Plus de deux mois se sont écoulés depuis le séisme et le tsunami au Japon. Ceux qui n'ont pas été frappés directement par la catastrophe ont pu reprendre une vie normale, mais environ 110 000 personne vivent toujours dans des refuges, selon les estimations de la police. Le manque d'intimité, la séparation de leur cadre de vie habituel, l'inactivité, et la profonde douleur de la perte d'êtres chers sont le quotidien harassant de beaucoup de victimes, qui sont physiquement et psychologiquement épuisées.
Hiroshi Moriwaki explique les différents traumatismes et demande que l'on prennent soin tant des enfants que des adultes, qui, à des niveaux différents, ont tous subi une expérience tragique qui ont des effets psychologiques très lourds.
Beaucoup de chose se déroulent sous nos yeux chaque jour. Quand quelque chose d'inattendu arrive, comme un accident, ou un problème, nous sommes capables de l'affronter jusqu'à un certain point.
Cependant, nous devenons incapables de subir des stimuli violents ou intrusifs qui vont au-delà des capacités du “sang froid”, comme après une catastrophe naturelle ou un crime. Ils ont un effet profond sur nous et deviennent des blessures traumatiques, ou traumatismes.
Il y a deux catégories de traumatismes : les traumatismes aigus, suite à des accidents graves et des catastrophes de grande ampleur, et les traumatismes chroniques, provenant de phénomènes tels que les abus ou les violences physiques.
Les symptômes peuvent comprendre des cauchemars, des flash backs, des maux de tête, d'estomac et des nausées. Les enfants, tout particulièrement, sont sujets aux flash back, de la même intensité que lorsqu'ils ont été victimes du choc initial.
Pendant un séisme important, beaucoup de victimes ont éprouvé des émotions totalement inconnues jusque là au cours de leur vie quotidienne. Le séisme s'est déroulé devant leurs yeux, dans la terreur de l'énorme calamité qui s'approchait, certains ont peut-être vu les membres de leur famille ou des amis emportés par la catastrophe. Certains ont pu être exposés à la vue des corps de leurs êtres chers après le désastre.
Même si la plupart des adultes sont en mesure de digérer ces expériences à travers les expériences qu'ils ont déjà vécues auparavant et différentes émotions déjà éprouvées, il est probable que les cicatrices émotionnelles seront présentes toute leur vie chez les jeunes enfants. Un soutien peut devenir nécessaire aussi pour les bénévoles, comme les soldats, la police, les pompiers, etc.
De la simple observation des différentes formes de ‘PTSD’ [Post Traumatic Stress Disorder, ou désordres dus au stress consécutifs à un traumatisme], nous savons que seuls un professionnel formé peut les prendre en charge et qu'un soutien émotionnel au long cours est nécessaire durant la période de convalescence.
Un soutien à long terme dans le cadre d'une collaboration entre le milieu du travail, le gouvernement, l'université sera probablement nécessaire.
Des patients sont transférés dans une école primaire après le séisme Photo Natsukado, CC BY-NC-ND.
Depuis cet événement, des équipes de bénévoles et de professionnels, comme les docteurs, les infirmières, les psychologues, se sont précipité vers les zones dévastées pour proposer leur aide. Certains interviennent directement, médicalement parlant, certains écoutent simplement les histoires tragiques des réfugiés et leurs angoisses.
A cause de la nature de leur travail, et du fait qu'ils sont accoutumés à travailler dans des situations d'urgence, ils ont tendance à travailler de très longues heures d'affilée et leur dévouement est souvent considéré comme normal. Trop souvent, malheureusement, on oublie que parmi ces docteurs et ces infirmiers et infirmières, il y a ceux qui sont eux même des victimes et qui ont perdu des membres de leur famille, des amis, ou leur maison.
C'est pour cette raison que les centres privés ou financés par le gouvernement ont lancé une campagne pour mettre en garde les secours contre les dangers de l'épuisement et pour leur demander de prendre d'abord soin d'eux mêmes, pour pouvoir mieux aider les autres.
Evoquant de l'expérience d'un ami, @jishin_care parle du stress émotionnel et physique que les docteurs doivent affronter. Selon l'auteur d'un blog appelé ‘Information sur les soins psychologiques liés au séisme’, le personnel médical a beau être formé à donner le meilleur durant des situations d'urgence, c'est dans des situations extrêmes telles que celle-ci qu'ils ont le plus besoin du soutien d'autres personnes.
J'ai aussi entendu des histoires de mon ami, qui était un des médecins envoyés sur la zone du désastre. Il travaillait dans des conditions si dures que j'ai éprouvé le plus profond respect pour son professionnalisme, pour avoir résisté tout au long d'une si horrible épreuve.
En même temps, j'ai pris conscience que le besoin de soutien pour sa fatigue émotionnelle et physique est un problème très urgent. J'ai été très touché quand je l'ai entendu s'accuser de ne pouvoir travailler plus, malgré tous ses efforts, à cause du manque de moyens et de personnel.
Ceux qui travaillent durant les urgences sont considérés comme ‘forts’ durant ‘les crises ’, ‘pour aider les faibles’. C'est pour cela qu'un soutien pour eux à tendance à passer à l'arrière-plan.
Mais avoir à faire face continuellement à différents types de blessures, à des décès, et à la douleur, dans des conditions inimaginables, et d'essayer de garder son calme (par exemple, ne pas pleurer) dans une telle situation conduira inévitablement à une pression émotionnelle et physique, sur n'importe qui, même s'ils étaient des genres de Superman. C'est bien naturel.
Ils font des choses difficiles dans des situations difficiles, et c'est pour cela qu'il faut leur apporter du soutien, de l'aide, pour leur santé émotionnelle et physique, car c'est ainsi qu'ils pourront aider d'autres victimes.
Par ailleurs, ceux qui participent aux secours ont tendance à ne pas exprimer leur souffrance et leur douleur, parce que ‘Nous sommes ceux qui aident. Nous ne pouvons pas faire preuve de faiblesse’. Il est donc important que les familles, les amis et les organisations autour d'eux comprennent le besoin d'une aide pour les bénévoles et urgentistes, et leur fournisse le soutien nécessaire.
Enfin, le psychologue Satoko dit que les bénévoles et les secouristes professionnels ne devraient pas voir leur “fatigue due au désastre” comme une “faiblesse’.
Il y a des victimes qui aident en tant que bénévoles. S'il vous plait, prenez soin de vous et ne vous épuisez pas à la tâche.
C'est naturel de tomber malade ou d'être épuisé.
Ce n'est pas parce que vous êtes faible!
Les extraits de blogs japonais ont été traduits par Rino Yamamoto.