Madagascar : les expulsions des sans-papiers Malgaches en question

Photo Sarkostique
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La peur des immigrés, amplifiée par les tensions raciales et par les émeutes des banlieues de l’hiver 2005, ont poussé le Ministère français de l’Intérieur à intensifier la lutte contre l’immigration clandestine. Les immigrés d’origine malgache sont aussi victimes de cette nouvelle politique d’expulsion des immigrés sans titres de séjour. La hâte avec laquelle les procédures d’expulsion du territoire français sont expédiées est un sujet d’inquiétude pour beaucoup de blogueurs. Voici les opinions et témoignages de blogueurs malgaches sur cette question. Blog d’Hiver souligne que:

Depuis quelques années, la chasse aux sans-papiers se résume donc par un objectif chiffré – 25.000 expulsions par an – qui s’impose aux Préfets et aux services de police. L’expulsion des familles fut la grande nouveauté de 2006 : en coffrant « en bloc » des parents et leurs enfants, cela permettait d’expulser toute une famille et de marquer 4 ou 5 points sur les 25.000 à atteindre. L’exercice s’est avéré plus compliqué que prévu car des citoyennes et citoyens français – outrés de voir des policiers venir arrêter des écoliers à l’école ou des enfants en centre de vacances – ont pris leur courage à deux mains (l’aide aux sans-papiers est désormais passible de prison) pour prendre la défense de ces familles. C’est le cas du Réseau Education Sans Frontières.

Les Malgaches sont bien conscients que l’immigration est encadrée par des lois spécifiques. Néanmoins, la manière dont se déroulent ces expulsions laisse un goût amer à de nombreux blogueurs.

Parmi ceux-ci, Harinjaka raconte l’histoire suivante:

En ce moment même, la police française est en train de se bagarrer avec une GRAND-MERE malgache de 71 ans pour l’expulser du territoire alors qu’elle vivait en France depuis cinq ans. Sur ses 7 enfants, la moitié vit en France. Les autres terminent une procédure de naturalisation à Madagascar. Cette famille est française , ses membres sont intégrés et participent la vie en France. Je pense qu’il est temps de réfléchir …

Un exemple d’expulsion « express » est relaté dans ce billet

Son passage au tribunal est une parodie de justice, comme souvent lorsqu’il s’agit d’étrangers. La Préfecture n’envoie pas de représentant. L’avocat commis d’office n’ouvre pas la bouche, ne présente aucun des documents que le comité de soutien lui a remis ; Mélanie a du se défendre seule sous l’œil goguenard d’une magistrate qui tournait en dérision ses arguments.
Le 25 décembre, la petite Winnie, trois ans et demie, passe un premier Noël sans sa maman, toujours enfermée en centre de rétention. Le 26 décembre, Mélanie est conduite à Roissy et embarquée de force dans un avion pour Madagascar. Elle laisse derrière elle la France, pays pour lequel elle n’aura vraisemblablement plus jamais de visa. Elle laisse surtout à Paris sa petite Winnie, trois ans et demie, scolarisée dans une école du 18ème arrondissement, sous la garde de son père, mais devenue de fait orpheline de mère.
J’ai moi aussi eu du mal à le croire, mais c’est bien ce qu’ils ont fait : expulser une maman en la séparant de sa petite fille née en France. Qu’on ne nous parle pas de droits fondamentaux ou de droits de l’enfant après cela…


Vola, sur son blog Brotherhood
nous presse de lire les témoignages des immigrés expulsés et recommande de les diffuser:

Imprimez-les et lisez-les: les publications de cette association qui travaille auprès des réfugiés, des immigrés, des demandeurs d’asile donnent un tout autre regard sur la question de l’immigration.

Elle conclut par ces mots:

Il faut arrêter de voir l’immigration comme un problème !
Perso, je pense que l’immigration, c’est même une partie de l’avenir de la France : imaginez un peu le dynamisme de ces personnes qui se donnent tous les moyens pour travailler afin de simplement s’intégrer.

Le mot de la fin appartient à Sipakv : à propos du film Indigènes de Rachid Bouchareb (consacré au sacrifice pour la France ,en 1944-45, des parents et grands-parents des sans-papiers d’aujourd’hui) , elle écrit :

En tout cas, je voulais surtout dire : “MERCI Mr Bouchareb ! MERCI les acteurs indigènes”

Lova Rakotomalala

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