Cet article provient de The 88 Project, un site d'informations indépendant couvrant le Vietnam. Il est republié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.
[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient à des pages en anglais, ndt]
Une forme de violence psychologique dans les prisons vietnamiennes consiste à envoyer des prisonniers politiques dans des établissements psychiatriques contre leur volonté, même s'ils n'ont pas d'antécédents de maladie mentale. Le cas [fr] de M. Lê Anh Hùng en est un exemple. En 2013, ce blogueur et journaliste, qui a souvent écrit des articles critiquant sévèrement le gouvernement vietnamien, a été détenu pendant dix jours [vn] dans un établissement de santé mentale après avoir été arrêté par la police sur son lieu de travail.
M. Lê a été de nouveau arrêté le 8 juillet 2018, en vertu de l'article 331 du Code pénal de 2015, pour « abus des libertés démocratiques portant atteinte aux intérêts d'organisations et d'individus ». Depuis, il est en détention provisoire.
Le 1er avril 2019, l’agence d'investigation [vn] de la sécurité publique de Hanoi a soudainement transféré M. Lê à l'hôpital psychiatrique central. Le 24 avril, après que l'établissement ait procédé à une évaluation de sa santé mentale, les autorités l'ont renvoyé en prison, mais en mai, il a de nouveau été transféré dans un hôpital psychiatrique. La raison de ce va-et-vient n'est pas claire.
Selon sa famille, tout au long du processus, M. Lê a semblé épuisé [vn], maigre et globalement dans un piètre état de santé, mais a exhorté les gens à manifester en son nom et à demander aux autorités de mettre fin à son traitement de santé mentale forcé.
En juin 2019, la mère de M. Lê a envoyé une demande de mise en liberté aux autorités afin qu'elle puisse s'occuper de lui au domicile de la famille. Elle a dit que la santé de son fils s'était dégradée et que son moral était bas après avoir été soumis de force à des traitements psychiatriques pendant sa détention. Elle a confirmé qu'avant son emprisonnement, M. Lê était en bonne santé physique et mentale. On ne sait pas comment les autorités ont réagi [vn] à cette requête mais M. Lê reste toujours en détention.
Project 88 a récemment interviewé la mère de M. Lê, Mme Tran Thi Niem, sur la situation actuelle de son fils et son désir de prendre soin de lui à la maison. Elle a appelé la communauté internationale à plaider pour la libération de M. Lê. Voici l'interview ci-dessous (en viêtnamien, avec sous-titres en viêtnamien et en anglais) :
La semaine du 8 mars 2020, des militants ont révélé [vn] que Lê Anh Hùng avait appelé sa mère pour lui faire savoir que les autorités avaient à nouveau augmenté ses doses de médicaments antipsychotiques, qu'il était contraint de prendre contre son gré. Lê aurait dit à sa mère que les médicaments le rendaient très malade, mais qu'il n'avait pas d'autre choix que de les prendre, et l'a suppliée d'alerter la communauté internationale sur sa situation.