L'Europe centrale et orientale abonde en projets de participation citoyenne dans le domaine de la transparence gouvernementale, dont la plupart travaillent en partenariat avec les principales institutions apportant un soutien financier et méthodologique, tels l’Open Society Institute, MySociety et Transparency International. Nombre d'entre eux travaillent également avec des organisations et médias locaux. L'auteur de ce billet s'est entretenue avec les personnes investies dans de tels projets en Pologne et en Hongrie, et elles ont aussi mentionné un travail novateur venant de République Tchèque et de Slovaquie, tel que KohoVolit.eu. Avant de regarder de plus près des projets exemplaires de cette aire, voici les impressions générales laissées par l'examen de quelques projets majeurs de transparence en République Tchèque, Hongrie, Pologne et Slovaquie [les liens sont en anglais].
Les projets de transparence de chaque pays se caractérisent avant tout par le profil de leurs initiateurs, leur relation avec le pouvoir, ainsi que par la nature de la participation civique dans le pays. Tous ces projets reconnaissent la nécessité de dévoiler l'information en rapport avec la gouvernance sans heurt et de façon digeste. Que ce soit avec le renfort de nombreux bénévoles ou avec un noyau plus réduit de militants qui s'y consacrent, tous investissent beaucoup de temps dans leur activité et pourtant luttent encore pour procurer l'information officielle précise qui devrait être mise à la disposition du public. Nombre d'entre eux sont centrés sur les questions de responsabilité gouvernementale. Dans de nombreux cas, leur coopération avec les médias généraux paraît jouer un rôle important dans leur capacité de faire pression sur les députés et autres responsables publics. Certains projets de transparence visent aussi à remédier à la fréquente passivité des citoyens de la région face à la corruption, qui, comme il ressort d'un chat avec Kepmutatas en Hongrie, a sa source dans le manque de connaissance des procédures officielles existantes permettant aux citoyens de signaler la mauvaise gestion des gouvernements. On s'aperçoit vite qu'en Europe centrale et orientale, sensibiliser les citoyens à la transparence et aux méthodes de lutte contre la corruption a autant d'importance que mettre la pression sur les représentants du pouvoir pour les rendre plus transparents sur leurs actions et leur dépenses.
En République Tchèque et en Slovaquie nous avons assisté à une discussion avec KohoVolit.eu, une initiative de deux personnes motivées qui consacrent leur temps à susciter l'attention autour des parlementaires des deux pays, ainsi que des députés au parlement européen. Comme indiqué dans l'entretien, les défis principaux se trouvent dans le manque de participation citoyenne à la politique, et l'insuffisance d'information officielle structurée des sites internet parlementaires.
La Slovaquie abrite un autre intéressant projet de transparence, l’Alliance Fair Play, dans lequel il est demandé aux politiques de prendre une part active au projet et s'ils ne le font pas, c'est au risque d'une couverture médiatique sur le sujet au moment le plus sensible, celui de l'approche des élections. Là encore, se fait jour une stratégie combinant recherche et données publiques avec des partenariats en compagnie de médias traditionnels pour faire pression sur le personnel politique dans le sens d'une plus grande transparence et responsabilité pendant la durée de leurs mandats.
En Hongrie, le projet Kepmutatas.hu répond au défi de la médiocre présentation de l'information publique par un outil visuellement convivial pour évaluer les dépenses de campagne non publiées des principaux partis politiques, sur un graphique élémentaire doté de liens pour plus de détails. Malgré le soutien des médias et un appel limpide à l'action, il reste un manque de volonté politique pour réformer le financement politique. Les partis politiques n'ont pas d'obligation de dévoiler leurs dépenses de campagne, de sorte que les volontaires et les coordinateurs de projet travaillent à calculer des sommes estimées. Le projet reçoit une promotion par les médias traditionnels, mais aussi par la voie des médias sociaux tels que Facebook.
En Pologne, quelques projets valent d'être cités. Sejmometr.pl est un portail [en polonais] qui retransmet l'information officielle sur les projets de loi en cours et les législateurs impliqués dans leur rédaction. Il propose aussi des conseils juridiques, encourage les blogueurs à coopérer sur des articles, et exige plus de données des administrateurs du site internet parlementaire. Stowarzyszenie Art. 61 (un nom qui se réfère à l'article 61 de la constitution polonaise, déclarant accessible au public l'information relative à la gouvernance) est l'organisation qui met en oeuvre quelques-uns des projets de transparence dans le pays. Son initiative Kandydaci2009 est la deuxième édition (après une version similaire en 2005) d'un portail destiné à aider les citoyens à choisir leurs représentants au Parlement Européen en présentant les profils et les programmes des candidats, ainsi que des informations sur les représentants non coopératifs [ces deux liens sont en polonais]. Son projet jumeau, Mam Prawo Wiedzieć (‘J'ai le droit de savoir‘) [en polonais] est un passage en revue analogue des candidats à la députation polonaise, avec un “Guide du citoyen” dédié offrant des explications concises des lois relatives aux droits civiques sur la transparence et la responsabilité. Watchdog.pl (“chien de garde”) est une ONG qui collabore étroitement avec d'autres organisations pour éduquer, défendre et soutenir les développements dans ce même domaine. Leur site internet est un bonne source d'information sur les campagnes, problèmes et solutions. Ces organisations polonaises font appel toutes trois à un solide réseau de gens aux mêmes motivations pour faire connaître leur travail aussi bien dans le monde réel que dans celui des réseaux de médias sociaux.
Lisant des cas d'école de République Tchèque et de Slovaquie, ainsi que lors de ses conversations avec des militants polonais et hongrois, l'auteur n'a pas manqué de constater une autre difficulté : la coopération au niveau régional. On voit Fair Play Alliance partager son outil à l'étranger, on apprend que Kepmutatas.hu [en hongrois]garde le contact avec les militants tchèques, mais les échanges d'informations entre ces équipes paraissent limités. L'auteur voit personnellement dans la région un grand potentiel pour les actions de transparence et des médias sociaux. Le camp d'Innovation sociale à Bratislava a fourni à de nombreuses ONG une occasion de mettre en commun savoirs et compétences. La cinquième Conférence Confiance annuelle [en polonais], prévue fin mai à Varsovie, réunira des experts de différents organismes et secteurs pour partager leurs compétences et réseaux. Wikimania, qui aura lieu en juillet à Gdansk, vise à rassembler les professionnels de toute la région, ce qui fournira également des opportunités de construire des réseaux. Et, non des moindres, Watchdog se propose de terminer la saison estivale avec un événement de style barcamp dédié exclusivement à la transparence. Nous espérons que le Réseau Technologie pour la Transparence amènera une coopération renforcée au-delà des barrières géographiques et linguistiques pour encourager la mise en commun des compétences et des idées.
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Thank you for the translation!