Une quatrième centrale nucléaire est actuellement en chantier à Taïwan, à Gongliao, à peine 40 km de la capitale Taipei.
En 1988, huit ans après la première décision de la Compagnie d'Electricité de Taïwan d'édifier la centrale, les habitants de Gongliao tenaient le premier rassemblement de ce qui allait devenir leur mouvement anti-nucléaire, et en 1994, ils ont même organisé leur référendum [en chinois, comme les liens suivants], qui fit ressortir que 96% des habitants étaient opposés à la construction de l'usine.
Les autorités n'en ont pas moins ignoré l'avis et ont pris des dispositions pour étouffer ces voix.
Manifestation contre la quatrième centrale nucléaire de Taïwan, en 2010. Photo de Alvin Chua (CC BY 2.0).
En 1991, après que les protestataires mirent en place des constructions sur le terrain prévu de la future centrale nucléaire, la police tenta de les démolir.
Le 3 octobre [1991], de violents heurts eurent lieu après que la police, en violation de l'accord antérieur, arracha les rayonnages et frappa le président de l'association anti-atome [nucléaire]. Un policier fut accidentellement tué lorsqu'un conducteur heurta un pilier et perdit le contrôle de la voiture. On a appelé cela plus tard l'incident 1003. Après l'accident, le gouvernement local incita les média à discréditer le mouvement anti-atome et ses partisans. Le conducteur, Shun-Yuan Lin (林順源), un bénévole du mouvement anti-atome, fut déclaré coupable et condamné à perpétuité. De surcroît, le directeur général de l'association, Ching-Nan Gao (高清南), fut condamné à dix ans de prison.
En 1999, après l'approbation par le Conseil de l'Énergie Atomique de la licence pour la construction de la quatrième centrale nucléaire, le gouvernement révoqua les droits de pêche des habitants de Gongliao, sans préavis. Ceux-ci refusèrent les dédommagements offerts par l'administration et se tournèrent vers le Yuan Exécutif [en anglais] pour contester cette décision.
Après l'envoi par le Ministère des Affaires économiques du dédommagement à la pêcherie locale, les pêcheurs en colère renvoyèrent le chèque de 200 millions de NT$ [Nouveau dollar de Taïwan] (6,78 millions de dollars US). Ils se rassemblèrent devant le Yuan Législatif et crièrent, ‘Rendez-nous nos droits de pêche!’ ‘Nous exigeons que nos générations futures, et pas seulement nous, ayons de quoi manger.’
En 2000, ces militants anti-nucléaires subirent une douche écossaise après l'entrée en fonctions du candidat du Parti Progressiste Démocratique. Le parti au pouvoir décida de suspendre le chantier de la quatrième centrale nucléaire, mais le conflit politique entre les partis au pouvoir et dans l'opposition ne pouvant être résolu, ce fut au tour de l’ ‘annulation’ elle-même d'être annulée en 2001 :
L'économie de Taïwan a été influencée par la crise financière asiatique de 2001. Le Kuomingtang, le parti majoritaire au Yuan Législatif, affirma que la suspension de la quatrième centrale nucléaire devait ‘raisonnablement’ être responsable des problèmes de l'économie. De l'autre côté, le Parti Progressiste Démocratique affirma que les habitants de Gongliao devaient prendre la responsabilité de la suspension de la centrale.
Après plus de 20 ans de protestations contre la centrale nucléaire, le chantier a repris, laissant les habitants locaux à leurs peurs sans guère d'espoir :
L'ancien était assis devant le temple à Aodi et regartdait le spectacle donné par quelques jeunes gens (de NONUKE [le mouvement anti-nucléaire]). Il soupira : ‘Bien sûr, j'ai très peur avec la centrale nucléaire si proche de chez moi.’ Pourtant, la construction est presque terminée. Que peut-on faire face aux autorités ?
Au Japon, il y a aussi des contestataires isolés qui s'opposent aux centrales nucléaires là-bas. Les habitants (ils sont moins de 500) d'Iwaishima (祝島) protestent depuis plus de 28 ans contre la centrale nucléaire locale :
Bien que la moyenne d'âge de ces contestataires dépasse 65 ans, ces anciens n'ont pas renoncé à protester contre leur gouvernement scandaleux. Ils disent que la mer leur a été transmise depuis des milliers d'années par leurs ancêtres, et qu'ils ne veulent pas la voir polluée.
Manifestation contre la quatrième centrale nucléaire de Taïwan en 2010. Photo Alvin Chua (CC BY 2.0).
Largement absent de la plupart des articles des médias généraux sur la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi est le fait qu'un combustible hautement dangereux, le ‘mixed-oxide’ (MOX) est présent dans 6% des barres de combustible dans le réacteur n° 3 de la centrale.
Cependant, peu de gens savent qu'il y a six mois un groupe de défense [en japonais] formé d'aînés japonais (福島老朽原発を考える会) pour la centrale nucléaire de Fukushima I se rendit jusqu'à Tokyo pour manifester contre TEPCO (la Tokyo Electricity Power Company, opérateur de la centrale) et l'utilisation des combustibles MOX :
Ils y vont fort d'utiliser des combustibles vieux de dix ans, dans un réacteur qui a 34 ans, et il n'y a aucune explication donnée aux habitants de la Préfecture. Qu'est-ce que c'est que ça ?
Trouver un moyen d'arrêter les fuites continues de combustible, déterminer la cause de l'incident de perte de courant, résoudre les questions de la résistance sismique de l'enceinte de confinement, etc, la Tokyo Electric Power Company a des tonnes de choses à régler avant d'implanter le réacteur thermique au plutonium. Il est scandaleux de seulement permettre à TEPCO d'opérer un réacteur thermique au plutonium.
Sur Roodo, le blogueur Summerlake, après avoir vu les photos de la manifestations des anciens à Tokyo, a écrit :
Les manifestants solitaires étaient debout dans les rues animées. Ils avaient l'air tellement hors de propos dans la ville. Il n'y avait pas de médias pour les écouter, personne pour croire en leur voix faibles mais sincères. Les images des habitants de Gongliao dans les rues de Taipei m'ont soudain fait de la peine. Et les autres, où étaient-ils ?
L'auteur remercie Hanako Tokita pour la traduction des citations en japonais.