Tout ne va pas pour le mieux en Afghanistan, et Azar Balkhi [en anglais] explique pourquoi :
L'insurrection des talibans est historiquement un mouvement majoritairement pachtoune, et continue d’avoir une très faible influence parmi d'autres groupes ethniques minoritaires de l'Afghanistan comme les Tadjiks, Ouzbèques et Hazaras. Mais il est difficile de préserver qui que ce soit de celui qui croit que le pistolet est un bijou pour hommes. Si personne ne met fin à la culture de seigneurs de guerre pachtounes, dans 50 ans, le pays entier deviendra taliban…
De nos jours, la nouvelle constitution démocratique institue l'égalité entre hommes et femmes, mais les dirigeants pashtouns évitent cela et essayent de garder les femmes à l'arrière plan en leur faisant croire que leur place est à la cuisine et à l'intérieur de la maison. L'interdiction faite aux femmes de s'exprimer sur les [radios] publiques signifie qu'elles ne sont plus une partie de notre société.
Azar se plaint aussi de l'ingérence [en anglais] de l'ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies Zalmay Khalilzad dans les affaires intérieures du pays.
یونس انتظار fait remarquer de son côté un autre problème auquel le pays doit faire face [en anglais] :
Le 20ème anniversaire de la Journée mondiale contre le SIDA en Afghanistan a été célébré dans un contexte où le National AIDS Control Program [le programme national de contrôle du SIDA (NACP)] a enregistré 505 séropositifs, dont 7 patients décédés, alors que l'année dernière, il n’y avait qu’environ 250 séropositifs.
Les agents de santé afghans doivent traiter avec ce qui s'appelle parfois une culture du tabou, dans laquelle les comportements à risques, tel que le rapport sexuel non protégé ou le partage des seringues d'héroïne, est rarement, voire jamais, abordé dans une discussion. Le silence mène les gens à ne pas révéler leur séropositivité, à supposer qu'ils soient diagnostiqués, ce qui génère un environnement propice à une propagation rapide du VIH.
Mais comment une quelconque part de ceci peut être liée à la talibanisation ? Sanjar [en anglais] explique que le problème est en effet celui des institutions … Plus précisément, l'absence d'une quelconque institution :
Je ne crois pas que les talibans soient une force sociale dotée d'un programme et connectée à la population locale ; par contre, je pense que les talibans sont la forme la plus dure d'un mouvement de résistance qui se crée quand le pays est dans une situation de vide politique. Leurs méthodes arbitraires et cruelles de rétablir l'ordre s'imposent quand la société ne trouve pas un quelconque programme réalisable. Les talibans ne sont pas une création unique, l'histoire politique est pleine de mouvements qui ont émergé après l'échec constant des systèmes socio-politiques constitués. Ces mouvements, tels que les Wahhabites [en français] en Arabie au début du 20ème siècle, sont cruels et despotiques. Les talibans ont émergé en 1994 suite à la tyrannie des moudjahidines [en français] et l'échec d'une demi-douzaine de gouvernements qui ont existé avant eux. Les talibans n'ont pas offert une vie meilleure que les moudjahidines, mais ils étaient plus arbitraires et cruels, là où les moudjahidines n'étaient que corrompus et c'est pour cette raison, je pense, que les talibans sont parvenus à gouverner. Les talibans reviennent à nouveau ; cette fois-ci, les gens savent à quoi s'attendre, il n'y a aucun rêve et aucun espoir, personne ne s'attend à ce que les talibans soient toute autre chose que les talibans.
C'est une sombre constatation, mais il l'argumente bien. Il y a, cependant, toujours des signes d'espoir : Tim Foxley [en anglais] voit une grande promesse dans la personne du nouveau Ministre de l'intérieur.
Le remaniement ministériel afghan, le mois dernier, a vu le passage d'un homme efficace et incorruptible, Hanif Atmar, du Ministère de l'éducation au Ministère de l'Intérieur. Ses efforts seront contrés, mais ceci pourrait provoquer une poussée cruciale dans les tentatives de réforme de la police, afin de s'attaquer à la corruption au niveau du gouvernement de manière générale.
Il y a lieu d'espérer qu'il y aurad d'autres discussions sur les défis institutionnels de l'Afghanistan alors qu'une nouvelle vague d'inscription des électeurs est ouverte, en vue des élections de 2009 et 2010.