Des milliers de Gazaouis ont fui tandis que les soldats de l'IDF (armée israélienne) pénétraient dans Gaza Ville. Un certain nombre des activistes étrangers assistaient le personnel de l'hôpital de Al Quds quand celui-ci a été frappé par des roquettes et ont réussi à envoyer des informations sur ce qui se déroulait. Voici leurs dernières nouvelles, ainsi que celles d'autres blogueurs de Gaza, dans cette revue de blogs qui couvre la journée du jeudi 15 janvier et la nuit de jeudi à vendredi 16. [Traduction française mise en ligne le vendredi 16 janvier à 12h30 heure française]
Laila El-Haddad, qui vit aux Etats-Unis, et dont les parents sont à Gaza, écrit sur son blog Raising Yousuf and Noor [en anglais] :
Je n'ai pas été en mesure de parler à mes parents toute la journée, j'ai donc téléphoné à mon père juste après minuit, heure de la côte Est. A sa voix, il avait l'air démoli et à bout de souffle, il n'avait plus du tout son calme habituel. “Je suis si fatigué…Je suis tout simplement si fatigué. Je n'ai pas dormi de la nuit, les bombes me déchirent la tête. Je n'ai vraiment aucune idée de ce qui se passe à l'extérieur, personne n'a la moindre idée de ce qui se passe…La chaîne Al Jazeera m'a appelé du Qatar pour me demander si je savais ce qui se passait…et ce que tout ça signifie maintenant. Je ne peux même plus entendre quoi que ce soit à la radio, tout le monde prie et c'est tout. Il faut vraiment que j'y ailles maintenant, ma chérie, je suis désolé. Au revoir” a-t-il conclu abruptement.
“Seedo [grand-père]?” a appelé mon fils Yousuf. “Rappelle-toi…Le seul qui peut arrêter tout ça, c'est Dieu.”
Vittorio Arrigoni, un activiste italien présent à Gaza, a mis à jour son blog Guerrilla Radio [en italien] :
La personalissima Jihad israeliana contro i luoghi sacri dell'islam lungo la Striscia continua, contando la moschea di Kherbat al-‘Adas, sono 20 le moschee rase al suolo.Fortunamente nessu “razzo” qassam ha ancora sfiorato le pareti di una sinagoga. Siamo certi che altrimenti avremmo giustamente avvertito levarsi al cielo grida di sdegno da ogni angolo del mondo, mentre non ci meravigliamo più se nessuno protesta contro questa massiccia campagna antislamica. Dio deve pagare il dazio di ricevere preghiere dai palestinesi.
Abu el Sharif a mis à jour son blog Shajar El Ba6a6a [en arabe] :
[…]
و اللي بدو دمو يتحرق و يتبخر…يسمع راديو إسرائيل…يا حبيبي على الوقاحة…اليهود من يومهم عندهم قدرة عالية إنو يحكو و يبررو و يغيروا الوقائع لدرجة إنو إنتا اللي جوا الحدث بتشك…و اللي بحبو كمان لما يحكو عن “المصابين” بحالات “الهلع”…يا عليي أنا على الهلعان…عنا مليون و نص الو اسبوعين مهلوعين انهلاع منهلع…و ما حد سائل !!
Nader Houella gère le blog collectif Moments of Gaza depuis le Liban : il a publié une mise à jour, tôt le matin du 15 janvier, alors que les soldats israéliens pénétraient dans le centre de Gaza Ville :
Cher lecteurs,
Comme vous l'avez appris par les informations, les troupes d'occupation israéliennes s'enfoncent plus profondément dans les quartiers aux rues étroites, très peuplés, de Gaza-Ville. Un de ces quartiers, qui a été ciblé depuis la nuit dernière, est celui où [l'activiste libanaise] Natalie Abou Shakra vit (voir nos précédentes éditions).
J'ai essayé de la contacter sur son téléphone, mais je n'ai pas réussi à la joindre. J'ai pu savoir par des amis qu'elle prête main forte en ce moment aux médecins et aux patients d'un des hôpitaux de Gaza.
Espérons qu'elle et tous les habitants de Gaza ne seront pas blessés. En attendant, je mettrai en ligne toutes les nouvelles, e-mails, messages ou chronique que je recevrai de n'importe quel habitant de Gaza. Merci de rester à l'écoute, et de continuer à témoigner votre soutien précieux.
A 20 heures (heure locale, jeudi 15 janvier), il a publié sur le blog un e-mail reçu de Natalie ( l'heure d'expédition de l'e-mail est inconnue):
Nader…c'est dégoûtant…pardonne-moi, mais s'il te plaît, ne m'appelle pas aujourd'hui, je suis loin de ma famille palestinienne, je n'ai aucune idée de ce qui leur est arrivé… […] j'essaie de rire, sinon, je vais craquer…je suis juste maintenant au ramattan [bâtiment où se trouve une agence de presse], ils ont bombardé massivement avec leur affreux tanks autour de nous …je veux rentrer à la maison…mais je ne peux pas, personne ne peut entrer là où je vis…je veux aller à l'hôpital al quds… mais les Israéliens tirent avec leurs snipers …
je suis en colère, tristre, frustrée… tout ceci est répugant
Eva Bartlett, une activiste canadienne, a écrit sur son blog In Gaza:
maintenant que les gens sont partis de leurs maisons, de tous les quartiers périphériques de Gaza, ils quittent leurs maisons dans le centre de Gaza. […] les gens courent, et le petit espace que représente la bande de Gaza s'est réduit à une tête d'épingle, avec des gens entassés dans les centres, et qui ne se sentent toujours pas en sécurité.
[message de] Leila, à l'hôpital al Quds à 08h59 heure locale: “alors, [hôpital] al Quds a maintenant l'armée [israélienne] devant. snipers dans l'immeuble à côté, 50 impacts près de nous durant nuit, et 4 sur nous. incendie dans les appartements derrière nous, enfants blessés à proximité qu'on ne peut pas aller chercher..”
[…]
à part les informations sur le ciblage d'infrastructures vitales ici, laissez-moi le repéter, les gens paniquent parce que Gaza-Ville est un endroit central, le coeur de [la bande de] Gaza, et ceux qui ont déjà fui les attaques de l'armée israélienne dans les zones est et nord espéraient y être en sécurité. Comme nous le disons depuis le premier jour de l'attaque phénoménalement brutale des civils par Israël, il n'y a toujours aucun endroit où qui que ce soit puisse se sentir à l'abri.
Sharyn Lock, une activiste australienne, a mis à jour le blog Tales to Tell, et était à l'hôpital Al Quds à Gaza-Ville quand il a été attaqué par les troupes israéliennes ; elle a transmis ses messages par textos depuis son téléphone portable et appellé à quelques reprises:
7h26 GMT/9:26 heure de Gaza [15 janvier]:
hôpital Al-Quds a armé devant, snipers à l'extérieur, 50 tirs près de nous pendant la nuit et 4 sur nous, aimerais demander si je peux aider . […] snipers israéliens tirent sur familles qui tentent entrer hôpital. Ils sont terrorisés et ils n'ont nulle part où aller. Au moins deux familles touchées maintenant, enfants ont été blessés.
Plus tard, en fin de soirée :
22h10 GMT/00:10 heure de Gaza [15 Janvier à l'heure française]:
L'armée a bombardé notre hôpital à nouveau, et nous sommes maintenant en train d'évacuer tout le monde. Nous transférons la base dans un bâtiment de la Croix Rouge, à ce qu'il semble. Nous prenons les patients dans les lits, ceux qui ne peuvent pas marcher, et dans les rues sombres où des gens plus tôt ont été touchés par les snipers. 40-50 personnes étaient toujours refugiées dans la cave, parce qu'elles croyaient que c'était plus sûr que leurs maisons. Au moment où nous sommes partis, des morceaux du plafond enflammé tombaient. Tout le monde est OK pour le moment. Il y a toujours des explosions dans la zone.
A l'heure où cette revue de blogs était mise en ligne sur la version anglaise de Global Voices [4h36 GMT] , voici ses derniers messages reçus :
00:35 GMT/02:35 heure de Gaza 16 janvier :
Elle est retournée à l'hôpital, comme il en reste quelque chose. Il y a toujours beaucoup de matériel là-bas (médicaments et ces choses là) et ça semble important de ne pas abandonner complètement les lieux, alors cinq médecins passeront la nuit là-bas. Les services semblent tous détruits, pour ce qui est du reste [de l'hôpital] on ne sait pas.
Deux équipes, les secouristes du Croissant Rouge et la gestion de crise du Croissant Rouge ont déjà évacué l'immeuble, elles étaient basées dans cet hôpital depuis quelques semaines – on ne sait pas en ce moment où ils vont aller et comment ils vont s'organiser. L'évacuation était dirigée vers l'hôpital Al-Shifa, même s'il n'y a plus de place pour d'autres blessés ou d'autres soignants là bas.
3 commentaires
Juste merci pour votre travail, c’est en plus d’une bonne idée, intelligent et bien fait!
Il faut continuer!
Merci infiniment pour ce travail fondamental. Absolument nécessaire. Je vous aide dès que je peux. Merci merci pour eux.