité d'une intervention anti-constitutionnelle et du renversement du système de l'Etat par des individus particuliers sur une notion abstraite de peuple.”
Le blogueur poursuit en faisant savoir qu'il n'était pas en faveur de Bakiev, mais que la nation elle-même portait une part de la faute par sa passivité face à la corruption et à la fraude électorale générales. “Un pays mérite les dirigeants qu'il a,” résume-t-il sévèrement.
Côté positif, les rumeurs prédisant [en russe] des scènes de désordres massifs dans la capitale lundi 17 mai, se sont avérées [en anglais] sans fondement. La nouvelle semaine a débuté par une commémoration des morts du 7 avril à Bishkek, et une manifestation contre la discrimination ethnique à Dostuk, région de Jalal-Abad.